Nouvelles explications de Zorel

1. La curiosité des femmes était grande, il est vrai ; mais Ma parole fut plus puissante, et toutes se rendirent aux tentes d’Ouran, où elles devaient attendre jusqu’à ce qu’on les rappelât.

 2. Quand la question des femmes fut ainsi arrangée, Jean dit à Zorel : « Eh bien, que fait maintenant ton arc tendu ?

Il me semble que tes nombreuses flèches acérées ont dû toutes se perdre dans les airs sans rien toucher. Pourtant, tu étais prêt tout à l’heure à affronter jusqu’à l’infinie sagesse de Dieu ! Parle maintenant, je te le demande, si tu as encore quelque chose à dire. »

3. Zorel dit enfin : « À quoi bon parler encore ? Tu sais déjà — les dieux seuls savent comment — tout ce que j’ai fait depuis le berceau ; pourquoi te raconterais je encore autre chose ? Je pourrais aussi parler pour me justifier encore, mais à quoi bon ?

J’ai agi selon ce que j’étais et suis encore en grande partie ; car je ne pouvais agir autrement que je n’étais fait intérieurement !

Qu’y peuvent le loup et le tigre s’ils sont des bêtes sauvages et féroces ? C’est là leur nature, et ils ne sont assurément pas foncièrement coupables d’être ce qu’ils sont ! S’ils sont mauvais, la faute ne peut en être qu’à Celui qui les a créés ainsi !

4. Pourquoi donc des milliers d’hommes peuvent-ils être plus doux que des agneaux, et pourquoi pas moi ?! Est-ce moi, par hasard, qui me suis créé et fait ainsi ?!

Et si je voulais être vraiment mauvais, je pourrais maintenant nier complètement tout ce que tu as avancé dans ta sagesse ; car chez nous, sur le forum des tribunaux de ce monde, les oracles n’ont jamais eu valeur de preuve tant qu’ils n’étaient pas parfaitement confirmés par d’autres témoignages.

Cependant, je reconnais ta sagesse et je crois voir en toi un homme qui ne veut pas me nuire, mais seulement m’aider, et c’est pourquoi j’admets que ce que as dit de moi est vrai. Je ne nie pas le moins du monde la vérité de tout cela ; mais il me semble que je devrais avoir le droit de me justifier !

5. Aussi bien, je te donne toute latitude pour raconter à haute voix tout ce que j’ai pu faire dans ma vie par suite d’une nature qui m’y inclinait ; car pour cela vous pouvez tout au plus me tuer, et je suis capable de regarder avec courage dans les yeux noirs et creux de la mort, car je ne la crains pas !

Tu sais déjà que je ne suis pas tombé de la dernière pluie. Si tu penses qu’il y a encore dans ma vie de parfait misérable quelques autres grosses affaires à faire connaître, vide donc ton sac ; car il y a longtemps que rien ne me gêne plus en ce monde !

6. Du reste, tu as quelque peu exagéré, à propos des cinq fillettes, en m’accusant de n’avoir eu de remords que parce que leur mort, qui ne fut d’ailleurs pas tant causée par un viol aisé que par la survenue d’une méchante lèpre, m’a privé d’un gain substantiel ;

je pourrais même te présenter quelques témoins dignes de foi qui m’ont entendu implorer Zeus de me conserver les cinq fillettes et faire aux dieux le serment de les garder toujours comme mes filles si elles recouvraient la santé et restaient en vie.

Et quand, malgré tous mes soins, elles moururent toutes cinq au bout de trente jours, je fus inconsolable et fis derechef le serment de ne plus toucher à aucune jeune fille et de ne plus faire commerce d’esclaves.

Ce que j’ai tenu jusqu’à ce jour, et c’est précisément la raison pour laquelle je suis venu m’installer ici et y ai acheté cette propriété, où j’ai désormais perdu dans le feu tout ce que j’avais acquis dans ma vie. — Dis-moi maintenant si j’ai menti cette fois encore ! » GEJ4 CH68  GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)

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