1 Les trois frères s’en vont alors avec un visage souriant vers les pauvres femmes. Arrivés auprès d’elles, Borem prend la parole:
2 (Borem) « Chères sœurs, écoutez-moi bien patiemment! Je veux remettre les choses à leur place, pour votre bien à toutes, car je sais que votre cœur souffre.
Et je sais aussi que ce frère, chez qui vous avez cherché tout à l’heure à faire valoir vos droits, vous a renvoyées durement. En tant qu’hôte, je ne pouvais pas l’interrompre, car chacun est maître dans sa maison.
3 Mais maintenant, le Maître de tous les maîtres m’a autorisé, même en tant qu’invité, à faire régner le droit de l’Amour.
Aussi, selon mes forces, je vais essayer par tous les moyens de rétablir l’ordre des choses pour vous et, au nom du Seigneur, vous alléger de tout ce qui vous attriste et offense votre cœur. Mes chères sœurs, êtes-vous d’accord? »
4 Les femmes répondent d’une seule voix ! « Oh oui, bon et cher ami! En vérité, tu es sûrement un véritable ami de Dieu et nous allons volontiers tout accepter de ta part ! Car tu es bon et honnête envers nous et comprends la souffrance de nos cœurs.
Mais nous ne voulons plus avoir affaire à ce Martin. Au lieu de reconnaître notre misère, de nous consoler et de nous montrer la vérité au cas où nous nous serions trouvées sur un mauvais chemin, oui, au lieu de cela, il nous a envoyées en enfer dans le bain des diables.
Vraiment, c’est une conduite très peu céleste de la part de quelqu’un qui est, ou du moins se dit un haut citoyen du Ciel. C’est pourquoi nous aimerions mieux qu’il ne revienne plus, afin que nous ne devions pas nous irriter à sa vue. »
5 Borem : « Chères sœurs, ne pensez plus à cela et faites-moi confiance! Je vais tout arranger ! Voyez: notre frère Martin n’est pas un mauvais esprit; il est même bon par la Grâce du Seigneur, tout comme moi.
6 Nous avons eu bien du fil à retordre avec ces hôtes encore très méchants qui sont à présent dans le bain et nous étions, il est vrai, dans un état de contrariété regrettable. Lorsque, n’en pouvant plus de ces efforts trop pénibles pour nous, nous vînmes chercher conseil auprès de cet Ami tout-puissant, vous êtes arrivées au moment le moins favorable.
Et Martin, qui est facilement irritable, vous a certes reçues de façon un peu dure et sèche, pour des raisons bien pardonnables.
7 C’est pourquoi je pense que vous n’aurez pas de mal à ne plus lui en vouloir, vu qu’il est en fait plein d’amour pour vous et se réjouit beaucoup de vous saluer toutes en tant que ses invités. Je crois que vous agirez ainsi, tout comme je le ferais sûrement si vous m’aviez offensé. »
8 Les femmes répondent : « Sache, très cher ami, que nous voulons toutes et de bon cœur faire ce que tu nous dis. Mais nous ajoutons ceci à la honte de Martin : ce n’est que par amour pour toi que nous le faisons et jugerons avec indulgence son manque de politesse.
Mais si, plus tard, il nous traitait à nouveau si grossièrement, nous ne pourrions plus lui pardonner aussi facilement.
9 Il est vrai que c’est un homme bon et c’est une réelle joie de contempler sa belle silhouette. Mais à quoi sert l’apparence extérieure si le cœur manque autant de douceur qu’une pomme encore verte?
Si Martin nous aborde de la même manière que toi, il reconnaîtra aussi en nous des cœurs qui ne sont pas sans amour. Mais s’il joue au maître de maison tyrannique, il trouvera tout autre chose.
10 Pourtant, nous aussi à présent sommes célestement belles, Dieu en soit loué. Les hommes, qui se trouvent ici en grand nombre, nous ont déjà regardées avec grand plaisir, bien que nous n’en irions point de vanité – car nous savons bien que toute la beauté extérieure est un cadeau du Seigneur.
Mais c’est tout de même blessant que précisément Martin et ce puissant ami qui est le vôtre ne trouvent rien en nous qui leur procure quelque plaisir.
11 Au fond, ces deux sœurs ne sont pas plus belles que nous, mais cet ami les aime par-dessus tout et ne s’occupe presque exclusivement que d’elles.
Nous sommes ici comme de pauvres pécheresses auxquelles personne ne fait attention, car tous les yeux sont fixés sur ces trois-là. Et cela ne devrait pas nous offenser?
