1. Là-dessus, Rocle revient en hâte Me trouver et M’expose en toute franchise l’objet de sa requête, quelque peu délicat, comme on sait.
2- Et Je lui dis : « Eh bien, Je vois que tu commences à te rendre compte que la tromperie amène toujours des ennuis, tôt ou tard ! C’est pourquoi Je vous dis : toute la vérité, rien que la vérité, quel qu’en soit le prix ; car elle seule dure longtemps et ne met jamais dans un véritable embarras !
3- II se peut sans doute, et c’est bien le cas, que les gens qui ne gagnent leur vie et la considération dont ils jouissent que par la tromperie haïssent et craignent fort la vérité et la pourchassent par le feu et le glaive ! Mais quel bénéfice ces persécuteurs de la vérité tirent-ils de leur mauvais zèle ?!
Bientôt, la vérité se fraie un chemin, et ses ennemis gisent, honteux, méprisés et évités de tous, dans un bourbier d’où ils ne peuvent guère espérer se relever ! Quant à ton affaire, elle est assez fâcheuse pour que l’on ne puisse aisément la régler en t’épargnant tout à fait l’examen du monde ! Mais il y a pourtant un moyen de passer honorablement l’épreuve.
4. Vous avez enseigné au peuple que les dieux vous avaient donné le pouvoir de gouverner les éclipses de soleil et de lune.
Eh bien, dites au peuple que les dieux ont cessé d’être et de régner, et que c’est le vrai grand Dieu unique, Celui à qui les païens eux-mêmes ont bâti un temple sous le nom de “grand Dieu inconnu”, qui, venu en ce monde en personne et même corporellement, vous a repris ce pouvoir et régnera désormais Lui-même sur tout, ne confiant plus à personne la direction des astres et des corps célestes !
5. Les gens ouvriront sans doute de grands yeux, et certains diront que c’est votre faute, parce que vous avez mal rempli vos fonctions.
D’autres encore croiront n’avoir pas fait assez d’offrandes. D’autres enfin, un peu plus clairvoyants, diront : “II leur est bien facile de restituer au grand Dieu inconnu une fonction qu’ils s’étaient arrogée de leur propre chef, afin de mieux tenir la bride au peuple aveugle — et les dieux censés leur avoir accordé ce pouvoir n’étaient autres que les puissants de Rome !
Mais un juste a dû venir en secret les menacer, et c’est pourquoi ils ont beau jeu de remettre aujourd’hui entre les mains du seul vrai grand Dieu une fonction divine qu’en toute vérité ils n’avaient jamais possédée, puisqu’il ne la leur avait jamais confiée.
Mais puisqu’ils sont désormais honnêtes et confessent cela ouvertement, l’on peut s’attendre à ce qu’ils confessent d’autres choses, et ce sera fort bien, car nous apprendrons ainsi bien des vérités. Le vent qui les a poussés à cela ne peut être qu’un bon vent !” Ainsi penseront les plus clairvoyants, et ils riront sous cape.
6. Quant aux Pharisiens, ils se réjouiront eux aussi en secret et diront au peuple : “Voyez, il faut que Yahvé Lui-même S’en soit pris à ces méchants païens par le truchement d’un grand prophète, qui les a contraints à se dévoiler eux-mêmes devant le peuple !”
7. Mais vous direz alors : “Pour une fois, les Pharisiens ont dit la vérité ! Et ce puissant prophète n’est autre que le prophète de Nazareth qu’ils connaissent si bien ! Jésus est Son nom, et, pour cette terre, II est le fils de Joseph, le charpentier bien connu — qui ne fut cependant que Son père nourricier —, et de Marie, la vierge également renommée de la maison de Joachim et d’Anne à Jérusalem !”
Et c’est Celui-là même, leur direz-vous ensuite, qui, à Pâques de cette année, a chassé du Temple, les cordes à la main, tous les vils changeurs et marchands !
Mais ce prophète est à l’évidence plus qu’un prophète ! Jean, le baptiseur du désert qu’ils connaissent tous, a donné de Lui un juste témoignage qu’ils doivent bien connaître également.
8. Et, direz-vous, cet envoyé de Dieu vous a certes repris le pouvoir que vous vous étiez arrogé sur le soleil, la lune et les astres, mais II vous a en revanche confié en toute vérité une tâche bien plus considérable et importante, à savoir que vous devez désormais annoncer aux peuples en toute vérité que le règne de Dieu est proche, et que tous ceux qui croiront au nom de Jésus auront la vraie vie éternelle !
9. Cela clouera suffisamment le bec aux Pharisiens, qui étaient assurément jusqu’ici vos pires ennemis, pour qu’à l’avenir ils évitent sagement de gaspiller leur salive à propos de votre défunt pouvoir sur les éclipses de soleil et de lune, d’autant qu’ils sauront fort bien que vous demeuriez sous la protection de Rome !
10. Je crois t’avoir expliqué cela assez clairement pour te faire comprendre que tu n’auras dès lors plus rien à redouter ! À présent, va faire part de cet avis à tes amis et compagnons — à moins que quelque chose ne trouble encore ton esprit ?»
11. Rocle dit : « Non, Seigneur et Maître éternel, tout est bien à présent, et mon cœur est rempli de joie ! Car nous sommes désormais tout à fait à l’abri, mon institut et moi, et les robes noires peuvent s’attendre à passer de mauvais moments ! »
12. Je dis : « Fort bien ; mais à présent, va annoncer cela à tes amis et frères, afin qu’ils partagent ta joie ! Cependant, tout cela n’ira pas sans peine et sans travail, soyez-en certains.
Mais, sans combat, il n’est pas de victoire, et sans victoire, pas de cette joie de vaincre qui plaît aux hommes plus que toute autre ! Aussi, courage et persévérance avant tout, et la victoire ne manquera pas de suivre !
De cela, Je suis assurément le témoin digne de foi et le plus sûr garant — à moins que Ma parole ne te suffise pas ? »
13. Rocle dit : « Qui ne s’en contenterait, Te connaissant comme je Te connais, ô Seigneur ?! Je ne puis que Te remercier du plus profond du cœur, et je m’en vais sur le-champ rapporter à mes compagnons ce très véridique évangile. »
14. Là-dessus, il s’incline et, tout joyeux, se hâte vers ses compagnons qui, pendant ce temps, se tourmentaient fort, impatients de savoir ce que leur réservait Mon avis, en bien ou en mal. GEJ5 CH143 untitled (retour-du-christ.fr)