1. Jean se met à réfléchir profondément à ces paroles frappantes de Zorel ; il ne les trouve pas sans fondement, et silencieusement, c’est-à-dire dans son cœur, il Me demande ce qu’il faut faire maintenant de cet homme dont, visiblement, il ne peut venir à bout.
2. Cependant, Je dis à Jean : « Laisse-le tranquille un moment ; ensuite, Je te mettrai de nouveau dans le cœur et sur la langue ce dont tu devras parler avec lui. » — Ce que fait Jean.
3. Cyrénius, qui a suivi avec une grande attention la justification de Zorel, Me dit : « Seigneur, je dois admettre ici ouvertement que cet homme est vraiment remarquable !
On dirait qu’il a réussi à faire sérieusement réfléchir le sage disciple Jean lui-même. Bref, à sa place, j’aurais maintenant épuisé toute ma sagesse et, en tant que juge, il me faudrait le tenir quitte de toute culpabilité !
4. Mais je ne parviens pas à comprendre d’où ce scélérat fini tient une compréhension si aiguë et si frappante de ses actions !
Que des hommes comme par exemple le supérieur Stahar ou même Zinka soient capables de défendre leur point de vue avec une grande intelligence avant de mieux Te connaître, cela est compréhensible,
car ce sont des hommes très instruits et d’une grande expérience en beaucoup de domaines ; mais que celui-ci, qui a sans doute toujours été la dernière des canailles, montre une telle lucidité !
Ah, je n’ai jamais rien vu de pareil de toute mon existence ! Ô Seigneur, il faut que Tu me dises comment cet homme en est arrivé là ! »
5. Je dis : « Il n’a jamais été aussi vain que tu le dis ; car les Grecs ont toujours été à Rome les meilleurs avocats !
Ils connaissent la rigueur inflexible des lois romaines, et c’est pourquoi ils les étudient avec une minutie extraordinaire, afin d’avoir à leur disposition,
si un juge leur demande compte de quelque délit, une défense toute prête et parfaitement appropriée ; des hommes comme lui, qui se sont proposé de duper l’État dans les grandes largeurs,
ont certes particulièrement bien assimilé le droit étatique et humain et ont également étudié avec la plus grande attention les écrits des différents philosophes. C’est à cette catégorie qu’appartient notre Zorel.
6. Avant le sommeil extatique, cependant, il n’aurait jamais su parler avec une telle lucidité ; mais son âme a gardé de ce sommeil une sorte d’arrière-goût venu de son esprit, et c’est pourquoi elle a maintenant un esprit critique si aiguisé.
Cependant, cette acuité elle-même se perdrait bientôt s’il était replongé dès aujourd’hui dans son ancien milieu ; mais ce traitement le rendra au contraire de plus en plus perspicace, ce que Je permets aussi tout exprès pour le bien de Mes disciples,
afin qu’ils apprécient un peu en cette occasion ce que peut être l’intelligence humaine du monde, ce qui leur est salutaire.
Car bien qu’ils soient des hommes d’une grande humilité et au cœur compréhensif, il leur arrive encore de temps à autre d’avoir des pensées de suffisance, et contre cela, un tel homme est une pierre de touche idéale.
7. Jean m’a déjà fait savoir dans son cœur l’insuffisance de sa sagesse, et les autres disciples ne cessent de se demander à qui ils ont affaire ; mais Je les laisserai encore réfléchir un peu, afin qu’ils s’y retrouvent mieux. Lorsqu’ils se seront un peu retrouvés par eux-mêmes, Je les aiderai de nouveau à avancer.
D’ici là, il leur chatouillera encore si bien les oreilles qu’ils se les gratteront tous furieusement ! Mais ensuite, ils feront un nouveau pas en avant. — À présent, Je vais délier la langue de Jean, et il se remettra à parler ; sois donc très attentif ! » GEJ4 CH71 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)
