De la matière et de ses dangers

6. Si le corps est indispensable à l’âme pour atteindre la vie éternelle, il n’en est pas moins pour elle le plus grand des maux :

car, lorsqu’elle se laisse ensorceler par les nécessaires attraits de sa chair, qu’elle leur cède et s’y plonge tout entière, elle se soumet ainsi au jugement de son propre prince du mensonge et des ténèbres, et il sera bien difficile de l’en délivrer.

8. Or, les hommes savent de mieux en mieux arracher à la terre de splendides richesses afin de procurer à leur chair autant de bien-être, de confort et de plaisir que possible,

et c’est précisément en cela que l’activité du prince de l’enfer s’est grandement accrue, activité qui est elle-même le jugement éternel et donc la mort de la matière, et avec elle des âmes qui, pour les raisons que Je viens de dire, se sont laissé captiver par elle.

 9. Quelle toute-puissance, quelle sagesse peuvent lutter contre ce jugement et le vaincre pour l’éternité ? Je vous le dis à tous : il n’y a que la vérité que Je vous ai enseignée, et la force du plus grand renoncement à soi-même et de la vraie humilité du cœur !

 10. Si tu ne veux rien d’autre que ce que tu as reconnu comme vrai, si tu t’y conformes en toute vérité au lieu de feindre, comme font les gens du Temple et aussi beaucoup de païens, pour des raisons mondaines, alors, tu as vaincu en toi l’enfer tout entier et son prince.

Les mauvais esprits présents dans toute matière ne pourront plus rien contre toi, et, quand bien même ils viendraient en nombre infini de tout le grand homme de la Création pour t’affronter, ils devraient fuir devant toi comme la balle de blé et le sable du désert devant une violente tempête.

 11. Mais si les richesses terrestres te captivent au point que, pour mieux les posséder, tu sois capable de nier la vérité même que tu as reconnue, tu es déjà vaincu dans ton âme par la puissance de l’enfer et de son prince, qui a nom mensonge, ténèbres, jugement, perdition et mort.

  13. Si un maître de maison veut garder sa maison en bon ordre, il ne doit pas devenir familier avec sa domesticité ni s’accommoder de toutes ses faiblesses.

Car, s’il le faisait, il serait bientôt prisonnier d’une domesticité impertinente, et lorsqu’il voudrait dire à l’un ou à l’autre : “Fais ceci ou cela”, ces serviteurs sur qui il n’aurait plus d’autorité lui obéiraient-ils ? Oh, que non, ils se moqueraient de lui !

15. Et il en va ainsi de tout homme que ses parents et ses maîtres n’ont pas exhorté depuis son plus jeune âge à faire abnégation de lui-même dans toutes les passions charnelles, de peur qu’elles ne deviennent maîtresses de son âme !

Car une fois que les passions auront pris l’avantage sur l’âme, il sera bien difficile à celle-ci, devenue faible et sans volonté, de maîtriser tous les désirs et les convoitises de sa chair.

 16. Mais lorsqu’une âme est, dès sa jeunesse, guidée par les vérités d’une raison lucide et exercée à maîtriser toujours mieux sa chair et à ne lui autoriser que ce qui lui est naturellement dû selon Mon ordonnance,

de toute évidence, cette âme sera indifférente au monde avec ses richesses et ses attraits charnels,

et cette âme spirituelle et forte sera maîtresse non seulement des passions de son corps, mais aussi de toute la nature terrestre, donc de l’enfer et de son prince du mensonge et des ténèbres.

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