1. Cyrénius demande : « Seigneur, si seuls seront capables plus tard de percevoir en esprit Ta sainte parole ceux qui y seront préparés physiquement même et surtout spirituellement, il ne servira donc pas à grand-chose à ceux qui ne seront pas capables de cela de parvenir eux aussi, par l’existence la plus austère, à la véritable renaissance de l’esprit : il ne leur sera malgré tout pas accordé la grâce d’entendre dans leur cœur Ta sainte parole ! Car ils ne pourraient la supporter, puisqu’ils n’y auront pas été préparés et destinés depuis David. Je veux dire par là que tous les hommes, qu’ils soient d’en haut ou d’en bas, devraient pouvoir accéder aux mêmes facultés s’ils conforment leur vie à Ta volonté ! L’esprit qui imprègne leur âme et en définitive leur corps lui-même ne devrait-il pas être pourtant capable de supporter une parole de Toi ? ! »
2. Je dis : « Ami, tu es particulièrement cher et précieux à Mon cœur ; mais en l’occurrence, ta question montre que tu as encore jugé comme un aveugle juge les belles couleurs de l’arc-en-ciel. Avec de tels jugements, Je devrais même m’étonner que les membres de ton corps ne se soient pas encore révoltés contre ta tête parce qu’ils ne sont pas eux aussi pourvus des facultés dont ta tête se glorifie.
3. Tes pieds sont par eux-mêmes aveugles et sourds, et pourtant, malgré leur maigre partage, ils doivent accomplir le travail le plus dur. Tes mains doivent exécuter ta volonté à l’extérieur et faire tantôt ceci, tantôt cela, et pourtant, elles n’ont pas d’yeux pour voir la beauté de la lumière, pas d’oreilles pour entendre les chants harmonieux : elles n’ont pas davantage les sens de l’odorat et du goût pour apprécier les épices qui agrémentent l’existence ! Trouves-tu pour autant que tes membres soient mal lotis en comparaison de ta tête ?
4. Sinon, le buisson d’épines ne devrait-il pas se plaindre de la vigne et dire: “Quel crime ai-je donc commis, que la grâce ne puisse m’être accordée de me parer moi aussi de beaux raisins?”
5. Ne sais-tu pas encore non plus que tout a été mesuré par Moi au plus juste et que tout a sa destination ?! De même que, des différentes parties de ton corps, chacune sert toutes les autres avec les capacités qui n’appartiennent qu’à elle, de même les hommes ont toutes sortes de capacités diverses et peuvent se rendre utiles les uns aux autres, et c’est précisément cela qui cause et qui constitue la félicité suprême de l’existence.
6. Si ta tête et ton cœur sont joyeux, toutes les autres parties de ton corps seront également gaies et joyeuses : mais si une seule petite partie éprouve une quelconque souffrance, c’en est fini de la gaieté de la tête, du cœur et de toutes les autres parties pourtant parfaitement saines elles-mêmes ! Toutes s’attristent pour cette unique autre partie et mettent tout en œuvre pour l’assister et lui rendre la santé.
7. C’est assurément une belle mission que d’avoir la faculté d’entendre la voix de Mon amour, d’écrire ce qu’elle dit et de la transmettre aux autres hommes à qui cette faculté fait défaut, s’ils en sont assoiffés : mais c’est une faculté tout aussi belle que de pouvoir conserver en son cœur ce qu’on a entendu et d’y conformer sa vie. Lorsqu’un homme, même s’il vient d’en bas, est ainsi parvenu à faire renaître son esprit, il en recevra bientôt la récompense à coup sûr largement mesurée, et il ne se plaindra pas davantage de ceux qui sont capables d’entendre la Parole que ton petit doigt s’est jamais plaint de n’être pas un de tes yeux ! Dis-moi maintenant si tu es satisfait de cette réponse ! »
8. Cyrénius dit : « Plus que parfaitement, ô Seigneur Et je ne Te poserai plus jamais d’aussi stupides questions ! Mais à présent que Tu ne seras plus dérangé, accorde-nous cette grâce de voir un peu plus clair. GEJ4 C113