1. Cependant, beaucoup de ceux qui étaient sur la montagne et M’avaient entendu commençaient à s’interroger ; Hélène et Ouran eux-mêmes s’étonnaient un peu et s’interrogeaient avec les autres, disant : « C’est étrange !
À présent, Il S’en va pour prier et Se préparer à la journée de demain ! Quel autre peut-Il donc bien invoquer, et qui peut-Il prier ? Se peut-il que, malgré Sa sagesse plus profonde qu’aucune autre, Il ne soit pourtant pas la divinité suprême ? Il ne peut pourtant Se prier Lui-même !?
Et s’il le faisait, il y aurait vraiment de quoi s’interroger et se demander pourquoi Il fait cela !
Étrange ! Il va prier et Se préparer au lendemain, comme s’il n’y était pas pleinement préparé de toute éternité, Lui, la divinité suprême ! Étrange, étrange ! Hum, hum, hum, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire !?
Jusqu’ici, Il a pourtant parlé comme seul pourra jamais le faire le vrai Dieu ! L’existence du monde tient au plus léger souffle de Sa volonté, et à présent, Il va Lui-même prier et nous commande de dormir et de nous reposer, ou sinon de prier et de nous préparer au lendemain !
Mais s’il va Lui-même prier quelque divinité assurément connue de Lui seul, qui donc devons-nous prier ? Lui, ou la divinité parfaitement inconnue de nous qu’il prie maintenant ?! Non, cela dépasse tout ce que l’on peut imaginer dans le plus stupide des rêves ! »
2. Là-dessus, Mathaël se lève soudain, quelque peu irrité, et dit d’une voix assez forte pour que beaucoup l’entendent : « Que vous mêlez-vous ici de juger, comme des aveugles jugent des couleurs !
Ô aveugles, tous autant que vous êtes, à l’exception de l’ange Raphaël, et vous aussi, Ses premiers disciples, qui êtes encore fort aveugles et donc stupides !
3. Ne porte-t-il pas sur cette terre, comme nous tous, un corps de chair dans lequel Son âme s’est développée comme la nôtre afin de pouvoir entrer dans une parfaite union avec l’Esprit éternel créateur ?
4. Seul l’esprit en Lui est Dieu, et tout le reste est homme comme nous le sommes nous-mêmes. Lorsqu’il prie, cela veut dire, en d’autres termes, qu’il permet à l’homme en Lui de s’imprégner entièrement de l’esprit du Dieu éternel créateur, d’où tous les autres esprits sont issus comme la petite image du soleil dans une goutte de rosée est issue du vrai soleil.
5. Selon Son esprit, Il est le vrai soleil, et nous et tous les autres esprits ne sommes que des images vivantes de ce soleil originel et étemel qu’est Dieu. — Comprenez-vous à présent ce qu’il veut dire quand Il dit qu’il prie ? »
6. Jarah et Hélène furent les premières à le comprendre ; mais les autres ne parvenaient pas encore à s’y retrouver tout à fait, parce que l’âme et l’esprit continuaient pour eux de se mêler dans une jolie confusion ! Mais Mathaël entreprit d’y mettre bon ordre, et beaucoup y virent alors plus clair.
Et tous louèrent la très grande profondeur de la sagesse de l’imperturbable Mathaël ; Hélène saisit sa main, la pressa contre sa poitrine et dit: «Ô toi, merveilleux époux donné par Dieu, si ta sagesse continue de devenir ainsi toujours plus magnifique, je me demande jusqu’à quel point je finirai par t’aimer !
Si ta sagesse n’était venue à notre secours, nous aurions tous fini par nous mettre à douter de la divinité du grand Maître, sans égard pour tous les miracles inouïs qu’il a accomplis sous nos yeux.
Mais à présent, tout est parfaitement rentré dans l’ordre, et nous savons tous désormais suffisamment qui nous devons prier et invoquer avec la plus parfaite confiance ! »
7. Cyrénius dit : « Mon cher ami et désormais frère Mathaël, autant je me réjouis de te savoir aussi bien établi que possible, autant j’eusse été plus heureux encore de t’avoir constamment près de moi !
Car de nous tous, à l’exception de l’ange, qui s’entretient maintenant avec son ami Suétal, tu es le seul à être aussi parfaitement éclairé en toutes choses !
Quelle bénédiction ce sera pour le peuple dont tu seras le prince, ce que tu es d’ailleurs déjà en vérité ! Mais nous nous verrons très souvent malgré tout ; car je te rendrai visite, et tu me rendras visite aussi ! »
8. Mathaël saisit la main du vénérable vieillard et lui dit : « Très noble Cyrénius, nous travaillerons main dans la main, et notre maxime sera de rendre le peuple aussi sage et aussi heureux que possible, au nom du Seigneur !
Il est vrai que nous serons toujours plus particulièrement attentifs au bien spirituel des peuples dont Dieu nous a confié la direction, mais, même dans le domaine matériel, nul n’aura à se plaindre d’une accablante misère, dès lors qu’il sera en règle avec son esprit.
9. Dans le grand Empire romain, il faudrait affronter de grands obstacles pour gouverner les peuples de cette manière ;
mais dans un petit pays, il est tout à fait possible de le faire, et les petits États heureux deviennent ordinairement le miroir où les grands regardent si leur visage est propre et leurs cheveux bien arrangés.
10. Un miroir n’est ordinairement pas plus grand que le dos de la main, et pourtant, un homme peut, s’il le veut, s’y regarder petit à petit de la tête à la pointe des orteils ; c’est ainsi qu’un petit pays peut fort bien servir de miroir à un très grand empire.
Mais si, à l’inverse, un petit pays voulait prendre exemple sur un grand empire, il prendrait assurément de grands risques et ruinerait tous ses sujets ! C’est pourquoi nous aimons mieux être le petit miroir que le géant qui s’y mire ! — N’ai-je pas raison, grand Cyrénius ? »
11. Cyrénius dit : « Je voudrais bien voir celui qui te donnerait tort ! Tu as toujours raison ; car c’est l’esprit éveillé de Dieu qui parle sans cesse par ta bouche…
12. Mais regarde du côté de la ville ! Il me semble que le feu s’étend ! Peut-être est-ce toute la ville qui finira par brûler ? Notre Raphaël pourrait sans doute y faire quelque chose, s’il le voulait !? » GEJ3 CH121 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)
