1. Cyrénius, maintenant tout à fait content, dit : « Seigneur, Tu vois clairement dans mon cœur, et Tu lis de part en part dans ma pensée, Tu vois donc mieux que personne si j’ai compris ou pas !
Je crois pouvoir dire, du moins comme je le sens, que ce m’est aussi clair que la lumière du jour, bien que le tréfonds des profondeurs échappe toujours même aux esprits célestes les plus parfaits. Je suis, quant à moi, parfaitement satisfait et j’ai de quoi ruminer pour le restant de mes jours, car tout cela dépasse infiniment le champ du savoir et de la connaissance humaine.
2. Mais il y a encore un être qui me pose une énigme, et c’est Satan et son collège de démons ! Un mot encore à ce propos et mon âme sera rassérénée jusqu’à la mort de mon corps, car j’y vois encore très peu clair à ce propos. Qui est Satan et qui sont ses acolytes qu’on nomme les démons ? »
3. Je dis : « Il est encore prématuré pour toi de vouloir approfondir la chose. Mais pour vous donner un petit éclaircissement, Je vais vous divulguer quelque chose. Écoutez !
4. Voyez-vous, tout ce qui est, existe et a une quelconque existence, ne peut subsister, ne peut exister autrement que par un certain combat permanent.
5. Toute existence, y compris l’existence divine, comporte en soi quantité de contradictions, de négations et d’affirmations, qui s’opposent comme le chaud et le froid, les ténèbres et la lumière, le dur et le tendre, l’amer et le doux, le lourd et le léger, le large et l’étroit, le proche et le lointain, le haut et le bas, la haine et l’amour, le bien et le mal, le vrai et le faux, la vérité et le mensonge.
6. Toute force pour être active rencontre nécessairement son contraire. Imaginez un homme mille fois plus fort que le géant Goliath, capable à lui seul de venir à bout de toute une armée de guerriers, à quoi lui servirait toute sa force et toute sa puissance si on le plaçait comme un nuage au milieu des airs ?
Le moindre petit vent qui, sur terre, remue à peine une toute petite feuille le pousserait, malgré toute sa force et toute sa puissance, dans la direction où il souffle.
7. Pour que le géant puisse faire usage de sa force il lui faut pour commencer un sol ferme qui le porte et lui serve d’appui. Ce sol est déjà le contraire du géant. Pour que le géant puisse exercer sa force, la liberté de ses gestes lui est nécessaire, c’est-à-dire qu’il a besoin d’un point d’appui solide sur lequel il puisse compter en toute quiétude pour exercer son mouvement.
La stabilité et l’immobilité parfaite du sol lui assurent le mouvement de ses assauts, c’est ainsi uniquement que le géant peut faire usage de sa force.
Sur le roc il peut donner libre cours à tous ses mouvements les plus impétueux, le sol ferme ne le trahira pas ; il peut être aussi concentré, aussi calme que la roche elle-même.
Mais si le sol est friable et n’offre que peu de résistance à la mobilité impétueuse du géant, sans appui solide ce dernier ne pourra faire qu’un usage très limité de sa force !
8. Pour mieux comprendre, imaginez encore que ce géant puisse soulever sur la terre ferme le poids de mille hommes, plaçons-le sur un sol marécageux à peine assez solide pour le supporter lui tout seul, il ne pourra même pas soulever dix hommes,
car il se mettra aussitôt à s’enfoncer dans le sol tendre et toute sa force sera vaine, parce que sous lui il ne trouvera pas de résistance correspondante.
9. Aucune force ne peut agir si elle ne trouve la résistance correspondante. Dans le cas de notre géant, la fermeté du sol oppose jusqu’à un certain point une résistance égale à son poids et à ses mouvements.
Cette immobilité du sol est précisément le point d’appui du mouvement et la mesure de la force du géant. »
GEJ2 CH228 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)

