1. Cyrénius dit : « Oui, Seigneur et Maître en esprit de toute éternité ! Je n’ai désormais plus d’autre question sur ce sujet.
Mais il serait fort souhaitable que tout cela soit consigné mot pour mot ; car il y a là tout ce qu’il faut pour donner à un État la meilleure des constitutions. »
2. Je dis : « Raphaël va faire cela pour toi ; aussi, fais-lui apporter de quoi écrire ! »
3. Cyrénius ordonne aussitôt à ses serviteurs d’aller chercher de quoi écrire, et ceux-ci rapportent très vite une quantité convenable de rouleaux de parchemin vierge, ainsi que quelques tablettes de cuivre à graver.
Tout cela ayant été apporté, J’appelle Raphaël, et celui-ci arrive très vite à notre table et demande à Cyrénius s’il préfère qu’il écrive sur le parchemin ou sur les tablettes de cuivre.
4. Cyrénius dit : « La chose serait sans doute d’un usage plus commode sur le parchemin, mais elle serait mieux et plus durablement conservée pour la postérité sur les tablettes de cuivre ; cependant, une fois que j’en aurai un exemplaire sur le parchemin, je pourrai ensuite en faire faire une copie sur les tablettes. »
5. Raphaël dit : « Sais-tu, puisque transcrire la chose deux fois plutôt qu’une seule ne me coûte ni plus ni moins de peine et de travail, je vais écrire en même temps sur les rouleaux et sur les tablettes ! »
6. Les douze assis à la table voisine ouvrent de grands yeux et sont dès lors fort curieux de voir comment le jeune disciple va maintenant écrire des deux mains à la fois.
7. Suétal dit encore en aparté à Ribar : « Eh bien, je suis fort curieux de cette double écriture !
Le grand maître de Nazareth doit donc être aussi un fier maître d’école ; car je n’avais encore jamais entendu parler d’une telle façon d’écrire.
Mais avant qu’il ait écrit tout ce que vient de dire ce Grec véritablement d’une grande sagesse — et qui est sans doute un des plus anciens disciples du Nazaréen —, le soleil aura probablement pris congé ! »
8. Ribar dit : « Cela dépend beaucoup de la rapidité avec laquelle il est capable d’écrire ! Peut-être a-t-il là aussi quelque avantage magique dont nous ne savons rien, tout comme nous ne savons rien de la manière dont il a pu accomplir les précédents prodiges.
Nous les avons vus et éprouvés, mais comment et par quel moyen ils ont été réalisés, nous n’en avons certes pas la moindre idée !
Aussi ne devons-nous jamais émettre d’avance le moindre doute sur ce qu’entreprend cet être qui a déjà fait de si grandes choses sous nos yeux, tant que nous ne serons pas démentis par l’échec de quelqu’une de ses actions ! »
9. Suétal dit : « Oui, je suis bien de cet avis moi aussi, mais il s’agissait seulement de dire quelque chose ! »
10. Ribar dit : « Frère, il vaut vraiment mieux, ici, continuer de se taire et se contenter en revanche de regarder et d’écouter ! Vois, le jeune homme se dirige vers les rouleaux et les tablettes !
Soyons donc très attentifs ; car il va sans doute se mettre à écrire à l’instant ! »
11. Suétal se lève et observe attentivement le supposé jeune disciple pour voir comment il va écrire ; mais en y regardant de plus près, il s’aperçoit que les rouleaux comme les tablettes sont tous déjà couverts d’écriture !
Stupéfait au plus au point, il s’écrie à voix haute : « Oh, rien ne peut égaler ce miracle ! Nous attendions que le disciple commence sa double écriture, et voici qu’il a déjà terminé !
Ah, cela est décidément infiniment au-delà de toute conception humaine, et rien de comparable ne s’était jamais accompli ! »
12. À cette exclamation de Suétal, tous les douze sont maintenant debout, regardant les rouleaux déployés et les tablettes gravées en petits caractères,
et tous constatent par eux-mêmes que tant les rouleaux que les tablettes sont entièrement couverts d’une belle écriture parfaitement lisible, et ils se demandent muettement : « Comment pareille chose est-elle possible ? »
13. Cependant, Raphaël voit bien l’étonnement de ses compagnons de table, et il dit à Suétal : « Vois-tu, ce sont les huit poissons que j’ai mangés,
et que tu m’enviais quelque peu, qui font cela ; il faut bien accumuler quelque force si l’on veut mener à bonne fin pareille tâche ! — Ou serais-tu par hasard d’un autre avis ? »
14. Suétal dit : « Très cher et merveilleux ami, il te plaît de me taquiner un peu ; mais cela ne me fait plus rien, car je vois bien que tu disposes d’une prodigieuse dose d’omnipotence divine, et il n’y a pas à disputer avec toi !
Mais ce ne sont assurément pas les huit poissons qui t’ont donné cette omnipotence, et le grand maître divin de Nazareth a seul pu te la donner !
Aussi, désigne-le-nous bientôt de quelque manière ! Car notre cœur ne nous laisse désormais plus de paix, et il nous faut le voir et lui parler ! —
Car à présent, nous voulons nous aussi le voir et lui parler ! »
15. Raphaël dit : « Patientez encore un peu, le temps que je mette en ordre ces écrits, puis nous irons chercher où peut bien se cacher le grand maître pour les aveugles et les sourds ! »
Les douze se contentent de ces paroles et, pour le moment, ne demandent plus rien.
16. Cependant, Raphaël rassemble les rouleaux et, avec les tablettes, les remet en bon ordre à Cyrénius, qui, n’étant lui-même pas peu surpris, se met aussitôt à les parcourir et ne peut assez s’étonner de leur exactitude. GEJ3 CH73 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)


