Amour ou coercition.

1. Je dis : « Écoutez, à la tombée du jour une fille revient d’un endroit éloigné où elle s’est rendue pour les affaires de ses maîtres, mais elle s’est attardée tant et si bien qu’à son retour, surprise par la nuit, elle trouve à son grand soulagement la maison d’un pieux ermite comme il y en a dans toutes les contrées de la Judée, et qui mènent une existence austère en vue du royaume de Dieu. Dans la nuit orageuse, la fille frappe à la porte de l’ermite et demande l’hospitalité pour la nuit.

2. L’ermite sort, voit la fille dont la présence pourrait souiller sa hutte et lui dit, emporté d’un saint zèle : “Ne franchis pas le seuil de ma sainte hutte qui est consacrée à Dieu, ô être impur, tu la souillerais, et ensuite j’en serais moi-même souillé ! Continue ta route, va-t’en d’ici et retournes là d’où tu viens !”

Sur ce, il ferme sa porte et laisse tout bonnement la fille en larmes, bien heureux d’échapper au danger d’une souillure, Il s’en retourne avec contentement, loue Dieu dans sa hutte, Lui rendant grâce de l’avoir protégé d’un tel danger pour son âme, et ne se soucie plus de cette pauvre fille. Que lui importe qu’il lui arrive malheur dans la nuit !

3. Une heure plus tard, la même fille malmenée par la tempête, arrive à la porte d’un péager malfamé qui passait aux yeux des Juifs pour un grand pécheur. Cet homme entend déjà de loin les cris désespérés de la pauvre fille, car il veille à son poste de garde et il n’est pas un couche-tôt, ce pourquoi les Juifs purs l’appellent un “mauvais sujet”.

4. Mais ce mauvais sujet allume aussitôt une torche et va en hâte à la rencontre de la fille désespérée. Quand il la trouve en pleurs et chancelante, il la console, la prend dans ses bras puissants, la porte à sa demeure, lui donne à boire et à manger et lui prépare une bonne et tendre couche.

Le lendemain matin, il la restaure encore, puis il selle deux montures et raccompagne jusqu’à sa demeure éloignée la fille bien remise de ses frayeurs de la nuit.

5. Voilà l’ermite, un austère pénitent, vivant dans la permanente mortification qu’il s’impose à lui-même, évitant tout ce qui pourrait souiller si peu que ce soit son âme qu’il croit pure et pensant plaire ainsi infiniment à Dieu ;

mais il tient en même temps beaucoup à ce que le monde le prenne pour un dévot irréprochable, d’autant qu’il est connu pour n’avoir jamais vu une fille mettre les pieds chez lui. Naturellement, il tient à la pureté morale de sa hutte qui pourrait être souillée par les pieds d’une fille dont on ne peut savoir quand elle a sa période impure.

6. Pour le péager, peu importe que le monde le blanchisse et le noircisse, sa maison passe pour être la plus impure, au point qu’aucun Juif authentique n’en franchit le seuil de peur d’être souillé pour dix jours au moins !

Aussi, peu lui importe ce que les gens disent, il agit selon son cœur et pense : “Je suis un grand pécheur plein d’impureté, je veux cependant exercer la compassion pour trouver un jour moi-même la compassion de Dieu !”

7. Dis-moi, Mon cher Josoé, à qui donnes-tu finalement ta préférence ? »

8. Josoé dit en souriant : « Oh ! sans hésiter au péager, car s’il n’y avait sur terre que des ermites comme celui-là, tout irait mal, les hommes ne pourraient plus vivre.

Avec sa pureté morale, ce stupide ermite pourrait aussi bien aller se faire pendre dix fois, et si j’étais chargé de la réception des morts dans l’au-delà, cet ermite n’aurait que la toute dernière place et il n’en aurait pas d’autre jusqu’à ce qu’il devienne semblable au péager. Ai -je raison ou pas ? » GEJ2 CH208 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *