1. Je lui répondis : « J’en dis seulement que si Je Me suis fait homme pour venir aux hommes de ce monde, c’est précisément afin de leur enseigner pour rien cet art insigne et essentiel, aussi vous l’enseignerai-Je pour rien, à vous aussi.
Et Je fais cela pour les hommes de nombreux pays, confirmant par des signes appropriés la vérité de Ma doctrine, comme en témoignent par la parole et par les actes ceux qui sont là avec Moi, et qui sont Mes disciples. Ils sont déjà bien instruits de ce mystère, et peuvent t’en montrer le chemin et les moyens d’y parvenir.
2. Celui qui accepte Mes paroles, y croit et s’y conforme résolument dans sa vie et ses actes ne manquera pas de découvrir le secret de la vie.
Il fera véritablement renaître en lui-même l’esprit vivant, et deviendra alors un maître de la vie pour lui-même, et par là également pour ses semblables, parce qu’il leur en montrera le chemin et, par sa propre maîtrise de la vie, leur prouvera les grands avantages d’une telle maîtrise.
3. Cependant, Je vous le dis aussi, nul ne deviendra un maître du jour au lendemain, et la seule connaissance, si pure soit-elle, des moyens d’accéder à cet art suprême de la vie, ne sera d’aucune utilité à un homme s’il ne les met pas pleinement en œuvre dans sa vie. En cela, seule compte la pratique, et la théorie en soi ne fait rien.
4. Il en va de même pour l’apprentissage de tous les arts. Par exemple, si tu voulais apprendre à jouer magistralement d’un instrument de musique, telle la très parfaite lyre des Grecs, ou la harpe des Juifs, encore plus harmonieuse, tu devrais à l’évidence te choisir un maître dans cet art.
Celui-ci commencerait par t’enseigner très précisément les règles indispensables pour apprendre à jouer de l’un de ces instruments, afin que tu saches exactement comment t’exercer afin de devenir toi-même, à la longue, un maître musicien.
Mais te suffirait-il de connaître, même avec la plus grande exactitude, toutes les règles et les méthodes, pour devenir un joueur de harpe ou de lyre ? Certainement pas !
Il te faudrait exercer avec zèle tes doigts et tes oreilles selon les règles connues de toi, et seule une longue et dure pratique pourrait finalement faire de toi un maître. Et c’est exactement ainsi que l’on acquiert l’art de la vie.
5. Ce n’est qu’en s’exerçant que l’on devient un maître, et le degré de plus ou moins grande perfection atteint dans cette maîtrise dépend très exactement de la plus ou moins grande pratique des règles apprises. Autant de pratique, autant de maîtrise !
Aussi, ne crois pas que la seule connaissance des règles de l’art de vivre te rendra capable d’accomplir quelque œuvre que ce soit, sans quoi cela suffirait aussi à lever le voile de ton Isis !
Je te le dis, cette seule connaissance ne te permettra même pas d’imaginer, fût-ce de très loin, que la pratique de ces règles puisse un jour lever pour toi le voile d’Isis !
Seule une pratique zélée et ininterrompue te convaincra toujours plus clairement que ces règles sont justes et vraies et qu’elles conduisent au but.
Et quand ta pratique t’aura enfin donné la maîtrise, c’est alors que le voile d’Isis se lèvera tout à fait en toi et devant toi. —
C’était là un préambule nécessaire avant de te donner peut-être ces règles dont l’exercice et la pratique peuvent mener l’homme à la véritable maîtrise de la vie. Qu’en penses-tu ? »
6. Le publicain dit : « Tout cela me semble d’une logique parfaite.
Que la seule connaissance des règles ne puisse faire d’un homme un maître, mais tout au plus un disciple, c’est là une vérité sans cesse confirmée par l’expérience ; pourtant, on gagne infiniment dès le moment où l’on connaît les moyens sûrs et indubitables d’atteindre un tel but.
Mais la suite est évidemment notre affaire. Au reste, il est parfaitement clair que le nouveau disciple ne pourra parvenir à la claire conscience du maître que lorsqu’il aura lui-même atteint cette maîtrise par une longue pratique ;
mais il y a encore une chose que mon entendement ne peut concevoir, c’est que, hors toi et avant toi, aucun homme n’ait encore jamais rien découvert de ces règles essentielles.
Ni l’ancienne Égypte, ni Canaan, ni la Grèce, ni Rome, ni la Perse, ni l’Inde n’ont jamais produit aucun sage capable de découvrir les véritables règles de cet art.
Tu es donc le seul à le connaître, non pour l’avoir appris, mais pour l’avoir à l’évidence toi-même créé ! —
Dis-moi, comment as-tu pu faire cela, toi, un homme ?!
7. Car tu possèdes dans toute sa mesure cette maîtrise de la vie, nous en avons ici la preuve la plus éloquente et la plus authentique. Mais, bien sûr, tu n’as pu y parvenir que par une longue pratique de règles qu’il t’a d’abord fallu découvrir toi-même.
C’est bien ce que j’ai le plus de peine à concevoir et à comprendre ; car, dans ma jeunesse, j’ai moi-même beaucoup parcouru le monde, cherchant à tout connaître.
Je sais fort bien ce que font les Esséniens avec leurs faux miracles, et je connais aussi les arts magiques et divinatoires, dont j’ai même souvent suivi les écoles ; mais ici, pas de comparses, pas de bâton magique, pas de langage mystérieux, ni potion magique ni formule pour conjurer les démons, mais seulement la vérité toute nue et sans apparat !
Tu parles et tu veux, et le résultat est là ! Ah, c’est une chose qui dépasse de très loin tout ce que je peux concevoir !
Il est assurément facile d’œuvrer une fois que l’on est devenu un maître ; mais devenir un maître, et surtout, sans avoir soi-même de maître, découvrir les règles nécessaires pour le devenir, c’est une autre affaire ! Dis-moi, comment donc y es-tu parvenu ? Qui donc t’a donné ces règles ? » GEJ6 CH86 untitled (retour-du-christ.fr)
