Une scène dans l’auberge de Nicodème à Emmaüs

À ces mots, les deux Romains se précipitèrent au-dehors. En franchissant la porte, ils trouvèrent les sept Égyptiens déjà dans le vestibule de la grande auberge ; le premier, qui, comme on le sait, avait arrêté l’expédition romaine plusieurs années auparavant, s’avança vers ces Romains qu’il connaissait bien et leur tendit sa main brune en disant (l’Égyptien): « Je salue en vous des amis, puisque c’est ainsi que nous nous sommes quittés il y a des années dans la lointaine Haute-Égypte. Et il est vrai que vous avez souvent pensé à moi, et que vous êtes venus ici pour mieux savoir ce qu’est un homme véritable et pour trouver cela en vous : mais vous ne pensiez pas me revoir un jour dans ce pays.

Cependant, si je suis venu ici, ce n’est pas tant pour vous que pour un homme que vous ne connaissez pas encore, afin qu’Il nous baptise nous aussi au feu de la vérité éternelle de Son esprit. C’est Lui seul qui, dès hier, nous a dit de venir ici afin que nous Lui rendions, nous, ses nombreux disciples, un vrai témoignage. Et s’Il est venu ici avec Ses disciples, c’est bien parce qu’Il savait que nous y serions, puisqu’Il nous y a convoqués par Sa volonté toute-puissante. Aussi, laissez-nous entrer dans cette auberge et nous prosterner devant Celui dont nous ne sommes encore que les faibles enfants. »

Les deux Romains dirent: « Veux-tu parler de ce fameux Sauveur galiléen dont, bien que ne l’ayant encore jamais vu en personne, nous avons entendu dire tant de choses singulières? »

L’Égyptien : « Mais oui, amis, c’est bien Lui! Laissez-nous donc courir à Lui! »

Alors, les Romains ouvrirent la porte de la grande salle à manger: les sept Égyptiens y entrèrent avec la plus grande déférence, se dirigèrent aussitôt vers Moi et s’inclinèrent très bas, et le premier Me dit: « Ainsi, ô Seigneur éternel, il T’a plu de Te revêtir de la chair de Ton humanité! Sois-en loué éternellement par toutes les créatures à qui Tu as ainsi ouvert la porte de Ton grand royaume éternel de vie !

Quand, dans Ton esprit éternel, Tu emplissais l’infini tout entier et créais sans cesse des êtres sans nombre, aucune créature n’était libérée de Ta sagesse et de Ta force, et toutes étaient enchaînées par Ta volonté. Mais à présent, Tu T’es enchaîné Toi-Même dans la chair de Tes créatures humaines afin de pouvoir personnellement délivrer toutes les créatures et les faire entrer dans le royaume de Ta vie divine parfaitement libre. Pour cela, ô Seigneur éternel, sois encore une fois loué et béni par-dessus tout!

Tu as rendu Tes créatures assez libres et indépendantes pour qu’elles entendent Ta parole et que Tu puisses même, Toi, leur Créateur, être pour elles un maître et leur montrer le chemin quelles doivent suivre pour devenir tout à fait semblables à Toi. Oh, sois-en loué éternellement par chaque atome de Ton infini éternel! Car lui aussi est appelé à accéder un jour à une vie libre!

Mais, ô grand Dieu, Maître et Créateur éternel, permets-nous à présent de nous repaître un temps de Ta vue! Car, écoutez tous, vous les créatures, vous les hommes: des éternités ont passé, des créatures sans nombre sont sorties de Lui, qu’Il a contemplées comme Ses pensées et qui sont retournées en Lui. Mais jamais une créature n’avait contemplé son Créateur éternel et infini, et à présent, il Lui a plu, selon Son décret éternel, de Se rendre visible et tangible à Ses créatures dans tout Son être infini, et Le voici parmi vous, Lui, l’Éternel, l’Infini, devenu Dieu visible sous une forme humaine sans que rien soit changé à Sa puissance ni à Sa grandeur, et vous Le voyez et parlez avec Lui – et pourtant, vous ne comprenez pas QUI est parmi vous! Oh, songez à ce que je vous dis là, et dites tous: Seigneur, je suis à jamais indigne d’être avec Toi sous le même toit mais il suffit d’un seul mot de Ta bouche pour que mon âme ait la vie éternelle! »

Au bout d’un moment, Je dis aux Égyptiens: « Soyez les bienvenus, très chers amis venus d’un lointain pays. Aujourd’hui, vous Me rendrez de très grands services pour instruire vos frères ici présents et pour fortifier leurs âmes. Mais voici près de deux jours que vous marchez sans autre nourriture que celle de l’esprit: à présent, il faut aussi fortifier véritablement vos corps des fruits de cette terre, et ils vont vous être donnés sous la forme de pain et de vin. »

L’Égyptien voulut refuser, disant que Ma vue le fortifiait mieux que tout.

Mais Je lui dis : « Je sais bien qu’une âme habitée par l’esprit n’éprouve pas la faim du corps: pourtant, il faut que le corps reçoive sa pitance naturelle, sans quoi, à la longue, il cesserait d’être pour l’âme un instrument parfait. Il faut donc que vous vous nourrissiez comme il se doit, afin de bien Me servir ensuite auprès de vos frères. »

À ces mots, ils consentirent enfin de bonne grâce à se nourrir, et Nicodème leur fit apporter sur-le-champ un excellent vin ainsi que du pain et du sel.(Grand Évangile de Jean_7,chap.138,v.1-13)

Cet Égyptien, qui a déjà passé par la nouvelle naissance en esprit, est venu en Palestine avec ses disciples pour rencontrer le Sauveur. Il contribua à l’édification des disciples et aussi à la conversion de quatre pharisiens du Temple.

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