1. (Le Seigneur 🙂 « Quant à l’amour, il est lui-même le résultat de la stimulation de la vie intérieure lorsque les choses agissent sur elle.
2. La vie intérieure est amour, c’est-à-dire un feu avec toute sa chaleur.
Quand ce feu est nourri par l’influence d’une chose qui renferme elle-même du feu, comme lorsqu’on nourrit le feu dans l’âtre en y mettant du bois bien sec, il se met à brûler vivement et s’enflamme avec toujours plus d’ardeur et d’intensité pour cette chose elle-même inflammable.
Les flammes deviennent plus denses et leur lueur plus claire, et c’est ainsi que toute la lumière se fait bientôt dans l’âme sur cette chose dont elle ne savait rien jusqu’alors.
Mais l’amour que l’on éprouve pour cette chose n’en devient que plus grand, et l’on n’a de cesse qu’on ne la connaisse dans ses moindres détails et qu’on ne sache tout à fait clairement ce qu’elle est et ce qu’elle renferme. Or, cela n’arrive que si l’amour pour cette chose ne cesse de grandir et de se renforcer.
3. Mais si la vie n’est pas sollicitée par une chose, celle-ci, si remarquable qu’elle soit 108 en elle-même, la laisse froide et parfaitement indifférente, de même que la flamme ne lèche pas la bûche placée trop loin d’elle.
4. L’homme doit donc ressentir quelque intérêt pour une chose pour se mettre à y penser avec la chaleur de la vie. Mais la vie intérieure ne peut être émue par la froide vérité, qui est comme la lumière des étoiles lointaines, parce que sa propre chaleur ne s’en trouve pas augmentée, mais toujours diminuée.
5. Jusqu’ici, tu as toujours cherché avec la froideur glaciale de l’intelligence, et ta quête était motivée par une raison tout aussi froide, qui n’acceptait comme vrai que ce qu’il t’était possible de percevoir par l’un de tes sens.
6. Ainsi, tu cherchais Dieu la table de calcul à la main, et tu t’efforçais de découvrir le A sans pouvoir seulement trouver les lignes directrices de cette lettre pourtant chargée de sens.
Tu cherchais des plantes dans les plaines de neige et de glace du Nord, mais ne trouvais rien, bien que l’éclat de la neige fût presque aveuglant.
7. Par ces plaines de neige et de glace, j’entends l’intelligence au froid jugement, et la raison qui calcule plus froidement encore et n’est capable d’aucune vision intérieure spirituelle, parce que, étant grossièrement matérielle, elle ne peut se laisser émouvoir par une chose purement spirituelle.
8. Tu remarquais beaucoup de choses, par exemple que les mêmes formes revenaient sans cesse dans une nature qui t’apparaissait comme créatrice.
Tu pensais qu’il s’agissait là de la consolidation permanente d’une force de vie consciente d’elle-même et douée d’intelligence, qui, pouvant imprégner et toucher toute chose, faisait renaître sans cesse les mêmes formes à partir des forces brutes de la nature.
Tu considérais toute la terre, la lune, le soleil et même les étoiles comme un temple qui finissait par n’être rempli que de magiciens invisibles. En Inde, tu as cru trouver encore bien des confirmations de cela, raison pour laquelle tu es ensuite devenu l’un des principaux fondateurs de votre société de magie essénienne.
9. Mais comme tu faisais tout cela avec ta froide raison et ne laissais jamais ton cœur s’éveiller, tu n’as pas trouvé la cause de la vie, de si près que tu l’eusses approchée par la raison, et tu t’enfonças derechef dans la matière froide et morte, y cherchant ton salut et voulant aussi y voir celui du reste de l’humanité.
10. De ce moment-là, ta cause a longtemps progressé avec le plus grand succès ; car tu étais et es encore l’un des chefs de cet institut qui sait si bien plonger les hommes ignorants dans la plus noire superstition, et les meilleurs d’entre eux, ceux qui savent penser, dans le plus grossier des matérialismes.
Tu as certes détruit bien des temples d’idoles fort actifs, mais tu n’as rien mis de mieux à leur place. En toi était la mort, et tu faisais même bon accueil à cette visiteuse ; car le néant te paraissait infiniment supérieur à toutes les dimensions de la vie.
11. Mais pourquoi en es-tu arrivé là ? Parce qu’aucun amour n’a jamais pu germer dans ton cœur ! Tu n’avais jamais assez attisé en toi le feu de la vie intérieure pour qu’il donnât la plus modeste flamme !
Et puisque tu n’avais jamais fait fonctionner ton cœur ne fût-ce qu’en surface, comment aurais-tu pu provoquer le moindre mouvement de l’élément de vie de sa partie spirituelle, qui est à l’intérieur et même au plus profond de lui,
ce qui eût bientôt embrasé tout ton cœur de la flamme de la vraie vie et, éclairant ta conscience, t’eût donné une claire connaissance de toi-même et la connaissance de Dieu qui en découle ?! »
GEJ5 CH61 untitled (retour-du-christ.fr)
