1. Je dis : « Ah, Mon très cher ami, il Me sera bien difficile de donner raison à quelqu’un, de toi ou de tes compagnons dont l’avis diffère un peu du tien ! Imagine un pieu mal planté en terre : pour qu’il tienne mieux, il faudrait l’enfoncer plus profondément par quelques coups de masse. Surviennent alors deux charpentiers peu habiles, encore novices dans leur art.
L’un deux, s’estimant plus adroit, dit à son compagnon : “Frère, nous sommes certes aussi adroits l’un que l’autre, mais donne-moi tout de même la masse, afin que je frappe le premier coup, car je m’y entends à viser pour enfoncer les clous. — Soit, dit le second, voyons comme tu vises bien.” Là-dessus, le premier prend la masse et frappe un grand coup.
Il touche bien le pieu, mais ne fait qu’en frôler le côté gauche, ce qui ne contribue en rien à le consolider. Son collègue se met alors à rire et dit : “Rends-moi la masse, car si c’est ainsi que tu frappes sa tête, ce pieu ne tiendra jamais mieux dans le sein de la chère mère Terre !”
Celui qui n’avait pas réussi dit : “Tiens, prends et tente ta chance !” L’autre frappe à son tour plus fort encore, mais, sans toucher davantage la tête du pieu, il en frôle le côté droit. Ils commencent alors à se quereller pour savoir lequel des deux a frappé le meilleur coup.
On conçoit qu’il ne leur est pas facile de se mettre d’accord ; car une telle querelle ne peut prendre fin que lorsqu’un plus fort et plus expérimenté survient et montre aux deux adversaires la bonne manière d’enfoncer le pieu.
Les deux autres y parviendront alors à leur tour ; mais, sans le troisième, ils auraient pu se quereller longtemps encore sans pouvoir décider lequel des deux avait le mieux frappé, et si le coup rasant valait mieux à gauche qu’à droite.
2. Vois-tu, il en va de même pour votre dispute, et il faut que Je sois le troisième qui mettra fin à la discussion en enfonçant le pieu devant vous, sans quoi cela pourrait finir par une querelle sanglante, tout cela pour savoir s’il vaut mieux manquer son coup en frappant à gauche plutôt qu’à droite !
3. Ainsi, ni toi ni tes compagnons n’avez trouvé la vérité à propos de ce miracle et de la question de savoir si un homme spirituellement parfait pourrait lui aussi l’accomplir, mais vous n’avez fait tout juste qu’effleurer cette vérité d’un côté et de l’autre !
4. À n’en pas douter, J’enfoncerai ce clou en frappant en plein sur sa tête(*) ; mais avant que Je fasse cela pour vous, tu dois aller trouver tes compagnons et leur dire qu’aucun des deux partis n’a raison, et que chacun n’a fait qu’effleurer à peine la vérité d’un côté et de l’autre.
Vous devez d’abord régler votre différend en admettant que, dans cette affaire, vous ne savez ni ne comprenez rien. Alors seulement, tu reviendras, et Je t’apprendrai ce qu’il faut penser de cette question et ce qu’il est bon d’en connaître. »
(*) En allemand, den Nagel auf den Kopftreffen signifie « toucher juste », « mettre dans le mille » (et non, littéralement, « enfoncer le clou » au sens d’« insister »), d’où toute cette parabole. (N.d.T.)
5. Là-dessus, le chef noir retourne à ses compagnons et leur répète cela. Et ils lui disent fort sagement : « II est fort bon que le Seigneur Lui-même nous ait donné cet avis ; car il vaut non seulement pour le présent, mais pour tous les temps à venir.
Combien de fois n’est-il pas arrivé que l’un d’entre nous juge une chose d’une manière, un second d’une autre manière et un troisième autrement encore ?
Et qui, des trois, avait jugé selon l’entière vérité ? Aucun n’avait frappé le clou sur la tête, peut-être ne l’avaient-ils même souvent qu’à peine effleuré !
À la fin, il fallait réunir un grand conseil pour décider à la majorité des voix qui avait raison dans son jugement de telle question ou de telle action ; et il n’était sans doute pas rare que ce fût précisément celui qui était tombé le plus loin qui se voyait donner raison par la majorité !
Si quelqu’un nous avait donné alors un aussi sage avis, que d’inutiles disputes eussent été évitées ! Mais, n’ayant pas reçu ce conseil sacré, nous passions beaucoup de temps à nous quereller pour la simple raison que chacun d’entre nous voulait être le plus sage.
6. Pourtant, cela avait tout de même du bon ; car ces perpétuelles querelles enflammaient toujours plus notre soif d’une vérité pure. Sans elle, Oubratou-vishar, nous ne t’aurions sans doute jamais choisi pour notre guide ; et sans toi, nous ne serions jamais allés jusqu’à Memphis, donc encore bien moins jusqu’en ce lieu où nous avons pu entendre aujourd’hui la vérité la plus pure de toutes, de la bouche même de Celui qui est la cause éternelle de toute vie, de toute existence et de toute chose.
Aussi, va maintenant Lui faire part de notre profonde gratitude pour le très sage avis divin qu’il nous a donné à tous, et auquel nous resterons fidèles en toute vérité dans nos actes, de génération en génération ! Plus jamais de discorde entre nous, car nous sommes à l’évidence frères ! » GEJ5 CH12 untitled (retour-du-christ.fr)