1. Là-dessus, Je me levai rapidement avec les trois que J’avais nommés, et nous allâmes voir nos jeunes gens, que nous trouvâmes très tranquilles et d’humeur joyeuse, car chacun racontait aux autres les mille choses remarquables qu’ils avaient vues au cours de leur long voyage, et en quoi elles se rapportaient à leur récente libération.
Certains avaient fait des rêves, d’autres affirmaient avoir vu d’autres apparitions, sur terre ou dans le ciel. Les jeunes gens avaient ainsi passé plusieurs heures à converser entre eux sans remarquer que le jour touchait à sa fin.
2. Quand nous entrâmes dans la grande pièce, leur joie éclata tout à coup et ils s’écrièrent tous : « Salut à toi, notre seul et unique vrai père car tu nous as donné du bon pain, tu nous as délivrés de nos liens cruels et as revêtu nos corps nus de beaux vêtements, et tu es donc, toi seul, notre vrai père légitime que nous aimons par-dessus tout !
Quant à nos parents, nous ne pouvons plus guère les aimer, car le seul bien qu’ils ne nous aient jamais fait fut de nous engraisser quelque temps, afin de pouvoir nous vendre un bon prix.
Nous ne souhaitons pas pour autant leur malheur, mais seulement qu’ils comprennent au plus vite combien il est mal que des hommes vendent d’autres hommes, et surtout que des parents vendent leurs enfants comme des animaux domestiques à des marchands cupides.
Mais puisque nous avons maintenant trouvé un si bon père, nous pardonnons à ces parents le crime qu’ils ont commis envers nous, leurs enfants innocents, et tu peux le leur annoncer, sévère Hiram, si une seule goutte de sang honnête coule encore dans tes veines ! »
3. Lazare et Agricola s’étonnèrent de la grande fermeté de ce discours, qui s’adressait à Moi et, pour une part, à Hiram, le marchand d’esclaves : Je leur avais accordé à tous deux le don de comprendre la langue de ces jeunes gens du Nord,
et donc de pouvoir leur parler, ce qui était tout à fait nécessaire pour que le Romain, en particulier, pût s’entendre avec eux.
J’eusse certes pu accorder la même faculté à tous ces jeunes gens, mais cela eût été moins bon pour eux, parce que, parlant parfaitement une autre langue, ils en eussent connu d’autant plus rapidement et complètement toutes les mauvaises habitudes, les défauts, les péchés et les vices.
Au contraire, s’ils n’apprenaient que petit à petit la langue romaine, le Romain – qui, finalement, devait les emmener tous à Rome sans en laisser un seul à Lazare – leur enseignerait d’abord dans leur langue Ma doctrine, qui les préserverait durablement des folies de Rome ; c’est ainsi que tout ce que J’ordonnai en cette affaire fut pour le mieux.
4. Quand les jeunes gens eurent bien parlé avec nous et qu’Hiram, en outre, leur eut donné l’entière assurance que leurs compagnons demeurés au pays seraient pourvus au mieux et que lui-même cesserait désormais de faire commerce des hommes – promesse dont les jeunes gens des deux sexes lui furent fort reconnaissants -, Je les invitai à sortir avec nous, ce qui les réjouit grandement.
5. Une fois dehors, nous nous mîmes à contempler le beau paysage du côté du couchant, et les jeunes gens, au comble du ravissement, dirent qu’ils n’en avaient encore jamais vu d’aussi beau.
6. Un jeune garçon qui pensait et parlait fort bien déclara : « En vérité, dans un si beau pays et si chaud, les hommes doivent être bien plus proches du bon Dieu que chez nous ; car dans notre pays, il ne fait chaud que très peu de temps, et ensuite, pendant de longs mois, si froid que l’eau devient dure comme pierre et le paysage tout désolé. C’est pourquoi les gens sont plus proches du dieu malin et eux-mêmes méchants et mauvais.
Car ils ne s’aiment pas entre eux, et chacun ne cherche qu’à faire du mal à son prochain. Le plus fort est un maître redoutable pour les plus faibles, qu’il contraint aux plus durs ouvrages sans rien leur donner, oui, il faut vraiment que ce soit l’œuvre d’un dieu malin !
Toi aussi, Hibram, tu es là-bas un de ces hommes forts : aussi, à l’avenir, ne laisse plus le dieu malin s’emparer de ton cœur et de ta raison et ne lui sacrifie plus, mais sacrifie au bon Dieu de ce pays, et alors, notre pays deviendra aussi beau et chaud que celui-ci.
7. Car je crois que le bon Dieu est bien plus puissant que le méchant, qui peut certes tuer l’eau et la changer en pierre, mais non pas la délivrer et la faire revivre. Ici, tu as trouvé le bon Dieu très puissant : emporte-Le dans ton cœur et ne sacrifie plus qu’à Lui, et Il comblera aussi de Ses bienfaits notre grand pays ! Mais si, de retour chez nous, tu sacrifies de nouveau au dieu malin, notre pays ne deviendra jamais pareil à ce beau et chaud pays.»
