Hélène parle de la puissance des prêtres

1. Hélène dit : « J’ai fort bien compris ce que tu as dit avec tant de vérité ; la seule chose que je ne peux comprendre, c’est comment tu as acquis une telle sagesse ! »

2. Jarah dit : « Ne te soucie pas de cela ; car c’est l’affaire du Seigneur que de distribuer aux hommes selon leurs facultés les divers dons de Sa grâce et de les répandre parmi eux comme le semeur disperse le grain dans un champ labouré.

Si la semence tombe sur un bon sol, elle fructifie aisément et rapidement. Et ton cœur est lui aussi un bon champ, n’est-ce pas ? »

3. Hélène dit : « Il devrait l’être ; mais j’ai vécu trop longtemps dans un paganisme aveugle qui continue de résonner en moi comme une note mal accordée d’une harpe éolienne !

Certes, je connais la vérité désormais, et elle est devenue ma vie ; mais songe au grand peuple de mon pays, encore rivé au paganisme et à ses idoles !

Que ne nous faudra-t-il d’efforts pour apporter à ce peuple une nouvelle lumière et l’arracher à sa vieille superstition ! Si nous ne sommes pas très fermement soutenus en cela par la toute-puissante volonté du Seigneur, nous ne pourrons rien faire, ou bien peu de chose ! »

4. Jarah dit : « Mais n’étais-tu pas toi-même, ainsi que ton père, une païenne, et pourtant, il ne t’a pas fallu tant de peine ni d’efforts pour t’amener à la pure vérité ! »

5. Hélène dit : « Il est vrai que je ne puis rivaliser avec ta sagesse pour ce qui est des choses purement spirituelles ; mais il y a en ce monde bien des circonstances, surtout dans ce qui touche aux différentes religions humaines, qu’il est beaucoup plus difficile d’écarter que les erreurs mêmes d’une doctrine erronée.

6. D’abord, l’on a affaire à la prêtrise, qui a institué sa doctrine divine en sorte qu’elle lui rapporte le plus possible et lui permette de subsister au mieux.

De plus, les temples ont besoin d’une foule de choses et occupent constamment un grand nombre d’artistes, d’artisans et autres serviteurs et domestiques.

Tous ces gens vivent des temples, et perdent leur salaire et leur pain si les temples cessent d’exister. Ne vont-ils pas pousser les hauts cris ?!

7. Si l’on pouvait donner à ces gens quelque autre revenu, la chose serait peut-être plus aisée ; mais comment, dans un royaume qui n’est pas si grand, trouver rapidement un nouveau gagne-pain pour des milliers, et où trouver de quoi nourrir tant de gens ?

Nous ne serions certes guère embarrassés s’il s’agissait de quelques jours ; mais pour des années ! À qui prendre sans cesser d’être bon et équitable ?

8. De plus, la prêtrise jouit toujours auprès du peuple du plus grand crédit et de la plus haute considération ; les prêtres malveillants n’ont qu’à dire au peuple que nous sommes maudits des dieux, et l’on verra si nous quittons le pays sains et saufs ! —

Ce sont là, amie, des choses qui doivent nous donner à réfléchir ! Comme je l’ai dit, seul le secours miraculeux du Seigneur peut y porter remède !

9. Il sera difficile, dans ce pays des Juifs, de répandre la très pure lumière venue des cieux, parce que les prêtres ont déjà bien trop farci l’ancienne doctrine mosaïque d’altérations et de tromperies qui les ont enrichis et leur font aujourd’hui la vie bien trop belle.

En même temps, la prêtrise a toujours su faire cause commune avec l’autorité et se rendre indispensable à celle-ci pour toutes sortes de raisons politiques.

10. C’est ainsi que les souverains accordent aux prêtres trop de libertés et de privilèges grâce auxquels, par toutes sortes de faux-semblants,

ceux-ci gagnent entièrement à leur cause un peuple aveugle, et les souverains doivent finalement faire contre mauvaise fortune bon cœur s’ils ne veulent pas se perdre tout à fait.

Dans ces conditions, il devient difficile de régner sur un peuple. L’on doit même s’estimer heureux de pouvoir encore jouer les maîtres, quand en réalité on ne l’est déjà plus depuis longtemps.

11. Crois-moi, les vrais maîtres du peuple et des peuples sont de loin les prêtres, et les empereurs, les rois et les princes ne sont que leurs obligés secrètement fort mécontents, dont beaucoup, s’ils le pouvaient, changeraient et réformeraient bien des choses, et mettraient au rencart tous ces serviteurs de Dieu trop bien nourris !

Mais cela leur est impossible, et par des moyens humains moins que tout. Ah, quand j’y pense, cela me fait véritablement dresser les cheveux sur la tête !

Comprends-tu bien toutes ces difficultés ? »

12. Jarah dit : « Assurément, et je sais aussi que Rome ne s’est pas faite en un jour ; mais il faut également bien considérer que quantité de choses ne nous sont pas possibles, à nous les hommes, qui le deviennent tout à fait au nom de Dieu et avec Son aide !

13. Aussi, fais ce que tu peux et laisse tout le reste au Seigneur, et tout finira par atteindre le but souhaitable !

14. Et puis, tu as Mathaël, que le Seigneur a pourvu de beaucoup de sagesse et de force, ainsi crue ses compagnons presque aussi sages et puissants que lui ; à eux tous, ils feront à la longue bien des choses, et tu peux être tout à fait tranquille !

15. Et quand Mathaël se mettra à instruire ton pays comme il a fait de toi, il ne devrait pas lui être trop difficile de gagner à sa cause en premier lieu les prêtres eux-mêmes, qu’il pourra alors investir de cette nouvelle fonction ;

et ceux-ci sauront bien faire le reste auprès du peuple. Quant aux artistes et aux artisans, ils pourront bien eux aussi être utilisés à d’autres fins par les prêtres convertis !

16. Mais si, très chère amie, tu voulais dès ton retour renverser d’un seul coup tout l’ancien, si grandes que soient ses erreurs, il est facile de comprendre que les efforts ne seraient guère récompensés.

17. La vraie sagesse inspirée par Dieu doit aussi savoir trouver partout les bons moyens ; si elle ne sait pas faire cela, c’est qu’elle est encore loin d’être une vraie sagesse divine.

Ce qui est possible avec un homme doit l’être aussi avec des milliers, mais il y faut naturellement plus de temps et de patience ; cependant, avec le temps et les moyens appropriés, tout peut arriver.

On n’abat pas un arbre d’un seul coup de hache, et on ne remplit pas une fontaine au premier seau. Il en va de même en toute chose ; avec la bonne volonté, le temps et les bons moyens, on peut déplacer des montagnes et assécher une mer !

18. Rien n’est impossible à Dieu ; là où Il apporte Son aide spirituelle et matérielle, tout arrive ! Ainsi, sois désormais tout à fait consolée et fie-toi entièrement au Seigneur, et tout se passera bien mieux que tu ne l’imagines ! —

N’ai-je pas raison, cher Mathaël ? » GEJ3 CH124 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *