1. Ceci dit, le capitaine s’en va chez lui, mais Ebahl lui demande de ne pas s’absenter longtemps, le repas étant bientôt prêt. Et le capitaine dit en s’en allant : «-S’il n’y a rien de grave, je serai aussitôt de retour, et s’il y a quelque chose, j’enverrai un messager. »
2. Là-dessus, le capitaine s’en va chez lui où il n’est pas peu surpris d’entendre le sous-officier lui raconter ce qui s’est passé entre-temps, et de voir déjà sur sa table de travail ses ordres aux villages mis par écrit de sa propre main sur un parchemin !
Il les parcourt rapidement et constate que tout est comme il l’avait pensé. Il fait aussitôt chercher un messager, et voilà notre ange Raphaël habillé en soldat romain qui vient lui offrir ses services.
3. Le capitaine ne reconnaît pas l’ange, il croit qu’il s’agit d’un jeune guerrier envoyé de Capharnaüm par Cornélius. Il lui demande s’il peut lui confier une mission aussi éloignée auprès du sous-commandant de Gadarenum.
4. L’ange dit : « Seigneur chef de la place, donne-moi cette mission et je l’accomplirai à la vitesse d’une flèche, tu auras aussitôt la réponse en main ! »
5. Le capitaine regarda alors son homme de plus près et reconnut l’ange Raphaël. Il lui dit : « Oui, oui, à toi c’est facile, maintenant je te reconnais ! »
6. Le capitaine remis ses ordres à Raphaël qui, au bout d’un quart d’heure à peine, fut de retour avec la réponse du commandant de Gadarenum attestant avoir reçu par l’intermédiaire d’un agréable jeune guerrier les ordres qu’il allait aussitôt intelligemment mettre à exécution.
7. Le capitaine, qui ne s’émerveillait plus de la rapidité de Raphaël, s’étonna cette fois de ce qu’il eût fallu un quart d’heure pour accomplir sa mission.
8. Raphaël lui dit : « Ce fut juste le temps nécessaire à ton sous-commandant de Gadarenum pour écrire. Ne t’étonne donc pas ! Moi-même je n’avais pas besoin de tout ce temps-là ! Mais allons ensemble chez Ebahl. Le repas de midi est prêt et les hôtes ont faim après cette descente de la montagne ! »
9. Le capitaine s’en revint avec l’ange dont les vêtements de Génézaréthien réapparurent dès qu’ils furent de nouveau dans la demeure d’Ebahl. Le capitaine lui demanda alors où il avait bien pu déposer aussi vite ses habits de soldat.
10. L’ange sourit et dit : « Vois-tu, c’est plus facile à nous qu’à vous, car nous portons toute notre garde-robe très richement pourvue dans notre volonté. Il nous suffit de vouloir, et nous sommes vêtus comme nous le désirons.
Mais si tu voulais me voir dans mes vêtements de lumière, tu serais aveuglé et ta chair se dissoudrait devant moi ! Car la lumière du soleil est affreusement ténébreuse à côté de l’éclat de mes vêtements ! »
11. Le capitaine dit : « Ami des hommes et de la terre, cette qualité première de pouvoir se vêtir sans tissu, juste par sa volonté, me plaît fort, et elle nous serait bien utile, à nous pauvres hommes, l’hiver tout particulièrement,
mais ce violent éclat de tes vêtements de lumière devant lequel aucun être humain ne peut subsister ne me plaît pas, du moins pour l’instant sur cette terre, aussi n’allons-nous pas approfondir la question.
Seulement, maintenant que nous sommes seuls et que nous n’avons à nous gêner devant personne, il y a une chose que je voudrais bien savoir et que tu pourrais me dévoiler ; voici : y a-t-il entre vous une différence des sexes ? »
12. L’ange dit : « C’est une question maladroite, il est vrai, mais comme elle ne tient chez toi qu’à ta soif de connaissance, je te répondrai que non.
En ce qui nous concerne, nous, esprits créés à l’origine en nombre incalculable, il n’y a chez nous qu’un unique être masculin-positif ; mais le principe féminin-négatif est également pleinement présent en chacun de nous.
Ainsi tout ange représente en lui l’union parfaite du ciel de Dieu, et il ne tient qu’à nous de nous montrer sous une forme masculine ou féminine et cela sous une seule et même peau spirituelle.
13. Et du fait que nous sommes deux êtres en nous-mêmes, nous ne pouvons jamais vieillir, parce que les deux pôles se soutiennent toujours mutuellement, tandis que chez vous, les humains, les pôles se distinguent en personnes séparées sexuellement, chacune pour soi, aussi n’avez-vous aucun soutien en vous-même.
14. Mais si les pôles personnels séparés se touchent extérieurement, ils se perdent et s’égarent, ils ressemblent à cette outre de vin qui se ratatine de plus en plus quand on lui dérobe son contenu spirituel.
Si tu pouvais te représenter une outre capable d’engendrer aussitôt par elle-même ce qu’on vient de lui soutirer, jamais en surface sa forme ne serait altérée, jamais on n’y découvrirait de plis ou de rides ! Comprends-tu ? »
15. Le capitaine dit : « La chose ne m’est pas encore très claire, mais j’ai quelque vague petite idée et nous en reparlerons à l’occasion ! Maintenant entrons, car on doit nous attendre ! »
16. L’ange dit : « Oui, c’est bien, et je sens déjà en moi ce que vous appelez la faim ! »
17. Le capitaine dit : « Oh ! oh ! tu es pourtant un pur esprit, comment peux-tu apprécier une nourriture matérielle ? »
18. Raphaël dit en riant : « Mieux que toi ! En moi, tout ce que j’avale est digéré et transformé en vie contemplative, alors que chez toi, tout ce qui ne convient pas à la polarité isolée de ton existence est expulsé de ton corps par les voies naturelles, aussi suis-je mieux partagé que toi pour ce qui est de boire et de manger ! »
19. Le capitaine dit : « Mange-t-on et boit-on donc aussi au ciel ? »
20. L’ange dit : « Oh, oui, mais pas comme sur la terre, spirituellement ! Nous avons la parole de Dieu de toute éternité en nous, comme le ciel et toute la Création proviennent de la parole et en sont remplis. Cette parole est pour commencer notre essentielle existence, elle est donc aussi le seul véritable pain de vie de cette existence.
Elle est le seul vin de vie qui coule dans nos veines comme le sang dans les vôtres, et nos entrailles sont pleines du pain de Dieu. »
21. Le capitaine dit : « Oh ! voilà qui est très sagement dit, mais je n’y comprends rien. Il faut que le Seigneur Lui-même me le dévoile ! Mais il est grand temps d’entrer dans la maison et nous allons devoir interrompre une pareille discussion. » GEJ2 CH155 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)

