1. Jarah dit : « Cela va de soi ! Si, comme cela est clair, il en est vraiment comme tu viens de me l’expliquer si franchement, je n’ai plus rien à dire contre vous. Si votre intention est bonne, sa réussite ne peut être mauvaise en fin de compte, même si son bénéfice n’apparaît pas clairement aux yeux du monde.
Je me laisse certes moins que quiconque tromper par les apparences ; mais je comprends aussi que la nature humaine fait qu’il est plus facile de parvenir à une bonne volonté honnête qu’à la pure vérité qui seule fera de cette bonne volonté une vraie lumière vivante et agissante.
D’après ce que tu dis, votre intention, dans l’ensemble, a toujours été bonne, et si elle a été noircie ici ou là, cela n’a pu changer grand-chose au total.
2. Mais aujourd’hui, en sus de votre bonne volonté, voici que vous recevez la très pure lumière de la vérité éternelle qui donnera à votre dessein, déjà bon à l’origine, les bons et justes moyens grâce auxquels il réussira à coup sûr au mieux, aussi est-il clair qu’il n’y a que du bien à attendre de vous ! — Ô Seigneur, bénis mes humbles paroles, afin qu’elles deviennent une vérité pour tous les temps ! »
3. Je dis : « Oui, Ma Jarah mille fois chère, elles seront bénies, tes paroles merveilleuses et si vraies.
4. Rome demeurera le séjour privilégié de Ma doctrine et de Ma grâce particulière, et cette ville impériale atteindra un âge que seules atteindront au monde quelques rares villes d’Egypte, toutefois moins intactes que Rome. Les ennemis extérieurs ne lui feront guère de mal, et les dommages qu’elle subira, elle ne les devra qu’au temps et à ses rares ennemis intérieurs !
5. Hélas, même dans cette puissante cité, Ma doctrine deviendra par la suite quelque peu idolâtre ; mais, malgré cela, c’est là que Ma parole et la morale dans sa meilleure acception seront encore le mieux préservées.
6. Dans des temps très éloignés, l’esprit de Ma doctrine y aura beaucoup perdu. Les hommes n’en mâcheront plus que la croûte en la prenant pour le pain spirituel de la vie ; mais Je saurai bien trouver les moyens de ramener peu à peu cette cité dans le droit chemin !
Et l’adultère et la fornication auront beau s’y commettre, Je saurai la purifier le moment venu !
7. De plus, elle demeurera toujours le lieu où seront prêchés l’amour, l’humilité et la patience, et c’est pourquoi il lui sera en tout temps beaucoup pardonné, et les grands de la terre seront nombreux à s’y rendre et à vouloir entendre de sa bouche les paroles de leur salut.
8. Cependant, rien sur cette terre ne demeure longtemps parfaitement pur, et il en ira de même de Ma parole ; mais c’est encore à Rome qu’elle demeurera le plus pure, pour les besoins de cette vie et en tant que relique de l’histoire !
9. Je te donne ici cette assurance, Mon très cher ami Cyrénius, en bénissant pleinement les paroles très belles et très véridiques de notre Jarah bien-aimée !
10. Dans mille ans et encore mille ans, tu verras que Mes paroles concernant la permanence et la grandeur de Rome se seront pleinement accomplies !
11. Quant à Jérusalem, elle sera si bien détruite que dès ce moment, on ne saura plus où elle s’élevait naguère. Ceux qui viendront après rebâtiront certes une petite ville du même nom ; mais son aspect et sa situation seront différents.
Et cette petite ville elle-même devra subir bien des affronts de la part d’ennemis extérieurs, et, sans importance et sans gloire, sera désormais le nid de toute une vermine dont la misérable existence se nourrira de la mousse des pierres de la cité actuelle.
12. J’aurais certes voulu faire de cette antique cité de Dieu la première de la terre ; mais elle ne M’a pas reconnu, au contraire, elle M’a traité comme un voleur et un assassin !
C’est pourquoi elle tombera pour toujours et ne se relèvera plus jamais des cendres de l’ancienne malédiction qu’elle a bien méritée, qu’elle a elle-même voulue et prononcée de sa propre bouche ! — Es-tu satisfaite à présent de Ma bénédiction, Ma Jarah mille fois bien-aimée ? »
13. Jarah, émue jusqu’aux larmes, répond : « Ô Seigneur, Toi mon unique amour, qui ne serait satisfait des paroles que Tu prononces, surtout lorsqu’elles renferment une promesse si grande et si profonde pour des temps si lointains ?
Mon cher et noble Cyrénius semble lui-même fort content, ainsi que Cornélius, Faustus et notre ami Jules.
Quant à savoir si les enfants de Jérusalem, dont plusieurs sont assis à cette table et aux autres, seront aussi contents de Tes promesses, cela me paraît être une tout autre question ; car leurs visages ne rayonnent pas de la même joie que ceux des Romains ! »
14. À cette remarque fort judicieuse, plusieurs de ceux qui venaient de Jérusalem se levèrent et dirent : « On ne doit certes pas souhaiter la perte de sa patrie tant qu’elle n’est pas devenue un repaire de voleurs et de bandits ; mais si elle l’est devenue, elle ne doit plus être épargnée !
