1. Jean dit : « Si tu mesures la vraie sagesse issue de Dieu à l’aune d’une intelligence assez éveillée, tu as raison de ne craindre aucune sagesse.
Mais comme la vraie sagesse de Dieu ne se mesure en aucun cas à l’aune courte de la raison,
mais que, comme tout ce qui vient de Dieu, elle est à la mesure de l’éternité et de l’infini, tu risques, avec ton intelligence, de ne pas trouver tout à fait ton compte ! Mais laissons cela et revenons à notre sujet de départ.
2. Tu m’as dit en bonne connaissance de cause quelle était l’infortune et la misère des Tsiganes d’Asie Mineure, et que c’était un véritable bienfait —
et cela l’est parfois — que des marchands d’esclaves leur achètent leurs enfants pour les revendre ensuite ailleurs. Donc, laissons cela ; car tu as pris comme excuse une manière de bonne volonté de ta part, et je veux bien en porter le dixième à ton crédit !
Cependant, j’ai trouvé autre chose au fond du magasin de ta conscience, et cette chose particulière mange presque tout ce dixième qui devait être à ton avantage, si bien que pour finir on ne peut plus mettre à ton compte que du mal ! Et je doute que la raison puisse ici te trouver quelque justification.
3. Dis-moi donc comment, en ce qui te concerne, tu justifies les nombreux viols de fillettes que tu as commis !
Trouves-tu là encore quelque motif raisonnable, non pas contre la loi mosaïque, mais contre la loi de l’État romain qui combat avec une grande vindicte le viol de jeunes filles immatures ? Les violents cris de terreur et de douleur d’une fillette confrontée à ta trop grande sensualité ne t’ont-ils ému ?
Et n’est-il pas vrai que cinq d’entre elles, pitoyablement violées par toi, certes quelque temps auparavant, mais qui étaient par ailleurs parfaitement constituées, sont mortes à cause de toi de la façon la plus misérable ?!
Ton compagnon t’a reproché la perte financière que cela vous avait causée, car, belles et bien faites, ces cinq fillettes de dix à douze ans auraient facilement pu vous rapporter au Caire cinq cents livres d’argent.
Cette perte conséquente t’a certes affligé, et pour cette raison tu as maudit de nombreuses fois ta grande luxure ; mais tu ne l’as encore jamais maudite parce qu’elle avait fait de toi le meurtrier aveugle de cinq charmantes fillettes !
4. Réfléchis maintenant à tout cela et dis-moi quelle sorte d’homme tu penses être à présent parmi les hommes, et si la mesure de ton intelligence trouvera ici encore un motif de te disculper !
Tu ne peux le faire en prétendant être un homme de nature tout à fait sauvage et brut, qui sait à peine faire la différence entre le bien et le mal quel qu’il soit ; car tu m’as très bien décrit tout à l’heure la déplorable misère dans laquelle vivent les Tsiganes et montré qu’un tel abandon de tout un peuple ne faisait pas vraiment honneur au Seigneur Dieu, à Son amour et à Sa sagesse. Tu m’as même mis en demeure de t’expliquer pour quelle sage raison divine un Dieu pouvait laisser tout un grand peuple être si misérablement privé de tout !
Tu possèdes donc un sens très respectable de la justice et une parfaite connaissance du bien et du mal. Comment as-tu pu agir si inhumainement avec ces fillettes ?
Il est vrai que tu as ensuite voulu les soigner toi-même avec tes mauvaises connaissances médicales, mais cela a causé leur perte encore plus sûrement qu’auparavant ta luxure ! Maintenant, parle, et justifie-toi devant Dieu et les hommes ! »
GEJ4 CH67 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)
