1. S’étant profondément incliné devant Moi, Rocle se hâte vers ses compagnons, qui, pendant ce temps, avaient discuté toutes sortes de questions importantes concernant l’organisation de leur institut, et qui allaient exactement dans le sens des indications que J’avais données à Rocle comme fil conducteur de son existence.
2. Aussi Rocle ne s’étonna-t-il pas peu en entendant ses compagnons s’entretenir précisément de tout ce qu’il comptait leur rapporter comme des choses entièrement nouvelles et de la plus haute importance —
et cela sur l’ordre qu’il avait reçu de Moi, et qui devait montrer que Je lui avais confié, Moi, le Seigneur, des instructions toutes spéciales pour occuper une fonction devenue si essentielle. En tant que chef de l’institut, il comptait assurément leur montrer qu’il avait débattu avec Moi de maintes choses extraordinaires dont il allait à présent leur faire part.
3. Mais ses compagnons lui dirent : « Tu peux bien t’épargner cette peine ; car nous savons tout et en avons même, à vrai dire, plus que toi, bien que tu aies traité avec le Seigneur en personne !
Regarde ce joli tas de feuilles bien remplies : tu peux y retrouver, fidèlement transcrit, tout ce que t’a dit le Seigneur ! Mais cela ne semble pas te faire le plus grand plaisir — qu’as-tu donc ? »
4. Rocle dit : « Oh, je n’ai rien à redire à cela ; mais quand le Seigneur Lui-même m’a en quelque sorte invité à discuter avec vous de ce qu’il m’a confié à propos de la régénération complète de notre institut,
et quand je vois à présent que vous savez déjà tout cela pour ainsi dire mieux que moi, je suis bien obligé de me demander un peu ce que notre bon Seigneur a voulu obtenir de moi par cette petite taquinerie, assurément fort innocente ! »
5. Raphaël, qui se promenait parmi les compagnons, lui dit : « Ami, je vais te l’expliquer sur-le-champ, si tu veux bien m’écouter !
Ce sont là tes plus proches fonctionnaires dans ce qu’il faut bien appeler ton institut. En toute vérité, le Seigneur ne pouvait Lui-même te donner d’autre titre que celui que tu as reçu de l’État, et que ta grande fortune devait te faire octroyer.
Cependant, le Seigneur veut que tous les hommes se donnent l’accolade entre eux comme des frères et ne reconnaissent que Lui comme leur seul vrai Seigneur et Maître.
6. Mais puisque enfin tu es le maître de ton institut, il était bien naturel que le Seigneur en personne t’indiquât ce que tu devais faire à l’avenir et quelles dispositions tu devais prendre.
Mais il était tout aussi naturel que le Seigneur, par mon truchement, instruisît en même temps tes compagnons de tout cela, d’abord afin de t’épargner cette peine inutile,
ensuite afin de refroidir en toi ce sentiment de grandeur prophétique qui pouvait si aisément devenir de l’orgueil, et enfin pour te rendre aussi facile et utile que possible l’entretien avec tes compagnons qu’il t’a recommandé.
7. Car en te disant : “Va dire cela à tes compagnons”, le Seigneur n’entendait pas t’inviter en quelque sorte à être le premier à leur apprendre tout ce qu’il t’avait dit et appris, mais seulement que tu leur dises que tu avais toi-même appris et parfaitement compris tous les changements qu’il allait falloir mettre en œuvre dans votre institut.
Rien, dans tout cela, n’était de nature à te faire croire que tu étais le seul à savoir cela et que tu devais donc, toi seul, en instruire tes compagnons !
Ainsi, tu n’as aucune raison de prendre cette mine songeuse, puisque c’est toi-même qui as mal saisi la demande du Seigneur ! — Comprends-tu à présent, ou es-tu encore embarrassé par quelque doute ? »
8. Rocle dit : « Non, tout est de nouveau pour le mieux, et je n’y songe déjà plus ; mais autre chose me préoccupe à présent ! Tout devrait sans peine rentrer dans l’ordre à une exception près : le peuple croit que nous avons tout pouvoir sur les éclipses du soleil et de la lune, et nous aurons quelques difficultés s’il faut faire cesser cette croyance !
Car les éclipses continueront de se produire, et nous ne pourrons plus dire à un homme : “Toi et ton peuple, vous n’avez pas voulu faire ce que nous avions ordonné et y croire exactement, et à cause de toi, tel jour à telle heure, les dieux vont faire disparaître le soleil, ou la lune !” Comment nous sortir de cet embarras ?
Pour le reste, tout ira bien — mais quant à ce problème, je n’en vois pas l’issue ! Qu’en pensez-vous, vous autres, et toi, ami Raphaël ? »
9. Raphaël dit : « Délibérez d’abord entre vous ; si vous ne trouvez rien, il sera toujours temps pour moi de donner mon avis ! »
10. L’un des compagnons dit : « Ah, l’affaire est bien délicate, et nous aurons du mal à nous en tirer honorablement !
Depuis toutes ces années, les gens se sont habitués, et si, à la prochaine éclipse de lune, ou même de soleil, les notables viennent nous trouver et nous demandent d’un air sévère pourquoi nous l’avons demandée aux dieux et pourquoi nous avons omis de la leur annoncer à eux-mêmes — que pourrons-nous donc, sans mentir, répondre à une telle question, qui ne nous perde tout à fait aux yeux de nos questionneurs ? »
11. Un troisième dit : « On pourrait sans doute se sortir de ce bourbier par quelque petit mensonge anodin ; sans cela, j’ai beau réfléchir, je ne vois pas d’issue honorable.
Mais cette question des éclipses sera loin d’être notre seul problème, et ce sera peut-être l’un des moindres ! Ah, nous sommes vraiment dans de beaux draps ! Les difficultés vont commencer dès que nous voudrons changer quelque chose à cette vieille maison !
Mille obstacles insurmontables nous barreront le chemin de tous côtés comme une nuée de sauterelles d’Arabie, et nous ne saurons plus que faire ! Le mieux serait encore de quitter les lieux et de nous installer ailleurs, bien loin d’ici ! »
12. Rocle dit : « Oui, oui, tout cela serait fort bien, mais qu’adviendrait-il de nos possessions et de nos installations ? On ne peut tout de même pas d’un cœur léger abandonner tout cela au libre examen de nos ennemis ! En vérité, un tel conseil nous coûterait fort cher, à moi surtout !
Le Seigneur est désormais avec nous, et Lui seul, j’en suis tout à fait certain, peut nous délivrer à coup sûr de toutes ces questions désormais parfaitement inutiles !
Nous devrons certes subir encore bien des épreuves ; mais il me semble à présent que ce devrait être pour nous un apprentissage fort utile, qui seul nous fera voir pratiquement ce que nous devons écarter de nos vies et comment le faire si nous voulons accéder à la vraie vie divine qui est en nous.
13. C’est pourquoi nous resterons malgré tout ! Et je n’ai aucune crainte pour ces autres choses ; car je vous le dis moi-même une fois pour toutes : désormais, plus de morts ressuscités ! Pourquoi ? Réponse : Dieu ne le veut plus, parce que les hommes ne vivent pas, par la suite, en sorte de se rendre dignes de cette grâce insigne !
14. Quant à ceux qui vivront selon la volonté de Dieu, ils comprendront aussi pourquoi Dieu a laissé mourir tel ou tel de leurs enfants, et ils pourront même ensuite se laisser guider par Son esprit. Nul ne trouvera rien à redire à cela ! »
GEJ5 CH141 untitled (retour-du-christ.fr)
