De l’existence de l’âme humaine avant et après la vie terrestre

1. Hiram dit : « Ami infiniment estimable, pour te comprendre, il faudrait vraiment un peu plus que la logique rigoureuse et fort limitée d’un cynique(*) !

(*) Au sens propre d’adepte de cette école philosophique grecque, dont le représentant le plus connu est Diogène, et qui prônait le mépris de toutes les conventions sociales et le renoncement aux biens de la civilisation. (N.d.T.) 

Votre singulière apparition, que nous ne pouvions soupçonner, nous met en tête d’étranges idées, et je commence presque à sentir qu’il pourrait bien y avoir en l’homme un être supérieur à l’idée fort limitée que nous nous faisions de l’être humain.

Et je suis fort tenté de croire que cet être supérieur qui serait en l’homme devrait exister aussi bien avant qu’après sa vie physique ! Car tu ne pouvais guère être déjà en ce monde quand j’ai fait ce voyage en Égypte !

2. Il faut donc que l’esprit qui est en toi ait existé bien avant toi, pour qu’il ait pu être le témoin invisible de tous mes actes, qui peut-être, pour des raisons inconnues de moi, le regardent de près. Je ne conçois pas, autrement, comment tu peux avoir une connaissance aussi parfaite de toute mon existence !

Bien sûr, tu dois connaître la vie d’Aziona aussi bien que la mienne. Mais cela ne change rien à l’affaire : quand tu étais encore un pur esprit, tu as pu poser ton regard spirituel clairvoyant aussi bien sur lui que sur moi !

Il ne m’est donc plus guère possible de mettre en doute la préexistence de ton esprit, ni sa coexistence avec ton corps ; mais qu’en est-il de son éventuelle survie ? Jusqu’à présent, il me semble que, sur ce point, on se casse le nez sur une porte fermée ! »

3. Jean dit : « Encore bien moins que pour la préexistence ! Celle-ci a sans doute un sens, mais on n’y trouve pas cette vraie liberté de l’individu après la vie terrestre ;

car c’est précisément afin que l’être spirituel ne demeure pas indéfiniment cet être strictement lié à l’esprit créateur du Dieu infini et éternel que Dieu Lui-même a disposé la matière entre Lui et l’esprit destiné à devenir homme,

afin que l’esprit homme d’origine divine puisse devenir un être autonome à l’instar de Dieu,

et pour cela se fabrique, à partir d’éléments plus animiques et éthériques, un être à sa ressemblance, lui donne une âme substantielle, bien que faite elle aussi d’intelligence spirituelle, et continue ensuite de développer insensiblement en celle-ci la plus grande liberté possible de la volonté.

Et quand cette âme a grandi dans la connaissance du bien et dans l’activité qui en résulte au point d’être devenue semblable à son esprit divin d’origine — principalement par la vraie connaissance de l’unique vrai Dieu éternel et par l’amour de Dieu et l’amour du prochain qui en résulte — et au point d’être désormais toute humilité, patience et modestie, c’est alors que s’opère une union de l’âme avec son esprit qui durera éternellement.

4. Mais il en résulte alors la chose suivante : l’âme, issue de la matière, devient à son tour tout esprit ; l’esprit, lui, devient âme dans l’âme, donc un être éternellement libre et autonome, agissant par lui-même en toute liberté à l’instar de Dieu, et doté de toutes les qualités propres à l’éternel Créateur.

5. Il n’est pas besoin d’autres explications pour comprendre que, de ce moment, le corps n’a et ne peut plus rien avoir à faire là !

Car les aliments qu’un homme absorbe chaque jour constituent certes pour un temps un corps nourricier temporaire d’où le corps déjà plus raffiné, et de là également l’âme, tirent la substance spécifique nécessaire à leur alimentation et à leur constitution.

Mais quand le corps nourricier temporaire a accompli sa tâche, il devient inutile pour la suite et est éliminé par le corps plus noble, encore étroitement uni à l’âme. Car si cette part de matière grossière demeurait dans le corps plus noble, déjà en affinité avec l’âme, il est clair qu’il entraînerait inévitablement la mort de ce corps plus pur.

6. Mais une fois que l’âme s’est dûment constituée dans le corps, c’est-à-dire tant en ce qui concerne sa forme que ses facultés autonomes de connaissance, d’amour, de volonté et d’action, deux cas peuvent se présenter :

soit l’âme est déjà tout à fait mûre pour son esprit divin, c’est-à-dire déjà toute spirituelle, soit, bien qu’étant déjà par elle-même constituée en être spirituel et pour ainsi dire consistante, l’élément spirituel est encore fort douteux en elle,

et, avec sa grande et nécessaire liberté de choix, elle se montre bien plus encline à retourner à la matière qu’à s’envoler librement vers son élément spirituel ; mais dans les deux cas, elle sera séparée de son corps.

7. Dans le premier cas, qui est bien sûr le plus heureux, l’esprit-homme divin a déjà atteint son but en elle et n’aura donc plus jamais besoin d’un autre véhicule matériel, puisque celui-ci lui a déjà permis d’atteindre parfaitement ce but pour l’éternité.

Dans le deuxième cas, l’esprit, qui voit et perçoit tout, remarque qu’avec le temps, l’âme qu’il s’était créée et forgée à partir de la matière recommence à aspirer à l’élément d’où elle est issue à proprement parler ;

alors, bien que cela lui cause les plus grandes souffrances, cet esprit divin originel arrache cette âme de son corps et la forme dans l’au-delà, donc au royaume des âmes, mais toujours aussi insensiblement que possible ; car pour lui, il serait pire de se constituer une âme asservie et jugée que de n’en avoir aucune.

8. Il faut cependant mentionner ici, et retenez bien cette remarque, que former une âme seulement dans l’au-delà nécessite tout d’abord bien plus de temps, sans que cette âme n’atteigne jamais pour autant ce degré suprême de perfection qui est possible lorsqu’elle se développe en ce monde, étant encore dans le corps ;

car dans ce cas, la partie la plus noble du corps est elle aussi sanctifiée, et presque toute la chair accède, avec l’âme unie à l’esprit, à une sorte de transfiguration et à une résurrection immédiate, constituant alors avec l’âme et l’esprit un être éternel pleinement unifié.

 9. Si quelque chose te semble encore difficile à comprendre, tu as tout loisir à présent de me poser d’autres questions. Tu n’as qu’à parler, toi ou ton ami Aziona. Réfléchissez et parlez, et je vous donnerai à nouveau une juste réponse. » GEJ5 CH184  untitled (retour-du-christ.fr)

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