1. (Le Seigneur 🙂 « Si vous mettez un miroir, si clair soit-il, dans une cave entièrement obscure, les objets qui se trouvent dans cette cave vont-ils pour autant s’y refléter ?
Votre cave vous étant familière, vous pourrez certes percevoir par vos sens la nature des objets qui s’y trouvent et au besoin les reconnaître, même sans lumière ; mais vous disposeriez en vain un miroir dans cette cave obscure, car, sans lumière, il ne vous donnera jamais la moindre image des objets de la cave.
2. Il en va de même chez un homme au cerveau corrompu et obscur, instruit par le monde.
Aucun rayon de lumière n’en jaillit, portant en lui les formes spirituelles appropriées pour les transférer de l’obscur cerveau matériel au cerveau animique, donc déjà spirituel, et les tablettes cérébrales de l’âme, complètement étiolées, demeurent elles-mêmes obscures et vides ;
même si la lumière de l’esprit pénétrait alors jusqu’à elles, cela ne servirait pas davantage à l’esprit et à l’âme qu’à un homme une lampe dans une pièce parfaitement vide, simplement badigeonnée de chaux.
3. Que verra-t-il dans cette pièce ? Rien que des murs nus ! Quelle y sera son étude ? À coup sûr, seulement l’ennui le plus désespérant !
Et, comprenant cela, il se dira à lui-même : “Quitte cette chambre vide avec ta lampe ; car il n’y a rien ici ! Emporte cette lumière là où il y a quelque chose à éclairer !
La lumière doit servir à quelque chose — pourquoi l’utiliser à éclairer ces quatre murs nus et qui, éclairés ou non, le resteront ?!”
4. Quand la lumière de l’œil de l’esprit regarde sur les tablettes du cerveau de l’âme et qu’elle les trouve vides, aucun œil d’aucun esprit ne viendra plus ensuite les éclairer de sa lumière, et l’obscurité y demeurera pour ainsi dire éternelle !
Mais s’il en est incontestablement ainsi et pas autrement, où une âme trouvera-telle dans l’au-delà les matériaux nécessaires à la construction d’un monde qu’elle puisse habiter ? Comment s’y prendra-t-elle ?
Je pourrai Moi-même secourir cette pauvre âme, dites-vous ? Oh, certes, mais jamais, au grand jamais, par une sorte de pitié humaine faible et inopportune, mais uniquement selon Mon ordonnance éternelle immuable, dont vous savez qu’elle a le bras très long, très patient et d’une suprême longanimité !
5. Ce n’est que lorsque cette insigne misère aura atteint le point culminant où l’âme, violemment oppressée par le plus profond désespoir, entrera dans une sorte d’incandescence, que de la suprême terreur et de l’angoisse de son cœur monteront vers son cerveau comme des étincelles incandescentes jaillies d’une forge au feu dévorant,
et alors s’imprimeront sur les tablettes de son cerveau les images crépusculaires de son dénuement, de son tourment, de sa peine, de sa douleur, de sa misère, de sa faiblesse et de sa solitude ;
c’est alors seulement qu’il se formera en elle quelques maigres idées et que, après bien longtemps, elle pourra commencer à se construire d’elle-même, à partir de ces pitoyables images, un monde habitable d’une extrême pauvreté !
6. Un tel bien ne sera assurément envié de personne, et il s’écoulera encore un temps extrêmement long avant que cette âme puisse d’elle-même améliorer quelque peu son état et sa demeure. Il faudra à nouveau de bien puissantes contraintes pour faire effectivement revivre son cœur !
Ce n’est que par la répétition d’innombrables états de nécessité qu’une telle âme se constituera intérieurement une provision des notions, pour le moins d’une grande tristesse, qu’elle aura d’elle-même,
et commencera ainsi à organiser sur son propre sol des moyens qui lui permettront de ne plus retomber aussi facilement dans le dénuement et le désespoir les plus complets !
7. On pourrait à bon droit appeler cela un capital et une juste récolte ; mais quelle gêne y règne encore, quelle pauvreté et quelle gaucherie !
8. Si l’on abandonnait des enfants en bas âge dans une épaisse forêt, il se pourrait que l’un ou l’autre parvienne à se tirer d’affaire. Imaginons par exemple un petit garçon et une petite fille abandonnée juste sous un figuier dont les fruits, tombant dans leur giron, les nourriraient jusqu’à un âge où, devenus complètement sauvages, ils se mettraient à chercher une autre nourriture.
Ils grandiraient, parviendraient à la puberté, concevraient des enfants, et, en peu de siècles, cela deviendrait tout un peuple ; mais ce peuple demeurerait sans éducation ni révélation d’en haut !
9. Va dans un tel peuple et informe-toi de sa culture, et tu te convaincras d’avoir affaire non à des hommes, mais à des bêtes bien plus sauvages et féroces que tous les tigres, les hyènes, les loups et les ours !
Tu ne trouveras parmi eux nul langage, mais seulement l’imitation de toutes sortes de bruits naturels par lesquels ils ne se communiquent pas autre chose que leur désir ou leur volonté très fruste.
Ils mangeront crus tant les autres hommes que les animaux et les fruits — et eux-mêmes en cas de grande famine. Leur occupation consistera en une quête constante de nourriture.
10. Ce n’est qu’après plusieurs siècles encore — lorsqu’ils auront franchi les limites de leurs forêts vierges aussi vastes que des pays et rencontré quelque peuple civilisé qui, les ayant repoussés, en aura capturé quelques-uns et leur aura donné une éducation,
et lorsque cela se sera produit de nombreuses fois et que les plus aventureux d’entre eux, pour certains anciens captifs, mais désormais pourvus de quelque éducation, seront revenus parmi leurs congénères — que toute cette race accédera avec le temps à une certaine culture, cependant fort éloignée, bien sûr, d’une véritable formation spirituelle humaine !
11. Combien de temps faudra-t-il encore à un tel peuple pour accéder seulement à votre culture extérieure et mondaine, et combien de temps pour accéder à votre présente culture spirituelle, du moins par les seules voies naturelles ! » GEJ4 CH237 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)