1. Au même instant, cependant, Oubratouvishar s’avance vers Moi et dit : « Seigneur, Seigneur, les frères blancs ne savaient-ils donc pas jusqu’ici ce que Tu viens de leur expliquer avec tant de sagesse ?
Chez nous, toute grâce T’en soit rendue, les enfants eux-mêmes savent cela ; car ils peuvent se regarder intérieurement et éprouvent une grande joie à pouvoir nous raconter ce qui se passe dans leur beau jardin, qu’ils observent de temps à autre.
Qu’ont donc fait ces frères blancs pour être devenus incapables de ces observations si essentielles ? S’ils sont dépourvus de facultés aussi essentielles, ce ne sont pas à proprement parler des hommes, mais de grands singes comme il y en a chez nous, avec seulement la parole en plus !
2. Nous avons tous ouvert de grands yeux quand Tu as commencé à donner sur ces cerveaux des explications que nous connaissons presque mieux que nos propres huttes.
Bien sûr, nous ne sommes pas aussi familiarisés avec toute la structure organique de notre corps, mais nous connaissons notre cerveau point par point.
Il y a certes encore chez nous beaucoup de tablettes vides, parce que nous n’avons pas de quoi les remplir toutes ; mais celles qui sont dessinées ressemblent exactement à celles que Tu nous a montrées sur le cerveau à Ta droite comme étant parfaitement dans Ton ordonnance, ce que Tu as plus que clairement expliqué.
Mais j’aimerais vraiment savoir comment il se fait que ces hommes ne puissent pas du tout percevoir ce qui nous a toujours été très clairement visible, à nous, hommes à la peau noire ! Qu’ont-ils donc fait pour cela ?
Qui est à l’origine de cette ruine ? Car il faut bien que quelqu’un en ait posé les bases autrefois ; mais qui, pourquoi et en quelle occasion ? »
3. Je dis : « Ne cherche pas qui en fut le véritable initiateur ! Car des voies de Dieu, bien des choses demeurent cachées dont l’homme de cette terre n’a pas besoin de connaître le fond ! Il suffit que l’homme sache et reconnaisse ce qu’il doit faire avant tout selon Mon ordonnance !
S’il fait ce que lui enseignent les lois nécessaires envoyées par le ciel, tout sera pour le mieux en lui ; quant au reste, tout homme qui aime Dieu par-dessus tout et son prochain comme lui-même et renaît ainsi en esprit l’apprendra pleinement.
4. À présent, il s’agit seulement de savoir si tous vos frères blancs ont bien compris tout cela ; que celui qui décèle en lui une lacune demande ce qu’il ignore encore, et cela lui sera exposé aussi clairement que possible. C’est ce qui importe à présent !
Mais ce que tu as demandé sera connu de chacun en son temps, lorsqu’il accédera à la régénération spirituelle. » 5. Satisfait de cette réponse, Oubratouvishar confère alors avec les siens dans la langue de son pays
6. Cependant, Mathaël s’avance une nouvelle fois et dit : « Seigneur, Toi notre vie, Toi notre amour, puisque Tu nous as permis de T’interroger, je T’en prie au nom de mon beau-père, de ma chère épouse et de mes quatre compagnons, peux-Tu faire pour nous la lumière sur un petit point obscur de cette affaire ?
Il s’agit en quelque sorte d’une question de droit, et je crois que tout homme qui a l’usage de sa raison est fondé à Te la poser en toute humilité. Car l’homme est pourtant bien à l’origine Ton œuvre et non la sienne propre, et tous les cieux ne pourront jamais le contredire !
7. C’est pourquoi il me semble que, spécialement en ce qui concerne la direction dans l’au-delà des esprits ou plus précisément des âmes très corrompues, le chemin est vraiment un peu trop long et trop dur, si l’on considère les moyens de Ton amour et de Ta toute-puissance !
Il est certes vrai que Tu nous a déjà dit, montré et expliqué à cet égard bien des choses qui justifient clairement Ton ordonnance divine décidée et fixée de toute éternité ; mais, en dépit de tout cela, cette vraie question de droit continue de s’imposer à moi :
8. La pomme y peut-elle quelque chose si une tempête l’arrache de sa branche, l’arbre éclaté peut-il faire que l’éclair destructeur ne l’ait pas pris pour cible, et la mer tranquille peut-elle empêcher la fureur d’un ouragan de soulever ses flots comme des montagnes ?!
Qu’y peut le serpent à sonnettes si sa morsure est mortelle ?! Et la belladone s’est-elle elle-même empoisonnée ? Partout, un clou chasse l’autre, et, en fin de compte, aucun ne peut faire autrement que d’être poussé !
9. Un grand et pesant rocher se détache d’une haute falaise et tombe, causant de grosses pertes dans un troupeau qui paissait au pied de la paroi. Quel coupable paiera les dégâts ?
Si, la nuit, je trébuche sur une pierre du chemin et tombe, qui en porte la faute, la nuit, la pierre, ou l’absence d’yeux à mon pied ?
Bref, il existe ainsi une foule de ces problèmes insolubles, où il apparaît chaque fois à l’évidence que dans la nature, les droits fondamentaux individuels se lèsent les uns les autres ! Qui est à l’origine de cela ?
10. Et je découvre à présent qu’il en est de même chez l’homme. Ces Noirs sont encore en pleine possession des facultés humaines originelles — et nous, Blancs, n’en avons pas eu idée jusqu’à ce jour !
Pourquoi donc ? Il est dit que c’est à cause de la corruption de notre âme, qui elle-même a été corrompue parce que le cerveau humain est corrompu dès le sein maternel, et plus encore ensuite par une éducation absurde !
Et il me faut bien ici être de l’avis d’Oubratouvishar et demander avec lui : oui, l’humanité est mauvaise et foncièrement corrompue ; mais qui l’a corrompue à l’origine, et qui l’a laissé corrompre ?
À cause de cette corruption, les hommes ne peuvent plus vouloir qu’à contresens et ne pourront donc jamais s’amender, mais seulement, au contraire, devenir plus mauvais et plus misérables ! » GEJ4 CH241 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)