En ce cas, ceux qui en sont issus ont le droit — sans crainte de commettre un péché — de la renverser de leur propre main sur les têtes des méchants qui y demeurent et d’effacer définitivement toute trace de son existence passée.
15. Si Jérusalem, comme nous le savons fort bien, n’est rien d’autre qu’un repaire de bandits, pourquoi nous affligerions-nous si le Seigneur, comme II le fera certainement, lui envoie la récompense qu’elle mérite depuis si longtemps ?!
La seule chose qui nous attriste, c’est que, malgré tous les avertissements, cette cité de Dieu pourvue de tant de grâces en soit venue pour la troisième fois à un point où Dieu Lui-même doit la punir de la manière la plus impitoyable !
Mais nous connaissons Sa patience et Sa longanimité, et elles nous prouvent avec certitude à quel point cette ville a mérité le châtiment le plus sévère, ce pour quoi, en vérité, on ne doit pas la plaindre ni même la regretter. 16. VOLENTI NON FIT INJURIA(*) !
(*) II n’y a pas d’injustice envers ceux qui consentent », autrement dit : ils l’auront mérité. à la porte l’excellent médecin !
Si un homme, quand il fait grand jour, veut lui-même se jeter dans un puits, qui le plaindra ou le regrettera ? Pas nous !
Nous n’avons encore jamais éprouvé de pitié pour les vrais imbéciles, surtout lorsqu’ils voulaient briller comme de grands sages aux yeux du monde entier ; et ils méritent encore bien moins la pitié quand la grande sagesse qu’ils affichent, et qui n’est en vérité qu’une énorme sottise, veut se faire passer pour une réalité au prix de toutes sortes de méchancetés et de ruses des plus retorses.
17. Il est sans doute vrai qu’une âme humaine malade mérite davantage de pitié que le faible corps d’un homme malade.
Mais quand un homme dont le corps est malade a encore toute sa raison, si un médecin plein de jugement et d’une grande expérience vient le trouver et, ayant reconnu sa maladie, veut le guérir et en est capable à coup sûr, et que ce malade, au lieu de suivre le conseil salutaire du médecin, le fasse jeter dehors par ses serviteurs, nous vous le demandons, qui pourra encore avoir pitié d’une âme si malade ?
Pas nous, ni aucun autre assurément ! Il ne reste plus à un tel imbécile qu’à tomber dans la maladie la plus cruelle et la plus douloureuse possible, dont seules les souffrances lui feront comprendre combien il a été stupide de mettre
18. La bêtise en soi mérite la pitié, parce qu’un idiot n’y peut rien s’il est bête depuis le berceau ; mais il est des hommes — tels la plupart des grands prêtres, des Pharisiens et des lévites — qui, sans l’être vraiment, jouent délibérément les imbéciles afin de mieux faire servir leurs desseins honteux et parfaitement égoïstes par la pauvre humanité qu’ils ont eux-mêmes abêtie !
Ce ne sont plus des hommes à l’âme malade, mais de vrais loups en pleine force déguisés en agneaux, et ils ne méritent donc pas autre chose que d’être abattus par des flèches acérées ; car toute pitié de la part d’un cœur humain ne serait, en ce cas, que grossière stupidité.
19. Qui, sur toute la terre, pourra bien regretter que le soleil levant donne le coup de grâce à la nuit ? Quel fou pleurera un rude hiver, une tempête furieuse, la fin d’une épidémie de peste ou d’une succession de mauvaises années ?
Mais nous pensons qu’il serait encore bien plus bête de s’affliger quand le Seigneur, très bientôt, nous enverra la plus grande de Ses grâces. Ah, il est certes triste que Jérusalem ne veuille pas reconnaître et recevoir la très claire lumière de l’esprit ; car pour y vivre, il faut être devenu tout entier un Satan de ce monde !
Et un tel lieu ne mérite que le feu et le soufre du ciel ! Il y a bien longtemps que Sodome et Gomorrhe gisent au fond de la mer Morte ; qui songerait à pleurer ces maudites ? Et l’on ne pleurera pas davantage Jérusalem !
20. Très gracieuse Jarah, tu t’es donc quelque peu fourvoyée en portant ce jugement sur nous. Car vois-tu, l’apparence n’est pas toujours le reflet de la vérité, et elle peut parfois tromper ! Ne crois-tu pas toi aussi qu’il en est et en sera sans doute toujours ainsi ? Qu’en penses-tu ? »
21. Jarah dit : « Oh, Seigneur, Toi mon amour, pourquoi faut-il donc que je ne sois jamais capable de bien juger les hommes ?
Vraiment, il y aurait presque de quoi se mettre en colère ! Tout à l’heure, j’ai reçu les remontrances, certes douces, de Cyrénius, et maintenant de tous ceux-là ! Ils ont tous raison, et moi seule ai tort, de toute évidence, puisqu’ils disent la vérité, et non moi. Ô Seigneur, aide-moi à avoir un peu plus de discernement, afin que je ne me trompe plus sans cesse dans mes jugements ! » GEJ5 CH9 untitled (retour-du-christ.fr)