Et si pendant un moment nos cœurs ont pu former les plus hautes conjectures au sujet de cet homme, celles-ci ne doivent-elles pas s’évanouir en fumée si rien ne nous est donné pour les entretenir?
12 Vois, le cœur a aussi besoin de nourriture pour devenir fort en amour. Mais comment pourrions-nous fortifier nos cœurs si, au lieu de les nourrir, on leur impose jeûne sur jeûne? »
13 Borem répond: «Oui, ô mes sœurs très dignes d’être aimées, votre désir est légitime. Ayez seulement un petit peu de patience et bientôt vos cœurs seront pleinement rassasiés! – Vous savez bien qu’un bon médecin soigne d’abord les malades et ne visite qu’ensuite les bien-portants.
14 Il en va de même ici. Ce n’est que lorsque ces deux patientes seront pleinement rétablies que ce médecin viendra auprès de vous.
C’est pourquoi, ayez encore un peu de patience et suivez-moi: je vais vous montrer à toutes quelque chose de vraiment prodigieux!»
15 Les femmes reprennent: « Cher ami, cela n’est vraiment pas nécessaire. Car il y a dans cette énorme salle tant de merveilles les plus extraordinaires que la vue ne peut jamais s’en lasser!
16 Ainsi, ce magnifique plancher qui a l’air d’être fait avec les plus nobles pierres précieuses, aux couleurs infiniment variées et à l’éclat scintillant, imbriquées en de splendides guirlandes!
17 Ces grandes et somptueuses colonnes qui supportent des galeries indescriptiblement belles! Elles lancent de tels feux qu’on les dirait incrustées des rubis les plus flamboyants dans lesquels mille étoiles tournoient telles de petits poissons d’or qui créent constamment de nouvelles et merveilleuses formes lumineuses.
18 Il y a encore ici des milliers et des milliers de merveilles de toutes sortes pour lesquelles nous n’avons pas de nom. Aussi, nous n’avons nullement besoins d’en voir encore d’autres.
19 Nos yeux sont rassasiés et n’en demandent pas davantage. Mais il en est tout autrement de nos cœurs! Vois, ceux-ci sont encore bien négligés! A quoi sert de réjouir les yeux lorsque le cœur souffre? C’est pourquoi, occupe-toi d’abord de nos cœurs et alors nos yeux seront satisfaits de peu de choses! »
20 Borem: « Chères sœurs, votre demande est juste et légitime! Mais vous me la faites savoir avant d’avoir profité de l’expérience que je veux que vous fassiez!
Savez-vous vraiment si cela ne sera pas précisément ce dont vos cœurs ont besoin? Savez-vous d’avance en quoi consiste la magnificence de ce que je vais vous montrer? N’y a-t-il de merveilles que pour les yeux? Ne peut-il pas y avoir quelque chose de suprême uniquement pour le cœur?
21 Qu’est-ce donc qui compte le plus: l’œil ou le cœur? L’œil ne peut-il être aveugle bien que le cœur baigne dans toute la plénitude de l’Amour vivant? Quel œil humain terrestre peut bien voir Dieu?
Voyez, dans ce cas-là, tout œil de chair est aveugle; mais le cœur peut se représenter Dieu et L’aimer. Oui, il peut même devenir pour Lui, le Seigneur, un temple vivant dont Il fait Sa demeure! Qu’est-ce donc qui est le plus important, l’œil ou le cœur?
22 Mais s’il en est ainsi, comment pouvez-vous vous imaginer, chères sœurs, que je veuille vous conduire, ici, dans le royaume de Dieu, quelque part où il n’y aurait de merveilles que pour les yeux?
23 Je vous le dis: ici, tout n’a de valeur qu’à travers le cœur! L’œil n’est qu’une lampe pour éclairer ce qui se passe dans le cœur, ce qui provient du cœur et ce qui va vers lui. De même, la merveille que je veux vous montrer n’est pas préparée pour vos yeux, mais uniquement pour vos cœurs.
24 Toutefois, comme personne n’est aveugle ici, dans le royaume de Dieu, mais que chacun jouit de sa vue – qui est aussi forte que le cœur – l’œil est sans cesse témoin de ce qui se passe pour le cœur et de ce qui en provient.
Ainsi, vous verrez également, avec vos yeux, ce qui va se passer pour votre cœur. A présent, suivez-moi! »
25 A ces paroles de Borem, toutes les femmes suivent les trois frères jusqu’à la porte qui conduit aux sphères du Soleil. EM CH125 EM.pdf (retour-du-christ.fr)
