1. (Le Seigneur 🙂 « Et lorsque tu dis, Mathaël, qu’en fin de compte la faute en revient à Moi-même si, à la longue, les hommes en sont venus à une existence si totalement pervertie, qui doit à l’évidence les mener à leur perte, Je récuse également cela et te dis : des âmes comme celles de ces Noirs n’ont pas encore été appelées jusqu’ici à la filiation divine, et pour faire ce qu’ils sont capables de faire, il leur a suffi de préserver une perfection essentiellement stéréotypée de leur âme ; car cette perfection ne doit pas être considérée comme le résultat de l’excellence de leur évolution personnelle, mais elle leur a été donnée tout comme la noirceur de leur peau. Mais lorsqu’ils voudront eux aussi accéder à la filiation divine, tout cela ne leur sera plus donné, mais seulement la doctrine.
2. Lorsque, suivant celle-ci, ils se détermineront eux-mêmes et qu’ils chercheront à atteindre par leurs propres forces la perfection de l’âme et à éveiller ainsi en eux Mon esprit d’amour, ils deviendront alors semblables à vous : mais tant que la perfection de leur âme leur sera pour les deux tiers donnée et seulement pour un tiers acquise, ils ne pourront jamais éveiller l’esprit en eux et demeureront dans l’au-delà ce qu’ils sont ici : de très bonnes âmes accomplies, mais demeurant dans une félicité plutôt mécanique dont les limites doivent être fixées comme une nécessité, et à qui il ne sera jamais possible de penser autrement.
3. Quand ce qui précède est donné, ce qui suit et s’ensuit ne peut assurément être acquis librement de soi-même : car celui qui t’a donné une tête t’a assurément donné avec elle des mains, un corps et des pieds ! Ou crois-tu par hasard que ceux-ci soient d’eux-mêmes nés de ta tête ?
4. Mais il en va bien différemment d’une âme qui se détermine par elle même et s’éduque elle-même selon la parole divine ! Ce que cette âme possède est sa pleine propriété, et elle peut avec cela s’édifier mille cieux et davantage : car elle dispose désormais de sa propre substance, de sa propre matière, et aussi, grâce à l’esprit d’amour éveillé en elle, de la force parfaitement divine qui lui permet de faire cela et d’être en toute chose aussi parfaite qu’est parfait le Père céleste ! Mais poursuivons.
5. Une âme comme celle dont ces Noirs disposent en toute confiance n’a pas grand-chose à faire dans l’au-delà car ce qu’elle a lui est acquis et lui demeure. Elle ne ressentira jamais d’elle-même une exigence supérieure, et elle est aussi parfaitement heureuse qu’une abeille qui a trouvé une fleur au calice rempli de nectar, mais n’éprouvera jamais aucun besoin au-delà de ce nectar. Quand l’abeille a ce qu’elle cherchait, elle a tout, et tous les autres trésors de l’infini ne lui sont rien.
6. Mais il en va bien autrement d’une âme qui s’accomplit par elle-même ! Pour qu’elle puisse y parvenir, il a bien fallu que soient pleinement mis à sa disposition tous les moyens qui, lorsqu’elle les utilisera, la mèneront nécessairement et immanquablement à l’accomplissement : mais ces moyens indispensables ne sont jamais imposés à l’âme librement appelée à la filiation divine, ils sont seulement mis devant elle, comme les matériaux nécessaires à la construction d’une maison sont présentés à l’architecte avisé. L’architecte en fait librement l’usage qu’il juge bon et bâtit ainsi une maison à son idée et à son goût, et la maison bâtie est entièrement son œuvre et en aucun cas celle de la personne qui a mis les matériaux à sa disposition. Mais si, disposant des meilleurs matériaux pour te construire une belle demeure, tu ne la construis pas toi-même, mais t’en rapportes à un architecte, pourras-tu également dire “Regardez, cette belle maison si bien conçue est mon œuvre ?!” Non, assurément ; car la maison sera toujours l’œuvre de celui qui l’a bâtie à sa guise et selon son jugement !
7. C’est en ce sens, vois-tu, que les âmes accomplies de ces Noirs ne sont pas leur œuvre ! Elles sont certes fort bien faites, mais ils n’y ont que peu contribué. Et c’est parce qu’il en est ainsi et non autrement qu’ils ne peuvent pas encore accéder à la filiation divine ; mais s’il était donné à quelques-uns d’entre eux d’y accéder, alors leurs âmes commenceraient aussitôt à sembler moins parfaites. Mais puisqu’il ne faut donner à une âme appelée à la filiation divine que les matériaux nécessaires pour qu’elle se construise elle-même, ainsi que l’enseignement qui convient à cet effet, c’est sans doute suffisamment montrer que l’on ne peut en faire davantage pour une âme, y compris ici-bas, si elle doit conserver son identité. Si corrompue que soit une âme, Ma toute-puissance ne devra pas pour autant s’en emparer, mais seulement lui proposer les matériaux qu’elle sera capable d’utiliser : et elle ne devra pas non plus être chargée d’un poids qui dépasse ses forces. » GEJ4 C245

