1. (Le Seigneur 🙂 « Toi-même, tu représentes toute la loi, le pouvoir et la puissance de Rome pour l’ensemble de l’Asie et une partie de l’Afrique, et pourtant, il dépend de Ma volonté que ces criminels soient condamnés ou libérés, et tu ne peux rien faire contre cette volonté.
2. Je pourrais aussi bien, par cette volonté, contraindre tous les hommes de la terre à bien agir ; mais ce serait là un jugement qui ferait de l’homme libre une simple machine.
3. Mais toi, tu n’es pas une machine, car lorsque tu agis selon Ma parole, tu comprends que cela seul est juste et parfaitement conforme à l’ordonnance divine ;
et si tu ne comprends pas quelque chose, tu M’interroges et agis ensuite selon ton entendement, aussi n’est-ce pas là une obligation venue de l’extérieur, mais au contraire de l’intérieur, ce qui est parfaitement dans l’ordre de la liberté de la vie.
4. Car si Ma volonté te contraignait, tu serais un esclave enchaîné, mais si c’est ta propre volonté qui te contraint, tu es un homme libre ; car c’est ta volonté qui veut ce que ta raison, qui est la lumière des yeux de ton âme, reconnaît comme seul vrai et bon !
Mais il en irait autrement du monde si Je le contraignais d’agir selon Ma volonté ; comme il n’aurait pas d’abord reconnu ce qui est vrai et bon, ses actes ne vaudraient pas mieux que ceux des animaux, et même bien moins en vérité.
Car l’animal est à un niveau où le besoin ancré dans sa nature ne peut infliger d’autre préjudice moral à son âme, parce qu’une âme animale est encore bien loin de connaître une loi morale libre ;
mais l’âme d’un homme libre subirait dans son essence le plus grand préjudice si on implantait en elle une contrainte mécanique, parce qu’un jugement comme celui qui pèse sur l’animal irait tout à fait à l’encontre de sa nature morale libre.
5. À présent, Mon cher Cyrénius, J’espère que tu vois très clairement pourquoi Je semble toujours fuir ceux qui Me persécutent et évite autant que possible de Me trouver sur leur chemin, non pas afin de Me protéger contre leur fureur impuissante,
mais bien afin de les préserver de la mort éternelle, eux qui, dans leur folie et leur aveuglement, sont aussi Mes enfants.
6. Mais quand J’aperçois une nature meilleure chez certains de Mes persécuteurs et trouve en eux la capacité de reconnaître la vérité et le bien s’ils sont suffisamment éclairés par l’esprit,
Je ne fuis pas devant eux, mais les laisse venir à Moi pour leur faire connaître la nuit et le jugement qui pèsent sur eux et leur apprendre finalement à devenir des hommes selon l’ordre divin.
Tu viens d’en avoir un vivant exemple avec ces trente hommes jeunes, mais physiquement vigoureux, qui poursuivaient Ma redoutable personne. Je ne les aurais certes pas laissé venir ici si Je n’avais trouvé en eux, alors qu’ils étaient encore loin, un cœur capable de Me recevoir.
7. Bien sûr, les forces de la nature ont été contraintes par Ma volonté à les amener ici ; mais aucune violence n’a été faite à leur âme pour autant.
À présent qu’ils sont ici, ils sont instruits, leur raison s’éclaire, et ils choisiront ensuite à coup sûr librement ce qui convient à leur âme.
8. Vois, le moment approche où le soleil commencera à darder ses rayons par-dessus l’horizon, et pas un seul d’entre vous n’a songé à manifester un quelconque besoin de repos physique ! Pourquoi donc ? Parce que Je veux qu’il en soit ainsi aujourd’hui !
Mais, là encore, il ne s’agit aucunement de contraindre l’âme, mais seulement la matière, qui doit ainsi se tenir plus longtemps que de coutume au service de l’âme.
Si Je vous ai fait cette violence, à vous et à Moi-même, c’est principalement à cause de ces trente, mais aucun de vous ne pourra dire qu’il se sent fatigué ou somnolent. Et au prix de notre veille, nous avons doublement sauvé ces trente frères — corporellement et spirituellement.
Aussi notre peine et notre veille sont-elles récompensées au centuple, et elles le seront encore davantage par la suite ; assurément, une telle contrainte extérieure n’est en aucun cas préjudiciable au salut de l’âme.
Au contraire, si J’avais fait entrer leurs âmes de force dans la vraie lumière, elles ne seraient plus que des machines et leurs actes n’auraient désormais pas plus de valeur pour eux-mêmes que n’en ont pour leur propre usage une machine ou un outil.
9. Qu’importe donc par exemple à la hache de bien fendre ou à la scie de bien couper ? Tout cela n’est utile qu’à l’homme, doué de conscience, de connaissance et de liberté et qui sait reconnaître ce qui est bon est utile. —
Que ferait un aveugle d’une lumière, un paralytique d’une piste de course ? Toute chose n’est utile qu’à celui qui possède une vraie conscience d’abord de lui-même, ensuite du besoin, de l’utilité et de l’usage de cette chose et du bénéfice qu’il peut en tirer.
10. Il en va de même pour la lumière spirituelle. À cause du caractère sacré du libre arbitre humain, elle ne peut ni ne doit jamais être instillée en secret et de force à quiconque, mais au contraire être placée en évidence en un lieu où chacun pourra la voir.
Celui qui voudra en faire usage pourra le faire sans en être empêché ; et celui qui n’en voudra pas, son libre arbitre lui permettra de la laisser là sans en être affecté, tout comme c’est déjà le cas lorsque la lumière du soleil fait naître le jour.
Celui qui en a besoin peut s’en servir pour travailler ; mais celui qui, malgré le soleil et le grand jour, veut demeurer oisif, peut l’être sans que cela cause un grand préjudice au monde.
Car la lumière ne contraint aucune âme pourvue d’un libre arbitre à une quelconque activité.
11. J’ai assez de pouvoir pour modifier votre jugement et faire de votre libre arbitre une bête de somme enchaînée de tous côtés qui avancerait avec soumission, conduite par Ma toute-puissance ; mais en elle-même, elle serait morte.
Au contraire, si Je vous instruis, si Je vous indique et vous donne la vraie lumière, vous demeurez libres d’adopter cette lumière ou de la laisser là. — Comprends-tu cela, Mon cher Cyrénius ? »
12. Cyrénius dit : « Oui, à présent, je comprends cela aussi, et crois voir clairement désormais la raison pour laquelle, ô Seigneur,
Tu as choisi l’état le plus humble, afin d’enseigner à tous les hommes leur seule vraie destination et la manière dont ils peuvent l’atteindre.
Mais en plus de Ton enseignement, ou plus précisément afin que l’on croie d’autant mieux à ces choses, qu’on les comprenne et qu’on s’en persuade,
Tu accomplis tous les actes, à Toi seul possibles, susceptibles de donner encore davantage de poids à Tes paroles et de les éclairer.
C’est ainsi que tout ce que Tu accomplis l’est dans la plus grande perfection pour la vraie sanctification de la vie des hommes, et il semble véritablement que Ta conduite était prévue de toute éternité. Il se peut que je me trompe en cela, mais je ne le crois guère. »
13. Je dis : « Non, non, tu ne te trompes pas le moins du monde ; car un ordre divin doit être éternel ! S’il ne l’était pas, il ne serait ni ordre, ni vérité ;
car une vérité doit être et demeurer éternelle, et doit donc avoir été prévue de toute éternité. — Mais à présent, passons à autre chose. »
GEJ3 CH17 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)
