1. (Le Seigneur 🙂 « Joseph lui répondit : “Oh, j’ai pour toi un sujet tout prêt qui devrait aussi le faire revenir à nous ! Vous qui êtes initiés à tant de mystères, dites-moi donc quelle idée vous vous faites de la création du premier couple humain de cette terre ?”
2. Le grand conseiller répondit “Ami, c’est précisément sur ce point des plus douteux qu’il subsiste pour nous le plus de mystère en ce monde !
Il est impossible aux hommes d’en dire quoi que ce soit de certain, et plus on cherche parmi tous les peuples connus de la terre, plus on est dans l’incertitude. Ceux qui se jettent tout entiers dans la croyance à telle ou telle fable populaire sont encore ceux qui s’en tirent le mieux.
Car lorsqu’il est impossible de découvrir la vérité, on se trouve souvent bien plus heureux dans une fiction bien vivante que ceux qui sont éternellement en quête d’une vérité qui leur échappera toujours !
3. Les Perses ont une légende, les Indiens et vous, les Juifs, une autre, les Scythes une autre encore, de même nous, Romains et Grecs, de même les Égyptiens, et c’est encore autre chose chez les Germains, que je connais bien ! Ah, il y aurait sans doute beaucoup à dire, mais pour finir, on en serait toujours au même point !
4. Je suis donc d’avis de laisser tomber ce sujet qui ne mène vraiment à rien : car nous n’y verrons pas plus clair là-dedans que les astronomes ne savent ce que sont les astres du firmament.
5. À mon avis, s’il y a vraiment une vie supérieure plus accomplie après la mort du corps, lorsque nous y serons, nous appréhenderons à coup sûr des vérités supérieures,
mais, même si la mort du corps était aussi la fin de l’âme, nous n’aurions vraiment rien perdu à ne pas en savoir trop. Voilà, ami, ce que nous pensons, nous autres Romains d’expérience et hommes de bien !
6. Par ailleurs, s’il est assurément difficile de prouver que l’âme survit à la mort du corps, il l’est encore davantage de savoir avec quelque certitude si c’est un couple humain ou plusieurs qui ont été mis sur cette terre, en une fois ou à des époques diverses, et de quelle façon.
Seul un Dieu peut savoir cela, mais pas un homme à courte vue, et à la vie plus courte encore : car, dès que ses nombreuses expériences commencent à lui permettre de concevoir, peut-être, certaines vérités profondes, il faut déjà qu’il quitte ce monde !
Et c’est parce que je ne le sais que trop que j’ai tout à fait cessé de m’intéresser à ces sortes de recherches. Bref, la vie est bien mal faite sur cette terre pour les hommes qui pensent !
7. Si nous sommes appelés nous aussi à la filiation divine, seule une très faible partie des hommes pourront l’atteindre ! Pourquoi pas tous ? Pourquoi donc faut-il qu’un bon tiers des humains meurent ayant d’avoir atteint l’âge de la parole ?
Que peuvent-ils savoir de Dieu et de leur vocation dans l’au-delà, et comment pourront-ils s’élever à la ressemblance de Dieu par un bon usage de leur libre arbitre ?
8. C’est pourquoi je le dis et l’affirme : le sot le plus aveugle est mille fois plus heureux que le plus grand des sages, et nous serions bien plus raisonnables de nous entretenir d’autre chose que de ces considérations stériles ; car plus un homme sait et comprend de choses, plus il voit clairement qu’il ne sait finalement rien du tout. Aussi me passerai-je toujours volontiers de ces discussions ennuyeuses sur la vie. J’ai parlé ! “
9. Cyrénius lui répondit : “Oui, oui, tu as parfaitement raison, si l’on considère les choses selon notre raison naturelle ; mais…”
10. Le conseiller : “Il n’y a pas de mais ! Quelle autre raison avons-nous qu’une raison naturelle ?! Si celle-là ne suffit pas, où en trouverons-nous donc une surnaturelle ? Un homme n’a rien de plus proche que lui-même, et pourtant, il ne se connaît pas ; comment connaîtrait-il donc ce qui est loin de lui ?!
Ne me parlez donc plus de tout cela ! Soit la nature de l’homme, malgré lui et à son insu, est complètement pervertie et n’est donc bonne à rien de plus, soit il est condamné à éprouver son imperfection plus que n’importe quel animal, et donc aussi malheureux que possible.
Car je n’ai encore jamais vu de sage vraiment heureux. Plus un homme est sage, plus il est malheureux à la fin de ses jours, et il n’a plus dès lors de meilleur ami que la mort.
En vérité, c’est pour un Dieu tout-puissant et parfaitement sage une curieuse façon d’aimer que de créer sans cesse pour détruire tout aussitôt ! ” » GEJ7 CH216 untitled (retour-du-christ.fr)

