1. Josoé : « En Ton nom, je veux très brièvement essayer, mais que mon avis soit juste est évidemment une autre question !
2. Les pieds de l’homme sont visiblement placés plus bas que ses mains, mais si les pieds de l’homme ne le portaient pas jusqu’à l’eau, ses mains ne pourraient pas les laver de la poussière et de la saleté. Je pense donc que le service d’un esclave est aussi nécessaire que le service du maître.
Lorsque les pieds glissent, tout l’homme tombe et il est donc souvent plus nécessaire de veiller à ses pieds, les esclaves du corps, qu’à tous ses autres membres. Stupides et sans volonté, les pieds doivent porter le corps pesant et oisif le jour durant et n’ont finalement pour toute récompense que quelques ablutions à une source, alors qu’au retour d’une longue marche le corps se fortifie de mets et de boissons. Mais que peuvent dire les pieds ! Rien, ils sont faits pour ça !
3. Je pense donc que l’esclavage est nécessaire et ne pourra jamais être supprimé si l’humanité doit rester dans l’ordonnance qui lui a été donnée. Il faudrait seulement qu’avec le temps les hommes trouvent un autre moyen pour faire avancer l’humanité – les esclaves n’auraient plus besoin alors de porter l’humanité comme les pieds portent l’homme. –
Et je crois qu’avec le temps l’esclavage pourrait bien finir par disparaître.
4. Bien sûr, il serait mieux que l’on puisse entièrement se passer de l’esclavage dégradant; mais il faudra attendre sans doute longtemps encore avant qu’un tel temps heureux dépose son baiser sur la terre.
5. L’esclave est en effet considéré par les hommes libres comme une mauvaise herbe, mais cette plante rare bien utile à l’homme libre le rend paresseux et désœuvré. À ce point de vue il serait donc préférable qu’il n’y ait point d’esclaves.
Mais si, d’autre part, l’esclavage est une école d’humilité, il est alors d’une nécessité indispensable pour l’humanité par trop évoluée.
Après la captivité de Babylone, les Israélites étaient redevenus un bon peuple, dommage que la captivité n’ait pas duré un siècle entier, car à leur libération, leur gloire passée brillait encore trop à leurs yeux et ils n’eurent pas d’autre but que de rétablir cette gloire d’Israël.
Dès que les murs de Jérusalem et le Temple furent rebâtis, le vieil orgueil les reprit et ce fut pire qu’avant la captivité à Babylone. Quarante années avaient visiblement été insuffisantes, alors qu’un siècle entier eût certainement guéri nos pères pour des siècles de leur orgueil et de leur goût pour la pompe et l’apparat.
6. Ce n’est, il est vrai, qu’une présomption immature de ma part qui sera sans doute contredite par une argumentation fondée, mais je parle comme je le sens, car un soufflet reçu pour une mauvaise action, vous évite de recommencer tant que dure l’effet physique de la douleur ressentie. Mais une punition plus douloureuse infligée par Dieu vous empêche de recommencer si le châtiment a été assez fort.
7. Voilà pourquoi un esclavage de longue durée peut à mon avis n’être que profitable. Et je me rends compte à présent de l’impérieuse nécessité de cet état, et je me dis : un brave esclave plein de bonne volonté est au fond plus parfait que l’homme libre ! Ce dernier en effet est esclave de ses sens tandis que l’esclave peut être spirituellement un homme parfaitement libre.
8. Il y a une grande différence entre l’homme maître de sa volonté – ce qui est absolument le cas du bon esclave -, et l’homme qui n’a pas la volonté de soumettre ses désirs et qui fait tout ce qui lui plaît.
9. Ainsi, je fais en premier lieu les louanges de l’esclavage et souhaite qu’il ne prenne jamais fin, car je pense qu’aussitôt que cessera cette grande école de l’humilité véritable, une grande misère s’établira sur terre !
10. Il serait évidemment souhaitable que tous les hommes vivent selon Ton enseignement ; dans ce cas, l’esclavage serait une pure absurdité, un crime contre les droits de l’humanité !
Mais tant que ce ne sera pas le cas, et pour longtemps encore probablement, l’esclavage restera et demeurera pour l’humanité orgueilleuse un véritable évangile envoyé du ciel sur la terre pour le bien de l’humanité.
11. Ce serait-là ma faible réflexion à propos de ton mot sur l’esclavage. Je Te prie, Seigneur, de me faire la grâce de me montrer les fautes que j’ai faites pour que je perçoive toute la vérité en cette question. »
12. Je dis : « Cher Josoé, tu as parfaitement raison, et il n’y a guère d’objection à faire, si ce n’est à propos de la durée de la captivité à Babylone.
Tu es allé un peu loin dans ton zèle, car vois-tu, toute captivité, tout esclavage n’est qu’une condamnation voulue par Dieu, mais une condamnation reste et demeure un moyen très extérieur pour améliorer l’homme et c’est pourquoi en général elle a un effet plus négatif que positif sur l’âme humaine.
Qui évite de faire le mal uniquement par crainte des représailles et fait le bien pour en avoir des avantages est encore bien loin du royaume de Dieu. Mais celui qui fait le bien parce que c’est le bien et qui évite le mal parce que c’est le mal, est un homme parfait.
Tant que l’homme ne cherche pas de lui-même la lumière il reste un esclave en esprit et il est mort pour le royaume de Dieu. La contrainte extérieure amène les hommes à commettre d’autres écarts par rapport à une conduite morale basée sur l’amour, comme nous allons en voir quelques exemples. » GEJ2 CH207 GEJ2.pdf (retour-du-christ.fr)

