1. À quoi servira-t-il de coudre, sur une vieille robe toute mangée aux mites, un bout d’étoffe neuve qui couvrira la peau nue et la protégera un temps du vent, si la première tempête venue arrache sans peine la pièce neuve, et même, avec elle, un morceau de la vieille robe mangée aux mites ? Qui protégera du froid la peau nue lors de la prochaine tempête ?
Aussi, achète sans tarder une nouvelle robe solide pendant que tu en as encore un peu les moyens, et ne gaspille pas ceux-ci à te procurer des chiffons neufs pour raccommoder la vieille robe mitée qui ne te sert plus à rien, et si quelque tempête survient alors, elle ne pourra plus te faire de mal !
2. Quel vrai vigneron voudrait mettre son vin nouveau dans de vieilles outres ? Qu’adviendra-t-il de ces outres quand le vin nouveau commencera à fermenter ? Il les déchirera, et le vigneron malavisé aura perdu et ses outres, et son vin.
Ainsi, un souverain malavisé qui veut introduire une nouvelle Constitution dans l’ancienne doit s’attendre au même résultat : chacune causera nécessairement la perte de l’autre, et le souverain perdra tout : sa Constitution, son pays et son peuple, comme on en voit déjà en Europe plusieurs exemples, qui seront bientôt suivis d’autres.
3. Je te le dis, celui qui, alors que Ma lumière descend des cieux toujours plus vivement, continuera de faire les yeux doux à cet homme qui se dit pieux et sifflera avec lui comme un serpent, celui-là se retrouvera bientôt seul, abandonné de tous. Car Je veux enfin mettre un terme à la trop longue courtisanerie de Babel.
Tout sera changé désormais, et la parole que J’ai portée aux apôtres et à tant d’autres hommes renaîtra avec une force nouvelle pour durer jusqu’à la fin des temps de cette terre.
Tous pourront se réchauffer à la lumière de Ma doctrine céleste, et, comme dans les premiers temps, Mes vrais adeptes et ceux qui M’aimeront vivront, du berceau à la tombe, dans une communion constante avec Mes anges, et par là avec Moi.
4. Tu demandes ce qui arrivera dans ton pays si les vieilles outres sont déchirées par le vin nouveau qu’on aura voulu y verser, et si ce vin est renversé.
Je te le dis : cela vaudra mille fois mieux qu’à présent, où, par crainte des nouvelles misères que pourra encore causer une longue et coûteuse temporisation, nul ne se fie plus même aux plus loyaux de ses frères, et où chacun répète : « Qui sait comment les choses peuvent encore tourner ? »
5. Le moment où, comme il est possible, les outres éclateront, sera aussi celui de la fin des grands consommateurs.
L’État prendra soin que rien ne soit ôté à ceux qui ont longtemps servi fidèlement le gouvernement et le peuple ; mais, en tout, près d’un quart de million d’oisifs qui battent le pavé, prêtres pour la plupart,
perdront les traitements et pensions considérables qu’ils percevaient et seront même astreints à payer la dette de l’État – car celle-ci sera honorée quoi qu’il arrive, afin qu’aucun frère n’ait à se plaindre de son frère.
6. Quoi qu’il arrive, Je suis désormais revenu à la tête, et aucun désordre ne peut plus affecter ceux qui tiennent à Moi.
Cette année, J’aurai encore un peu de patience envers le pays sous les lois duquel tu vis, mais plus guère au-delà, et il en ira donc de même là où beaucoup de Mes anciens amis vivaient encore corporellement en tout amour et en toute fidélité.
Les Miens et les nouveaux éclairés seront certes préservés, mais les autres seront châtiés.
7. Bien sûr, tu te dis en toi-même : « Seigneur, c’est sans doute bien ainsi, car, lorsque le gouvernement d’un peuple est devenu corrompu et incapable, il faut lui en donner un autre pour satisfaire ses besoins matériels, et surtout moraux.
