1. Cyrénius dit: « Tu as parfaitement raison et je reconnais en toi la sagesse d’un très brave homme. Il faut que je te nomme à une fonction munie de pleins pouvoirs. »
2. Ebahl dit : « Ce sera difficile, car je suis un Juif à qui le Temple interdit d’accepter quelque poste ou quelque honneur que ce soit des Romains ! »
3. Cyrénius dit : « Qu’en serait-il si je te faisais citoyen romain ? Si tu le deviens, tu peux accepter n’importe quelle charge romaine, et nous saurions alors combattre convenablement le Temple s’il s’y opposait ! Je te fais citoyen romain si tu le veux ! »
4. Ebahl dit : « Altesse, j’accepte ton offre pour la pure liberté qu’elle représente et non pour la dignité qui met en vue le citoyen romain !
De cœur je resterai toujours un véritable Juif, car il n’y a aucun doute que l’authentique vieux judaïsme est venu du ciel aux hommes et que le salut ne se trouve qu’en lui, mais pour le monde extérieur, je veux bien être un Romain comme si j’étais né à Rome d’une Romaine irréprochable ! »
5. Cyrénius dit : « Tu vas recevoir aussitôt de mes propres mains le parchemin valable en tout temps te donnant tous les droits d’un citoyen de la ville de Rome !
Quand tu montreras cette lettre aux templiers, ils te laisseront certainement en paix et tu seras alors plus en mesure que jusqu’ici d’aider l’humanité ! Aussi je le veux, et qu’il en soit ainsi ! »
6. Là-dessus, Cyrénius fit signe à son scribe privé, lequel apporta aussitôt la lettre. Cyrénius écrivit son nom au bas et tendit la lettre à Ebahl.
7. Ebahl, très touché par les bontés du gouverneur, remercia Cyrénius de tout son cœur et finit par exprimer ainsi sa reconnaissance : « En vérité, je n’avais jamais souhaité un tel honneur, ici, dans les environs de Césarée !
Cette lettre quant à moi sera suivie des meilleurs effets pour l’humanité, d’autant qu’elle me donne droit et plein pouvoir impérial de nommer citoyen romain tout Juif honnête, avec tous les droits et les avantages de la citoyenneté romaine.
En vérité, notre région comptera bientôt une foule de citoyens romains et les départs des Pharisiens de la contrée se multiplieront comme l’herbe au printemps ! Oh, ce sera merveilleux ! »
8. Marc, qui était à côté, dit : « Frère, tu as raison, il est vrai, de t’en réjouir, car c’est une grande chose que d’être citoyen romain ! Je le suis de naissance ; mais je n’en dois pas moins payer un tribut chaque année au Temple.
Ils ne prennent que la dîme aux Juifs, mais à nous, Romains, par un droit obtenu auprès de la cour de Rome, ils nous prennent un tribut ; et il faut savoir s’y prendre pour le réduire à la dîme antique.
Cette obligation des citoyens romains de payer ce tribut au Temple devrait être annulée sans autre, il est trop lourd et par ailleurs enrichit excessivement le Temple, et les deux choses sont mauvaises !
9. Parmi ces bandits en route pour Sidon se trouvent aussi quelques provocateurs à la solde du Temple.
Il est vrai que l’obligation de payer ce tribut n’est effective que dans quelques principats de Canaan et qu’ailleurs le Temple ne peut exercer ses droits que là où Rome l’y autorise,
mais les Templiers ne s’en contentent pas et, grâce à des faux, ils empiètent sur les droits des citoyens romains qu’ils obligent à payer pour le moins la dîme. Ce matin encore j’ai dû leur payer la dîme de ma pêche, sans quoi ils m’auraient causé les pires ennuis !
10. À mon avis, Rome devrait retirer au Temple tous les avantages qu’elle lui accorde, sinon Rome court le danger de voir bientôt se produire en Asie soulèvement sur soulèvement,
et avant quarante ans d’avoir le fâcheux honneur de devoir reconquérir Canaan et l’Asie Mineure d’alpha à oméga pour la seconde fois ! C’est mon avis et j’y tiens beaucoup, parce que je connais parfaitement tous les faits du Temple que j’ai en horreur. »
11. Cyrénius dit : « Pour cette hache déteriorée on trouvera bien un manche ! Mais si ces templiers se mettent à vouloir exiger un tribut dans cette contrée et perçoivent leur dîme, nous ferons en sorte que la foudre ne manque pas de s’abattre sur le Temple. Cette puissance du Temple aura pour Rome les pires conséquences.
12. (Se tournant vers le Capitaine Jules 🙂 Toi, Jules, tu recevras dès aujourd’hui encore quelques rouleaux de blancs-seings signés de moi dont tu pourras faire usage. »
13. Jules dit : « Tout irait bien si la tétrarchie de Judée n’était pas aux mains de cet insatiable Hérode, qui a quasiment tous les pouvoirs ; d’autant qu’à Jérusalem l’insouciant gouverneur Ponce Pilate est tout heureux lorsqu’on le laisse en paix, de sorte qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de lui ! Mais il y a encore une autre circonstance fâcheuse à considérer : impose au Temple mille lois, si contraignantes soient-elles, et, tel Protée, il trouvera moyen de passer au travers ! Et que pourra-t-on faire alors ?
14. Il est fort risqué d’exercer une violence visible contre le Temple, car le peuple de Judée tient à ses prêtres qu’il prend pour des demi-dieux et des médiateurs entre leur Dieu et les hommes. Si l’on agissait ostensiblement contre le Temple, on aurait aussitôt sur le dos l’insurrection de toute la Judée. Il faut prendre toutes les précautions avant de faire quoi que ce soit !
15. En Galilée et notamment à Génézareth, qui a toujours été une exception et où le peuple est déjà très éclairé, on peut entrer en campagne contre ces bêtes noires, mais en Judée c’est impossible ! Si on veut entreprendre quoi que ce soit contre le Temple, il faut avant tout bien réfléchir !
16. Le Temple connaît toutes les ruses pour obtenir de Rome toutes sortes de privilèges que nous devons respecter aussi longtemps que nous avons le bonheur et l’honneur d’être Romains !
Et si les choses en restent là, les chartae albae (c’est-à-dire les blancs-seings) ne servent pas à grand-chose. Et pour ma région je suis d’ailleurs moi-même une charta alba suffisante ! Par ailleurs, elles peuvent toujours servir.
17. À Génézareth et dans ses vastes environs, j’ai empêché les templiers de prélever leur tribut et leur dîme d’une telle manière qu’ils renonceront certainement pour toujours à leur rapacité, et, pour autant que je sois bien renseigné, notre brave commandant Cornélius a déjà fait la même chose à Capharnaüm !
Ainsi la Galilée, exception faite de quelques répressions exercées par Hérode, est relativement libérée des tracasseries du Temple, mais il n’est pas encore possible de le faire dans la puissante Judée.
C’est mon avis. Mais toi, Altesse, tu peux ordonner ce que tu veux, et je serai toujours ton serviteur et valet prêt à te servir ! » GEJ2 CH192 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)
