De la mise à l’épreuve des fiancés

1. Cyrénius dit : « Tu as mentionné à l’instant un moyen naturel ; quel peut bien être ce moyen ? »

2. Je dis : « La modération de la vie physique ! Un sang chaud consomme toujours par nature davantage qu’un sang froid ; c’est pourquoi les êtres au sang chaud sont plus gloutons que ceux de sang froid, et leur désir de mets et de boissons abondants et savoureux ne cesse de croître.

3. Mais lorsque de tels êtres viennent à la tempérance ou qu’on les y invite, c’est-à-dire qu’on leur explique avec bienveillance pourquoi, pour leur bien, on leur recommande la tempérance et une nourriture plus frugale,

leur sang s’apaise bientôt et leur penchant pour la sensualité commence à perdre une grande partie de sa force, cela sans le moindre inconvénient par ailleurs pour la santé du corps et de l’âme.

4. Mais si, même après qu’elle a observé longtemps la juste mesure, la nature d’une femme très lascive ne montre toujours aucun changement perceptible, il faut qu’elle prenne le soir, à la lune décroissante,

une décoction de feuilles de senne mêlée d’un peu de jus d’aloès, à raison de quatre cuillers à bouche environ, cela non chaque jour, mais seulement tous les trois ou quatre jours, et la nature enflammée de cette femme commencera assurément à s’en trouver mieux.

5. Et si tout cela, avec les bons enseignements reçus, ne donne rien ou pas grand chose, alors seulement, sur la demande du mari, la séparation de corps et de biens dont il a été précédemment question pour ce cas pourra être instruite.

6. Mais dans tous les cas, il faudra préférer dix fois entendre la femme raisonnable tourmentée par un homme lubrique — surtout si elle est déjà enceinte — plutôt que l’homme tourmenté par son épouse lubrique ;

car un homme tempérant dispose aussi, en dehors des moyens moraux, d’une quantité de moyens disciplinaires naturels avec lesquels il peut refroidir de manière fort salutaire l’ardeur de la femme,

et cela ne portera pas préjudice à la femme au sang chaud si, par un bon vouloir qu’il lui cèle, son mari lui témoigne parfois quelque sévérité.

Il faut seulement que cette sévérité ne soit jamais motivée en secret par la rancœur ou la colère, mais uniquement par le véritable amour du prochain, faute de quoi non seulement elle ne servirait à rien, mais elle ne ferait que du mal.

7. Ainsi, vous avez là en somme tout ce qui concerne les différents aspects du péché dans le mariage, et il faudra désormais que tous s’y conforment en tout lieu de ce monde.

8. Mais il faudra que l’État prenne lui-même des dispositions légales afin que les unions conclues demeurent aussi bonnes que possible d’un point de vue moral

et que le mariage ne soit pas autorisé aux personnes atteintes de quelque infirmité physique ou morale ; car de telles unions ne donnent jamais une postérité pleinement bénie.

9. Cependant, avec ceux qui n’ont pas d’infirmité par ailleurs, il faudra aussi procéder à un examen qui devra montrer si les jeunes fiancés se conviennent l’un à l’autre.

10. Si le sage examinateur mandaté pour cette tâche trouve quelque inconvénient fâcheux à l’union définitive,

il doit réserver son consentement, faire prendre vivement conscience aux candidats au mariage des mauvaises conséquences et leur signifier que le mariage ne pourra être autorisé définitivement tant que les inconvénients néfastes subsisteront.

11. Celui qui aura été ainsi mandaté par l’État pour conclure les unions devra aussi exposer très clairement à ceux qui désirent se marier la gravité de cette union et son but supérieur divin.

12. S’il apparaît ainsi que les candidats au mariage se montrent toujours plus tempérants et laissent de côté leur attachement mondain pour ne désirer se lier par le mariage qu’à cause de la valeur humaine de l’un et de l’autre, alors seulement, le mandataire devra donner son consentement à l’union pleinement valide.

Il consignera le serment de fidélité dans un livre pour signifier l’indissolubilité des liens du mariage, portera au-dessous l’année et le jour où l’union aura été conclue, et il devra se tenir constamment informé de ce qu’il adviendra par la suite — en bien ou en mal — du mariage.

13. C’est pourquoi ces sages mandataires préposés à la conclusion des mariages ne devront pas être des étrangers interposés dans la communauté,

mais toujours des gens du pays qui en connaîtront les habitants, jeunes et vieux, presque aussi bien qu’eux-mêmes ; on évitera ainsi à coup sûr beaucoup de mauvais mariages, et il en résultera une grande prospérité pour cette communauté purifiée.

14. C’est pourquoi il serait bon d’instituer dans chaque communauté de quelque importance une juridiction matrimoniale qui surveillerait constamment toutes ces questions.

Bien sûr, une telle juridiction devrait être d’une parfaite intégrité, et devrait toujours avoir à sa tête une sorte de Mathaël.

15. Cet homme devrait aussi veiller avant tout à ce que, dans les mariages valides, le jeune homme n’ait jamais moins de vingt-quatre ans et la jeune fille moins de vingt ans.

Car il faut au moins ce temps pour atteindre la maturité nécessaire à une union qui soit bonne et durable également en esprit.

Car des mariés trop jeunes se corrompent par le plaisir mutuel des sens, se dégoûtent bientôt l’un de l’autre, et l’union est dès lors en péril.

16. C’est pourquoi, à l’avenir, tout le vrai succès des unions devra dépendre du haut magistrat dont il a été question ; toute communauté où cet office important sera rempli par un juge très sage sera bientôt comblée de toutes les bénédictions.

17. Ce haut magistrat veillera aussi à l’instruction et à la bonne éducation des enfants de la contrée qui lui sera confiée et saura prévenir par des moyens appropriés tout événement fâcheux ;

il punira les récalcitrants et saura louer ceux qui agiront avec zèle pour le bien et la vérité, les récompensant en cela qu’il leur montrera clairement quelle bénédiction ils attirent sur leur maison.

18. Mais il ne devra pas, comme cela s’est déjà fait ici ou là, attribuer des prix, car de telles motivations extérieures ne valent rien pour l’éducation spirituelle d’une communauté ;

car ses membres ne voudront alors rivaliser dans le bien que pour la prime matérielle et non pour l’amour du bien, qui seul doit déterminer l’homme.

19. Enfin, il est à peine besoin de dire qu’il résultera de tout cela — mis à part le fait que de telles unions se maintiendront par la suite plus purement dans l’ordonnance divine et que leurs fruits pourront jouir en tout temps de la bénédiction d’en haut —

les plus grands avantages moraux et matériels pour un Etat, si grand soit-il, et pour son chef oint ; car si un État veut avoir de bons sujets, il doit commencer à les former dès le berceau.

Si les parents veulent avoir de bons enfants, ils doivent eux aussi les former dès le berceau, sans quoi ils deviendront des bêtes sauvages qui feront le tourment de leurs parents au lieu d’être la consolation et le soutien de leurs vieux jours.

20. Mais si l’ordre règne dans les mariages, il naîtra de ces unions des enfants bien rangés, et ces enfants deviendront à leur tour de bons citoyens, qui seront ensuite dans leur cœur des habitants à part entière du royaume de Dieu ; et ainsi est accompli tout ce que l’ordre divin peut demander aux hommes de cette terre ! — Tout cela te paraît-il maintenant clair et évident ? » GEJ3 CH72 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)

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