Mais, tant que les anciens temples idolâtres que l’on nomme maisons de Dieu ou églises subsistent avec leurs serviteurs, que ceux-ci remplissent leur fonction et qu’ils peuvent faire des sermons, surtout dans les pèlerinages et dans les monastères, devant les nombreux aveugles qui existent encore, et leur vanter l’action remarquable des serviteurs de l’Église,
tout nouveau gouvernement – qu’il s’agisse d’une nouvelle Constitution plus favorable ou d’un nouveau souverain – sera toujours en danger de retomber peu à peu dans les anciennes ténèbres, d’autant plus vite si les serviteurs des temples ont le droit de vivre de ce que leur rapportent leurs fonctions religieuses.
S’il faut qu’ils continuent encore quelque temps de faire office d’enseignants pour le peuple, qu’on les paie comme tous les autres fonctionnaires ; mais ils ne devront ni demander, ni accepter une quelconque rétribution de leur service religieux.
Cela limitera grandement les agissements de ces templiers pour saigner le peuple, l’abuser et le rendre ignorant, et, à coup sûr, cela mettra très vite un terme aux pèlerinages, aux images et reliques miraculeuses et à bien d’autres monstruosités et abus de l’Église ! »
8. À cela, Je réponds que tu en as fort bien jugé pour une part, et que tout irait fort bien ainsi pour un temps, parce que le soi-disant prêtre s’occuperait à l’évidence davantage de l’éducation du peuple, pour laquelle il serait payé, que de cérémonies religieuses qui ne lui rapporteraient rien.
Mais s’il célébrait alors les offices pour rien, ceux-ci n’en deviendraient que plus méritoires devant Dieu pour la partie aveugle du peuple, qui retomberait d’elle-même dans une superstition plus grande encore que jadis ;
le prêtre ne présenterait certes pas comme sans valeur à Mes yeux ce qui lui vaudrait un si grand prestige auprès du peuple aveugle, mais comme une chose qui M’est particulièrement agréable, confortant ainsi le peuple dans son ancienne superstition et offrant un nouveau trône à la prostituée de Babel, dont la domination absolue approche aujourd’hui de sa fin.
9. Aussi, laisse plutôt les cléricaux continuer de saigner le peuple ; laisse ce peuple aveugle aller en pèlerinage et payer des messes coûteuses ; laisse-le se confesser, courir les églises, faire à ses défunts des funérailles ruineuses, laisse le clergé capter les héritages et vendre chèrement dispenses et indulgences ; bref, laisse les Babyloniens faire de mal en pis, et même le plus aveugle des hommes entendra raison et dira :
« En vérité, une telle religion ne peut être que pure tromperie, puisque ceux qui devraient être le plus convaincus de la vérité de la doctrine chrétienne, et s’y conformer plus que tous les autres, montrent par leurs actes qu’ils n’en font aucun cas, qu’ils ne croient pas en Dieu, et qu’ils sont donc tout simplement de faux prophètes sans autre souci que celui de leur ventre ; ils prennent tout leur bien aux gens par des tromperies diverses, ou, si cela ne suffit pas, par la sorte de contrainte légale que l’État leur permet, et, après ce véritable pillage, ils ne font même pas l’aumône d’une gorgée d’eau à une âme assoiffée !
Aussi, finissons-en avec tous ces faux prophètes, avec ces loups féroces déguisés en brebis, et avec tout ce qui leur a servi si longtemps à tourmenter, à tromper et à voler le pauvre peuple aveugle !
Finissons-en avec les temples, les autels, les images saintes, les reliques, les cloches et tous ces vains ustensiles religieux sans aucune valeur pour la vie spirituelle !
Désormais, nous ferons nous-mêmes l’expérience de la doctrine du Christ ; afin de pouvoir la suivre, nous nous la ferons expliquer par un vrai maître éclairé par Dieu, et ce maître authentique n’aura ni faim ni soif à notre table, et nous ne le laisserons pas aller sans vêtements et les pieds nus ! » GEJ10 CH28 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)
