De la vraie bénédiction et de la vraie prière

1. Je parlai peu pendant le repas ; mais comme le vin, qui était fort bon, déliait la langue aux disciples, il y eut bientôt dans l’auberge une grande animation. L’homme qui tenait l’auberge pour le compte de Lazare s’approcha de Moi avec les siens et Me pria de lui donner Ma bénédiction, à lui et à sa famille, ce qui, disait-il, serait un puissant moyen de les protéger contre la malédiction du Temple.

2. Je lui dis : « Ami, la bénédiction est avec Moi partout où Je suis, et il n’en faut donc pas davantage ! Vis toi aussi selon la doctrine que J’ai donnée à Mes disciples, et cela seul te mènera à la vraie bénédiction vivante, qui te sera du plus grand profit non seulement en ce monde, où l’homme ne vit que bien peu, mais surtout pour ton âme, qui vivra éternellement.

Mais la bénédiction telle que tu l’imagines ne sert à rien. Les Pharisiens n’en distribuent-ils pas de toutes sortes en se faisant payer ? Ont-elles jamais profité en quoi que ce soit à ceux qui les recevaient ?

Aux Pharisiens, assurément, mais quant à celui qu’ils bénissaient, seule sa foi pouvait le consoler et lui procurer quelque vague apaisement.

3. Mais Moi, Je bénis véritablement les hommes, simplement en leur donnant la vraie lumière de la Vie, et par là la vie éternelle, s’ils se conforment à Ma doctrine. Toutes ces bénédictions magiques ne servent à rien et ne font qu’accroître la superstition des hommes.

Cependant, si un homme qui suit Ma doctrine et croit que Je suis le vrai Christ impose les mains en Mon nom à un malade, celui-ci ira mieux. Même si un malade est éloigné, tu pourras le guérir, si cela est bon pour son salut, en priant pour lui en Mon nom et en étendant les mains dans sa direction. Et cette bénédiction est bien meilleure que celle que tu Me demandais ! — Dis-Moi, en es-tu satisfait ? »

4. L’aubergiste dit : « Je T’en remercie, ô Seigneur ; car je comprends bien que la pure vérité est pour l’homme la plus grande des bénédictions, et le mensonge et la tromperie la pire des malédictions.

Pourtant, ô Seigneur, j’aimerais encore que Tu me dises si les prières des prêtres n’ont vraiment aucune valeur devant Dieu, et ne sont donc d’aucun secours à un homme, même lorsque, mû par une foi sincère et se jugeant indigne de prier Dieu, cet homme va voir un prêtre et le paie afin qu’il prie pour lui. Que faut-il en penser et comment le comprendre en toute vérité ? »

5. Je dis : « N’est-il pas écrit : “Ce peuple M’honore des lèvres, mais son cœur est loin de Moi?”

Comment une telle prière pourrait-elle être utile à celui qui l’a payée ? Celui qui croit n’ose prier Dieu, et le prêtre qu’il paie ne prie pas Dieu — et ne saurait évidemment le faire, puisqu’il ne croit pas en Dieu lui-même. Car, s’il y croyait, il ne se ferait pas payer pour ses prières, mais dirait à celui qui voudrait le payer :

“Quand bien même ses péchés seraient plus nombreux que les brins d’herbe de la terre et que les grains de sable de la mer, tout homme peut prier Dieu, et, s’il prie avec repentir et humilité, Dieu entendra sa prière. L’amour du prochain que Dieu me commande me fait déjà un devoir de penser à tous les hommes dans mes prières, aussi, va prier Dieu toi-même ; cela seul te sera profitable, car une prière que l’on paie est une abomination devant Dieu !”

 6. C’est ce qu’un prêtre croyant devrait répondre à un homme qui vient le payer pour une prière ! Mais comme le prêtre lui-même ne croit pas en Dieu, il se laisse payer pour une prière qu’il lira dans un livre sans y songer, marmonnant et faisant des gestes d’une piété affectée, aussi est-il menteur de toutes les manières possibles. Comment Dieu peut-Il donc considérer une telle prière ?

7. Je te le dis : Dieu peut même secourir, à cause de son humilité, un homme qui, étant dans la détresse, n’ose Le prier parce qu’il s’en juge indigne ; mais, à coup sûr, dans le cas que tu dis, jamais Il ne lui viendra en aide, parce que c’est ainsi qu’il le délivrera peu à peu de sa superstition.

