L’onction de Béthanie

1. Là-dessus, M’adressant de nouveau au Romain Marc, Je lui demandai s’il avait compris lui aussi.

2. Marc répondit : « Si j’ai compris ! Cependant, je suis toujours occupé de cette Lune qui serait une sorte de pénitencier pour les hommes trop avides du monde.

Tu nous as promis de nous dire et de nous montrer encore quelque chose à ce sujet : aussi, nous T’en prions, tiens cette promesse que Tu nous as faite. »

3. Je dis : « Je le ferai, car tout ce que Je promets s’accomplit : mais il n’en est pas encore temps. Il fait jour et le soleil n’est pas encore couché : attendons que la nuit vienne avec les étoiles, car elle se prêtera mieux à cette explication que le grand jour, où vos yeux sont encore troublés par les images de cette terre.

Pour l’heure, nous trouverons bien un autre sujet de conversation en attendant le soir : et, à la tombée du soir, nous rendrons visite aux Pharisiens et docteurs de la loi que vous savez et échangerons quelques mots avec eux. »

4. Le Romain Marc étant satisfait, nous prîmes encore un peu de pain et de vin.

5. Nous nous reposions ainsi depuis une demi-heure environ lorsqu’un serviteur de Lazare entra dans la salle et vint nous dire qu’une très belle jeune femme, qui venait d’arriver avec deux serviteurs, souhaitait ardemment voir le Seigneur et Lui parler. Fallait-il la faire entrer, ou lui indiquer un autre appartement ?

6. Je dis : « Je connais cette femme laissez-la donc entrer. »

7. Le serviteur s’en fut. Lazare et les disciples Me demandèrent qui était cette femme.

8. Je leur répondis : « Vous connaissez Marie de Magdalon, cette fille qui, tôt ce matin, était déjà avec nous à l’auberge du mont des Oliviers.

Elle est allée en hâte chez elle mettre ses affaires en ordre avant d’accourir ici ; aussi, que nul ne se scandalise de sa venue ! »

9. À peine avais-Je prononcé ces paroles que la jeune fille, bien vêtue et parée, entrait dans la salle. Tombant aussitôt à Mes pieds, elle ouvrit une boîte en or remplie d’un précieux onguent de nard dont elle M’oignit les pieds,

car c’était un très vieil usage chez les Juifs distingués, lorsqu’ils voulaient honorer tout particulièrement un descendant d’une maison royale, que d’oindre ses pieds d’huile de nard.

10. Or, voyant cela, Mes disciples se mirent à parler entre eux : « Cette femme est-elle devenue folle ?

Cet onguent aurait pu être vendu près de deux cents deniers, que l’on aurait pu distribuer aux pauvres – et puis, le Seigneur n’a pas besoin de ces marques honorifiques terrestres ! »

11. Regardant les disciples qui murmuraient, Je leur dis : « De quoi vous souciez vous et vous scandalisez-vous encore ?! Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais Moi, vous ne M’aurez pas toujours comme à présent.

Cette femme a bien agi envers Moi, et, là où Mon évangile sera prêché, cette femme et cet événement seront mentionnés !

Je suis depuis longtemps parmi vous, et vous ne M’avez encore jamais offert une cruche d’eau pure pour laver Mes pieds : et cette femme qui, ce matin, a déjà lavé Mes pieds de ses larmes, est revenue pour les oindre.

Comment cela peut-il vous scandaliser ? Puisqu’il est écrit que Je suis un fils de David, cela Me donne assurément le droit de recevoir cet honneur royal ! »

12. Nul n’osa plus répondre à ces paroles, et tous louèrent l’acte de cette femme.

13. Cependant, la femme s’était levée et voulait partir.

14. Mais Je lui dis : « Reste auprès de Moi, car toi aussi, tu devras désormais témoigner de Mes actes et de Ma miséricorde ! »

15. Remplie de joie, elle resta, et Lazare la servit très aimablement, sans oublier les serviteurs de cette femme. Puis nous continuâmes à converser presque jusqu’au soir, et, en cette occasion, la femme nous conta fidèlement nombre de choses qu’elle avait vécues.

