1. Zorel dit : « Tu as raison, ami : ce que l’homme goûte dans les ténèbres ne lui profite pas ! Je comprends moi-même à présent que je vis dans une grande nuit spirituelle ; car, malgré leur apparence mystérieuse, tes paroles m’ont bien et grandement éclairé, et j’en éprouve déjà une grande joie.
Mais si ta parole a aussi quelque poids auprès de Cyrénius, prie-le pourtant de me donner au moins un manteau un peu meilleur ; car je ne supporte plus de me voir en votre compagnie vêtu de ces loques. Il se trouvera bien chez les serviteurs de Cyrénius quelque vieux manteau usé ! »
2. Cyrénius appelle un de ses serviteurs et lui dit : « Va chercher dans notre bagage une bonne tunique, une toge et un manteau grec, et rapporte-lès-moi ! »
3. Le serviteur s’en va et revient avec ce qu’on lui a demandé.
4. Cyrénius appelle alors Zorel et lui dit : « Tiens, prends ces vêtements, va derrière la maison et habille-toi ! »
5. Zorel prend les vêtements avec une grande reconnaissance, et va aussitôt s’habiller derrière la maison de Marc.
6. Au bout de peu d’instants, Zorel revient, ayant désormais fière allure, et dit à Cyrénius : « Noble seigneur, que cela te soit rendu, non plus par nos vains dieux, mais par le seul vrai Dieu éternellement vivant !
Tu viens de vêtir un pauvre homme qui allait nu, et c’est une noble action dont je ne suis certes pas digne !
Mais puisqu’il existe un vrai Dieu tout-puissant et d’une sagesse supérieure dont nous sommes tous les enfants, ou du moins dont nous sommes l’œuvre,
et de même qu’il nous comble Lui aussi de bienfaits dont nous ne sommes pas dignes et pour lesquels nous ne pouvons faire plus que Le remercier, de même suis -je ici à présent devant toi, noble seigneur et souverain, sans pouvoir rien faire que te remercier du plus profond de mon cœur ! Mais si tu veux bien m’accepter comme le dernier de tes serviteurs, je t’apporte mon champ en présent ! »
7. Cyrénius dit : « Ton champ n’est pas à toi, mais à ceux avec l’argent de qui tu l’as acheté ; c’est pourquoi nous allons le vendre et rendre l’argent à son propriétaire ou aux enfants de celui-ci, et alors seulement tu pourras devenir mon serviteur ! »
8. Zorel dit : « Noble seigneur et souverain, fais ce que tu voudras ! Tout ce qui vient de toi m’est une bénédiction ; mais ne m’abandonne pas, et offre-moi un emploi !
De même que j’ai dépouillé pour toujours mes vieilles loques, de même je me dépouillerai de l’ancien mauvais homme et en deviendrai un tout autre !
Tu peux m’en croire ! Je deviendrai aussi bon que j’ai été mauvais, afin d’expier, dans le temps qui me reste peut-être à vivre, un peu de tout le mal que j’ai fait.
9. Si j’avais pu autrefois rencontrer un homme qui m’eût éclairé d’une aussi brillante lumière sur ce qui est juste et injuste que l’a fait ce Jean, je ne serais jamais tombé si profondément dans le vice ; mais j’ai toujours été contraint d’être pour moi-même le plus intelligent !
Cependant, tu sais où m’a mené cette grande sagacité, et je n’ai pas besoin de te redire ma grande honte devant vous. Ainsi, sois-moi des a présent clément et miséricordieux ; car à l’avenir, tu n’auras plus l’occasion d’être mécontent de moi.
Je connais plusieurs arts et suis très versé dans l’écriture et le calcul, et l’histoire des peuples jusqu’à nos jours ne m’est pas étrangère.
J’ai lu tout Hérodote, et la chronique des Juifs, des Perses et des anciens Babyloniens ne m’est pas non plus inconnue. Tu sauras donc bien m’utiliser de quelque manière. »
10. Cyrénius dit : « Nous en reparlerons ; mais pour l’heure, retourne auprès de ton ami Jean et laisse-le te montrer le bon chemin ! Quand cela sera fait, il sera bien facile de pourvoir au reste ! » GEJ4 CH75 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)