8. Ému jusqu’aux larmes par ces paroles d’une sagesse enfantine, Hibram lui promit très solennellement de se conformer strictement à son conseil et à son souhait en ne faisant plus jamais d’offrandes au mauvais dieu supposé ; au contraire, il prêcherait à tous ceux qui dépendaient de lui le bon Dieu qu’il avait appris à connaître dans ce pays, et leur montrerait comment et pourquoi il faut ne sacrifier qu’à Lui seul.
9. De plus, en cette occasion, il exhorta les jeunes gens à faire désormais tous leurs efforts pour connaître toujours mieux l’unique vrai Dieu, qui est bon, et pour L’honorer et L’aimer par-dessus tout, et à se souvenir de leur patrie lorsqu’ils connaîtraient aussi parfaitement que possible cet unique vrai bon Dieu.
10. Les jeunes gens le louèrent encore pour cela, et l’orateur dit : « Lorsque, comme ceux qui sont ici, nous aurons en nous la bénédiction et la force de l’unique vrai bon Dieu plus puissant que tout – dont nous avons pu nous convaincre de la manière la plus surprenante -, il nous sera bien facile de trouver le chemin de notre pays et d’y retourner ; car Son esprit nous montrera sans doute le bon chemin et nous guidera. Mais sans ce guide, un guide et un protecteur plus puissant que tout, nous ne retrouverions assurément jamais notre lointain pays, d’autant moins qu’en le quittant, nous avons été transportés quatre jours durant sur des chariots, les yeux bandés et les oreilles bouchées avec de l’argile.
C’est là encore une triste habitude à laquelle vous devriez bien renoncer : car il est vraiment terrible de quitter pour toujours sa patrie, si peu aimable qu’en soit l’aspect, en esclave aveugle et sourd. Ne l’oublie pas, puissant Hibram, qui commande chez nous à tant de pauvres gens ! »
11. Ayant dit cela le garçon se tourna vers Moi et Me dit de l’air le plus aimable qui fût : « Ô bon père, toi si sage, si puissant et tout empli du bon Dieu, dis toi-même à Hibram de suivre le conseil que nous, les pauvres, lui donnons très franchement par ma bouche, et ainsi, il le fera d’autant plus sûrement, puisqu’il semble lui aussi faire très grand cas de toi !
Si, de retour chez nous, il se conduit ainsi, notre pays deviendra aussi beau et chaud que celui-ci, et, à coup sûr, le méchant dieu ne pourra plus tuer l’eau et couvrir tout ce grand pays d’une neige glacée qui rend la vie bien dure aux gens de là-bas.
12. Ô toi qui es notre bon père à tous, ne sois pas miséricordieux qu’avec nous, mais aussi avec tous ceux qui sont demeurés dans notre dur pays, et qui n’ont bien souvent rien d’autre à manger que la viande séchée des animaux sauvages et des poissons !
Si j’ai tort de te faire cette prière au nom de tous ceux qui, ici, te considèrent comme leur bon père, tu peux me punir, car nous avons déjà pu nous convaincre que la force et le pouvoir ne te manquaient pas, cher bon père ! »
13. Je dis : « Pourquoi ferais-Je cela ? De toute éternité, Je n’ai jamais puni une créature, si ce n’est qu’elle se soit punie elle-même, et Je ne punirais donc certes pas un bon et noble cœur comme toi !
Au contraire, Je te le dis : dans sept ans, tu retourneras dans ton pays, et, de tes reins, Je susciterai une race qui, pendant plus de mille ans, régnera en Mon nom sur les vastes pays du Nord et les guidera.
Cependant, tes lointains descendants, parce qu’ils seront devenus brutaux et tyranniques, perdront cette souveraineté. Mais ce royaume demeurera toujours pareil à lui-même, sans grands changements ; mais, dans les temps futurs, ses souverains n’auront plus leur résidence permanente en Asie, mais en Europe.
Aussi, mettez tout votre zèle à apprendre tout ce qui est bon et vrai, et transportez Ma lumière jusque dans les grandes ténèbres du Nord.
14. Il est vrai que l’hiver de la nature continuera de régner sur ces terres comme il l’a toujours fait, mais c’est sans importance.
Pour peu que vos cœurs soient réchauffés par l’amour de Dieu et de votre prochain, vos fleuves figés commenceront à fondre et vous apporteront de grands bienfaits.
Mais pour cela, il faut que vous vous laissiez enseigner avec zèle le bien et la vérité par ceux qui vous emmèneront à Rome, et dans sept ans, vous rentrerez dans votre pays, comblés de bénédictions.
Et quand vous serez de retour dans votre ancienne patrie, faites le bien à ceux qui vous ont fait du mal, et cela vaudra de grands bienfaits à votre pays. Avez-vous bien compris ? »
15. Ils acquiescèrent et promirent de se tenir à Mes paroles.
16. Et Je dis : « À présent que cette bonne œuvre est accomplie, rentrons à l’auberge. »
17. Et, tous ayant consenti avec joie, nous nous retirâmes dans la maison, à cause des étrangers qui arrivaient. Là, nous trouvâmes Hélias en conversation passionnée avec l’ange. GEJ7 CH39 untitled (retour-du-christ.fr)