8. Quand tu vois un pauvre prier Dieu pour Lui demander le secours dont il a besoin, viens-lui en aide, si tu as le moyen de le faire ; et si tu n’as rien, prie Dieu pour lui toi aussi, et, Je te le dis, Dieu entendra ta prière et celle de ce pauvre. Car lorsque deux ou trois Me prient véritablement, leur prière sera toujours exaucée. Cependant, nul ne doit se tourner vers Dieu pour Lui demander des choses stupides et purement de ce monde, car Dieu ne l’exaucera pas ; mais s’il demande ce qui lui est vraiment nécessaire pour faire vivre son corps et pour fortifier sa foi et son âme, cela lui sera donné. — Voilà ce qu’il en est en toute vérité de la vraie prière, qui est donc elle-même une vraie bénédiction divine dans le cœur de l’homme. Comprends-tu ? »

9. L’aubergiste dit : «Oui, Seigneur, cela est facile à comprendre, parce que c’est une vérité par trop évidente ; quant aux prières magiques des prêtres, je ne les ai jamais comprises, sans doute pour la raison bien simple qu’elles ne peuvent l’être, puisque ce sont de purs mensonges !

Quels fieffés imposteurs ! Ah, quel mal ils se donnent pour faire croire au peuple que leurs vaines prières sont d’autant plus efficaces et plus puissantes qu’elles sont prononcées par de plus grands prêtres, en certains lieux hautement sacrés, et que la même prière, prononcée par le même grand prêtre au lieu le plus sacré, croît en force et en efficacité en proportion du nombre de livres d’or et d’argent qu’elle a coûté !

Et beaucoup y croient encore fermement ! Malheur à celui qui voudrait les en dissuader en disant que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ne saurait entendre avec plaisir une telle prière,

et qu’il serait en outre parfaitement injuste s’il n’exauçait que les prières de ceux qui peuvent les faire dire par un prêtre pour une forte somme, repoussant sans vouloir les entendre ni les secourir d’aucune manière les pauvres qui ne pourraient faire cela ! Oh, ce serait peine perdue avec ces fous aveugles !

Si un sage voulait ainsi éclairer le peuple, ils le tiendraient pour un blasphémateur et un sacrilège et le dénonceraient comme tel au Temple, qui le traiterait sans tarder de telle manière qu’il serait pourvu pour l’éternité.

10. Ah, insigne ami et maître divin, un homme honnête et éduqué ne peut vivre dans ces conditions ! En vérité, cette auberge est un temple de Dieu bien plus authentique que les portiques de Salomon ; car il n’y a plus là-bas que mensonge, tromperie et haine des hommes ! Il y a plus de dix ans que je ne suis retourné au Temple — et je m’en garderai encore davantage à l’avenir !

Mais ce sont encore les fêtes qui m’y attireraient le moins ; car c’est là qu’on pratique les tromperies les plus énormes et les plus insolentes, et aucune loi ne m’en préserverait.

C’est lors des fêtes que les templiers commettent les pires méfaits sans avoir à en répondre, comme s’ils étaient de vrais dieux ; pour moi, je ne puis voir cela sans la plus terrible colère, et c’est pourquoi je préfère ne pas y aller. — N’ai-je pas raison ? »

11. Je dis : « Parfaitement, car tu n’y peux rien changer, aussi vaut-il mieux pour toi ne pas te montrer en un lieu où tu ne saurais rien apprendre de bon ni de vrai, et où un fidèle du vieux judaïsme comme toi ne peut que se mettre en colère.

Mais Je suis venu pour redresser tout ce qui est tordu et pour rendre la vue et l’ouïe à ce qui est aveugle et sourd. Et à présent, oublions le Temple, puisque nous ne connaissons que trop sa parfaite inutilité.

12. De plus, nous allons bientôt accueillir de nouveaux hôtes. Ce sont de vrais Romains et Grecs qui viennent ici pour se restaurer et sans doute aussi pour y passer la nuit, car, en bas, on ne trouve pour ainsi dire plus à se loger dans toute la ville ; aussi, prépare-toi à les recevoir. »

13. Entendant cela, l’aubergiste s’en fut aussitôt avertir ses gens, et ceux-ci se disposèrent à guetter l’arrivée d’hôtes possibles ; mais à peine eurent-ils regardé vers le portail qu’il fallait franchir pour monter au mont des Oliviers qu’ils virent déjà un groupe de trente personnes entrer par ce portail, aussi se mirent-ils bien vite à leurs tâches diverses, afin d’accueillir convenablement les nouveaux arrivants.

La salle où nous nous tenions nous-mêmes était assez grande pour loger cent convives, et il y avait en outre sur les côtés de la maison plusieurs grandes chambres fort bien équipées pour le repos nocturne : il n’y avait donc pas à s’inquiéter pour le logement de ces visiteurs étrangers, qu’une femme avait guidés jusqu’ici.

C’était une fille publique de Jérusalem qui fréquentait fort les étrangers, et dont nous ferons mieux connaissance par la suite. GEJ6 CH180 untitled (retour-du-christ.fr)

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