Dialogue du médecin et de l’aubergiste à propos du Seigneur

1. Quand nous fûmes installés pour la nuit, le publicain, son fils, ses autres enfants et ses épouses — car, selon la coutume orientale, il en avait sept — nous laissèrent aussitôt, de même que ses nombreux fonctionnaires et autres serviteurs, et nous dormîmes bientôt tout à notre aise, car nous étions bien las de notre long voyage.

Mais les gens de la maison veillèrent longtemps encore dans d’autres pièces, parlant beaucoup de notre venue dans leur petite ville.

2. Finalement, le jeune médecin qui était resté dit au publicain : « Ami, celui qui pourrait acquérir cette maîtrise de la vie aurait bientôt tout l’argent de la terre ! Bien des rois offriraient la moitié de leur royaume en échange d’une vie ainsi garantie ! Ah, les choses qui peuvent survenir sur cette bonne terre !

3. Il n’y a pas si longtemps, quelques mages venus d’Égypte ont eu l’occasion, en passant par notre ville sur le chemin de Melite, de nous surprendre par leur magie singulière. Mais tous leurs tours n’étaient à l’évidence que de faux miracles, et ne profitaient à personne qu’à eux-mêmes.

 Il est vrai que le divertissement n’était pas mauvais ; mais on n’y apprenait rien d’utile. Et puis, ils avaient avec eux tout un appareil, des serpents, des singes et des chiens, des chameaux et des mules, des vases remplis d’huiles et d’onguents.

Mais ceux-ci sont venus à pied, sans rien apporter, et pourtant, ce qu’ils ont fait pourrait véritablement les faire prendre pour des dieux ! Après cela, il ne peut rien arriver de plus grand !

4. Or, ce qu’ils nous ont enseigné était fort bon aussi, et à la mesure de la cause qu’ils défendent ; mais le vieux judaïsme y transparaissait assez fort, de même que les principes et préceptes, que je n’ignore pas, des anciennes écoles prophétiques juives, d’où seraient cependant sortis des hommes d’une sagesse tout à fait extraordinaire, appelés prophètes.

Quant à savoir si l’on peut vraiment, même en observant aussi strictement que possible les règles qui nous ont été brièvement exposées, atteindre à cette merveilleuse maîtrise de la vie, ce sera sans doute bien autre chose !

5. Aimer en quelque sorte par-dessus tout et de toutes ses forces un Dieu unique doit être bien difficile, parce qu’un homme à l’esprit posé a déjà peine à croire qu’un tel Dieu existe vraiment de façon certaine.

La démonstration qu’il nous propose de l’existence d’un vrai Dieu unique est fort bonne et agréable à entendre ; mais l’apprenti, lui, devrait s’être exercé avec zèle depuis le berceau, et sous la conduite constante d’un théosophe expérimenté,

sans quoi je ne vois guère comment il est possible, par ce moyen, de jamais parvenir à connaître vraiment qu’il existe un unique vrai Dieu.

6. Quoi qu’il en soit, et abstraction faite de l’explication qu’il nous a donnée, ce grand thaumaturge est véritablement un phénomène extraordinaire !

D’abord rappeler un mort à la vie d’une simple parole, et tout à fait guéri par-dessus le marché, c’est là une chose jamais vue à ce degré de perfection —

ensuite, savoir dans les moindres détails ce qu’un homme pense au plus profond de lui-même, et appeler d’emblée par son nom quelqu’un qu’on n’avait jamais vu, ah, ami, aucune raison humaine ne peut le concevoir !

En vérité, j’ai beau ne pas faire grand cas des dieux et divinités, je serais fort tenté de prendre cet homme pour un dieu, bien plus que pour un homme ordinaire ! »

7. Le publicain dit : « Je suis bien de ton avis, et, en admettant cela, on doit approcher du but bien plus vite qu’en observant, si strictement que ce soit, les règles qu’il nous a données.

Du reste, il nous a fait entrevoir assez clairement, à deux ou trois reprises, qu’il y avait derrière lui un peu plus qu’un homme ordinaire de cette terre.

Ah, nous y verrons peut-être plus clair demain ! Cet homme semble fort honnête, et l’on a plaisir à parler avec lui. Nous apprendrons sans doute encore bien des choses avec lui.

Mais pour l’heure, allons-nous coucher nous aussi, car nous aurons beaucoup à faire demain. »

8. Peu à peu, tous allèrent se coucher, et ils dormirent profondément jusqu’au lever du soleil.

GEJ6 CH89  untitled (retour-du-christ.fr)

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