16. Comme elle nous contait ainsi sa vie depuis près d’une heure avec la plus grande modestie (*), quelques-uns des Pharisiens convertis déclarèrent que maintes choses que contait cette femme ne convenaient guère à cette noble compagnie ;

en vérité, ils ne faisaient cette remarque que parce qu’il entrait dans ce récit très fidèle bien des choses qui les touchaient eux-mêmes de fort près.

(*) C’est-à-dire d’une manière décente et pudique. (N.d.T.)

17. Mais, avant loué la franchise et la loyauté de la femme, Je dis aux Pharisiens et docteurs de la loi : « Mes amis, vous êtes à présent un peu agités ; mais ne soyez pas fâchés que J’aie mis au jour, par la bouche de cette femme, bien des choses dont votre chair porte aussi la culpabilité pour une bonne part !

Et si les paroles de cette femme, qui n’a nommé personne, troublent déjà votre âme, que n’êtes-vous donc troublés aussi par Mon omniscience ?

Je vous le dis : dans l’au-delà du royaume des esprits, on criera très haut sur les toits ce que vous cherchez tant à cacher en ce monde : c’est pourquoi il vaut mieux supporter un petit jugement et une petite humiliation pendant que vous êtes encore de ce monde, plutôt que d’être mis à nu devant tous les anges du ciel.

18. Qui veut sur cette terre paraître meilleur qu’il n’est en vérité, a encore en lui l’esprit d’hypocrisie, et avec cela, on ne peut guère entrer au royaume de Dieu. Mais celui qui veut exister un jour devant Moi doit dès ce monde se montrer tel qu’il est, et, s’il s’amende dans sa conduite, il n’aura plus à subir d’autre jugement devant Moi et Mes anges.

19. Voyez cette femme : en vérité, elle a beaucoup péché : mais, parce que son cœur est ouvert et qu’elle a accompli beaucoup d’œuvres par amour du prochain, il lui est aussi beaucoup pardonné à présent, et elle M’est plus chère que bien des justes qui n’ont jamais péché. Car ce n’est pas pour les justes que Je suis venu en ce monde, mais pour les pécheurs repentants, de même qu’un médecin ne va que chez ceux qui ont besoin de lui, et non chez les bien portants qui n’ont pas besoin de médecin. »

20. N’ayant rien à répondre à cela, les Pharisiens et docteurs de la loi qui s’étaient un peu fâchés se le tinrent pour dit.

21. Alors, la femme Me supplia d’être indulgent envers eux, disant qu’elle s’efforcerait de tout son zèle de réparer tous les péchés qui avaient pu se commettre à travers elle.

22. Mais Je lui dis avec amitié : « Tu as bien peu à réparer, mais d’autres auraient beaucoup à réparer envers toi !

 C’est pourquoi Je te dis : pardonne à tous ceux qui ont péché envers toi comme Je t’ai pardonné, et alors, Je leur pardonnerai Moi aussi leurs péchés envers toi, et à présent, bois et mange, afin de te fortifier. »

 23. La fille dit : « Ô Seigneur, Tu es à Toi seul pour moi le meilleur des pains, le plus puissant et le plus doux des vins célestes : Toi seul es le vrai fortifiant de mon âme et de mon corps ; sois-moi toujours indulgent et miséricordieux, et n’abandonne pas la pauvre pécheresse que je suis ! »

24. Je lui dis : « Ma chère fille, ce n’est pas ta chair qui t’a inspiré ces paroles, mais l’esprit d’amour qui est au cœur de ton âme !

25. Oui, Je suis le vrai pain des cieux et aussi le vrai vin : qui mange de ce pain et boit de ce vin ne connaîtra jamais la faim ni la soif ; qui Me goûtera en esprit et en vérité ne verra ni ne sentira jamais la mort et n’en connaîtra pas le goût.

C’est pourquoi tu peux aussi maintenant manger et boire corporellement ce pain et ce vin terrestres. »

26. Alors seulement, la jeune fille prit du pain et en mangea, et but aussi un peu de vin. GEJ8 CH80  Chapitre premier (retour-du-christ.fr)

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