1. Cyrénius : « Oui, Seigneur et Maître, la chose maintenant m’est aussi claire qu’elle peut l’être à un esprit aussi stupide qu’un esprit terrestre ! J’aurais encore beaucoup de choses à demander, c’est certain, mais je vois qu’en savoir trop tout d’un coup n’est pas bon pour l’homme ! Certes, le savoir rend l’homme sage, mais il n’en devient pas plus actif pour autant.
2. Il me semble qu’un homme qui a trop de sagesse est comme un homme très riche qui ne manque de rien. À quoi bon cultiver la terre, atteler les bœufs à la charrue, si ses granges et ses greniers sont pleins jusqu’au toit, ses caves pleines des meilleurs vins et ses coffres regorgeant d’or et d’argent, de perles rares et de pierres précieuses !
Il voit bien qu’il serait fou de se donner du mal à labourer la terre. Il prend donc du repos et jouit de ses richesses dans l’insouciance.
3. Mais comme Je l’ai dit, un homme qui a trop de sagesse fera de même; alors que celui à qui manque encore quelque chose, peut encore se réjouir à l’espoir de trouver une nouvelle vérité.
L’homme par trop sage n’a plus grand-chose à découvrir et devient inévitablement indolent, alors que le disciple qui recherche la vérité a du zèle, il est actif jour et nuit et tente d’éclaircir le mieux possible ce qui lui est caché.
J’en sais assez pour l’instant sur ce sujet, et ce qui me manque encore pourra m’être révélé au cours de ma constante activité. Ai -je raison ou tort ? »
4. Je dis : « Ni trop, ni trop peu, pourtant mieux vaut trop que trop peu ; celui qui a trop peut en donner à ceux qui en manquent et ceux qui en manquent accepteront certainement le partage. Le trop est plus sage que le pas assez ! Mais Je vous le dis, même un ange ne doit pas être toute sagesse comme Dieu !
5. Mais Dieu a prévu tout cela ; car si parfaite que soit sa sagesse aucun esprit ne peut remplir l’infini de Dieu, et il ne peut pas davantage sonder ni saisir toute la profondeur de la sagesse divine, comprends-tu ? »
6. Cyrénius : « Oh ! oui, je comprends, et nous avions déjà autrefois à Rome un proverbe que les Grecs et les Égyptiens connaissaient bien : Quod licet Jovi non licet bovi (Ce qui est permis à Jupiter ne l’est pas à un boeuf). Et bien que ce proverbe soit païen, comme disent les Israélites, il convient parfaitement ici.
7. Face à Dieu, les hommes et les anges ne seront toujours que de braves boves, et c’est bien ainsi, car une trop grande sagesse, quant à moi, ne me servirait à rien. C’est dans la nature des choses que tout être créé devrait finalement perdre tout goût de vivre si l’infini dans sa totalité devenait parfaitement clair à l’esprit humain, comme à un maître de maison les chambres de sa demeure.
8. C’est pourquoi, dans Sa grande sagesse, Jéhovah a fait en sorte que les esprits créés, même les plus parfaits, ne puissent jamais approcher de l’infinie sagesse de Dieu ; car jamais ce qui est fini ne pourra atteindre ce qui est infini !
9. Mais laissons cela, ne nous perdons plus en vaines paroles et au lieu de définir ce que notre faible esprit peut saisir, cherchons à éclaircir ce qui nous est nécessaire, c’est-à-dire l’amour qui vaut infiniment plus que la sagesse.
10. Tu as dit qu’on peut guérir la vieille blessure de l’âme avec le nouveau commandement de l’amour du prochain et que l’on peut ainsi se libérer totalement du péché originel, et que la parfaite conscience de la véritable vie éternelle reviendrait alors avec toute sa force et sa clarté dans l’homme. Ce serait vraiment du plus grand profit pour les hommes qui deviendraient ainsi véritablement des hommes capables d’accomplir dans leur vie terrestre de grandes et belles choses.
11. Avec ce sentiment de la certitude de sa mort et de sa disparition de la scène de la vie qui tourmente sans cesse la pauvre humanité, l’homme doit finir par perdre tout courage d’accomplir de grandes choses, ou bien il se jette dans l’adoration la plus folle des idoles de ce monde, fuyant l’idée de sa mort future pour ne jouir que d’une vie passagère comme si elle était éternelle.
Il est donc d’une importance capitale qu’un tel commandement soit donné à l’homme pour qu’il retrouve le paradis perdu d’Adam et qu’il y demeure éternellement. Le commandement du véritable et sincère amour du prochain nous rendra ce qui a été perdu.
12. Mais c’est une grande question de savoir comment il faut observer un commandement aussi important pour atteindre totalement, et pas à moitié, le grand but promis. »
13. Je dis : « Voilà une bonne réflexion et Je vais te donner la bonne réponse, mais demandons à notre vieil hôte Marc de nous dire auparavant ce qu’est pour lui ce prochain, alors Je vous donnerai d’autres éclaircissements. Dis-nous, cher Marc, qui est, à ton avis, le prochain auquel il faut prouver tout son amour ? » GEJ2 CH233 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)
