1. Jean lui répond : « Vois-tu, ami Aziona, comme le jour se lève déjà dans ton esprit ? Car l’explication que tu as donnée à ton ami et voisin Hiram sur la lumière qu’il a vue en rêve est parfaitement exacte, et tout est très précisément comme tu l’as dit !
Dans les rêves, c’est l’âme seule qui voit en esprit par ses yeux spirituels, aussi ne peut-elle voir que des choses spirituelles, et c’est ainsi que tu as pu nous voir à l’avance, en esprit seulement — non pas toi, Aziona, mais Hiram. »
2. Aziona dit : « Mais Hiram n’a pas seulement vu une lumière, mais aussi de la matière, sous la même forme qu’elle a ici ! Avec quels yeux l’a-t-il donc vue ? »
3. Jean dit : « Quand nous sommes arrivés ici, il y a environ trois heures, tu étais présent avec plusieurs de tes voisins ; seul Hiram n’était pas là.
À l’approche de midi, tous sont rentrés dans leurs cabanes pour un frugal repas, et toi seul es resté pour nous servir.
Si Hiram avait été parmi ceux qui nous ont accueillis, tu aurais compris plus tôt comment on peut parfois, avec les yeux de l’âme, voir et percevoir aussi des formes matérielles.
Mais à présent, il faut que cela te soit expliqué progressivement, car, selon le vieux proverbe, on n’abat pas un arbre d’un seul coup. »
4. Aziona demande : Mais, cher et très sage ami, pourquoi donc eussé-je compris cela plus tôt si Hiram avait été lui aussi présent lors de votre arrivée ? »
5. Jean dit : « Ah, cela est pourtant évident ! Hiram nous aurait aussitôt reconnus comme ceux qu’il avait vus dans son rêve de lumière ; notre conversation eût assurément pris d’emblée un tout autre tour, et il est donc clair que nous en serions venus plus tôt à aborder ce sujet.
Mais nous n’y sommes venus que maintenant, et il est donc parfaitement naturel que tu n’aies que plus tard l’explication de ce mystère ! »
6. Aziona dit : « Oui, c’est là bien sûr une chose tout à fait naturelle, car il en va toujours ainsi en ce monde ! Plus tard on entreprend une tâche qui demande un certain temps, plus tard on en vient à bout ! »
7. Jean dit : « Cependant, il y a encore ici une autre explication, mais tu ne peux la comprendre aussi rapidement ; à la longue, pourtant, tu y verras plus clair, mais il faudra d’abord t’armer de patience ! Car ce n’est qu’avec de la patience que l’on peut vaincre enfin le monde, en soi comme à l’extérieur. »
8. Aziona dit : « La patience, en vérité, c’est là mon point faible — car elle m’a toujours fait grandement défaut. Mais, s’il le faut, je sais aussi me montrer patient !»
9. Jean dit : « Tu veux dire que la patience n’était pas chez toi une corde solide, mais plutôt, en vérité, une corde bien faible, qui se rompt aisément(*) — pas vrai, ami Aziona ? »
(*) Il y a évidemment dans tout ce passage un jeu de mots, impossible à rendre entièrement, entre Saite, corde, et Seite, côté, ici « point » (faible). En outre, la dernière phrase renvoie à l’expression « Mir reisst die Geduld », littéralement : « Ma patience se rompt » (est à bout). (N.d.T.)
10. Aziona dit : « Ne cherchez pas chez nous une grande connaissance du langage, car nous nous contentons du bon vieil usage, qui diffère fort selon les lieux pour ce qui est du sens. Mais puisque tu as parlé de cordes fortes et faibles, je croirais volontiers que vous êtes aussi musiciens et chanteurs ! »
11. Jean dit en souriant : « Oui, tu pourrais bien ne pas avoir tout à fait tort, car c’est chez les Juifs, entre tous les peuples de la terre, que la musique et le chant ont été de tout temps le mieux représentés,
bien qu’en toute rigueur nous ne soyons pas des musiciens et des chanteurs tels qu’on les rencontre si souvent en Galilée.
De même, par l’expression “cordes fortes et faibles”, je n’ai pas voulu signifier les cordes d’un instrument de musique, mais seulement les aspects moraux de l’âme humaine ; malgré tout, nous sommes pourtant bien musiciens et chanteurs, mais seulement dans un sens profondément spirituel ! — Comprends-tu cela ? »
(Note de Jacob Lorber 🙂 II faut remarquer ici que, dans l’ancienne langue hébraïque, les cordes d’un instrument de musique et les aspects d’un homme étaient désignés par des mots plus semblables encore que dans la langue allemande, car “corde” se disait STRANA ou encore STRAUNA, et “côté” se disait également STRANA, ou, en abrégé, STRAN ou STRANU, et l’on comprend donc aisément pourquoi Aziona commençait à nous prendre pour des musiciens et des chanteurs.
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