Des esprits naturels de l’air

9. Entre-temps, l’aube s’était levée, et nous quittâmes l’auberge pour nous rendre sur l’éminence déjà décrite.
Dans le ciel brillaient encore les plus grosses étoiles, la lune déjà fortement entamée et la planète nommée Vénus, le tout offrant un spectacle magnifique.


10. Cependant, la matinée était assez fraîche, et les Romains déclarèrent : « Ce spectacle rare serait sans doute fort beau, si la fraîcheur matinale ne se faisait autant sentir ! »


11. Je dis : « Il est vrai que ce froid est un peu désagréable à la peau, mais il est fortifiant pour le corps et pour l’âme : car c’est l’heure où les purs esprits de l’air passent auprès de nous. Mais si vous avez trop froid, Je vais faire en sorte de vous réchauffer intérieurement, tandis que nous garderons, nous autres, cette pure température. »


12. Les Romains dirent : « Ah, en ce cas, nous aussi ; car ce qui fortifie le corps et l’âme ne peut faire de mal aux Romains que nous sommes ! »


13. Tout le monde s’estima donc satisfait et content, et nul ne se soucia plus du froid.


14. Agricola Me dit alors : « Seigneur et Maître, les esprits qui passent à présent devant nous ont-ils une forme définie, ou bien sont-ils informes et en quelque sorte confondus ensemble, telles les gouttes d’eau dans la mer ? »


15. Je dis : « Ami, il serait un peu difficile de répondre à ta question d’une manière tout à fait compréhensible ; mais nous allons essayer d’une autre manière : Je vais de nouveau ouvrir pour quelques instants votre vision intérieure, et vous conclurez vous-mêmes de ce que vous verrez ! »


16. Les Romains en furent d’accord, et J’ouvris aussitôt leur vision intérieure, ainsi qu’à Agrippa et à Laïus, qui étaient venus avec nous d’Emmaüs.


17. Alors, ils virent flotter devant eux une foule sans nombre de formes diverses pressées les unes contres les autres, et Agrippa s’écria : « Ah, comme c’est étrange ! Quelle infinité de formes indescriptibles ! Il y a là toutes sortes d’herbes et de plantes, et, entre elles, des graines ! Sur les plantes, je vois aussi une quantité d’œufs d’insectes de toute espèce, et aussi leurs larves et les insectes déjà formés.


A l’intérieur de toutes ces formes, tant plantes, graines, neufs et larves qu’insectes achevés, je vois comme des points très lumineux, et, flottant entre elles, un nombre incalculable de points lumineux minuscules ! Et tout cela se mêle dans un beau désordre, sans qu’aucune forme se confonde avec une autre. Ainsi, ce sont là les purs esprits de la nature ? »


18. Je repris aux Romains la vision intérieure, et, de nouveau, ils ne virent plus que de l’air.


19. Agricola dit : « Seigneur et Maître, à quoi servent donc ces esprits ?
Sont-ils à l’origine de tout ce dont leur forme porte manifestement en elle la disposition, ou bien sont-ils en quelque sorte les âmes des plantes, herbes, arbres et insectes défunts ? »


20. Je dis : « Non pas la seconde chose, mais la première, telle que la vision intérieure vous l’a montrée !


21. Leur intelligence, qui se manifeste aussi à travers leur forme, les pousse à s’unir à tout ce qui, dans ce qui vit sur cette terre, leur est étroitement apparenté par la forme.
Ils se mettent donc au travail dans les plantes, et de leur nombre et de leur activité dépendra l’abondance de telle ou telle récolte, ainsi que le nombre des diverses petites bêtes que vous appelez moucherons, insectes ou vers.
Car ce sont toujours là les premiers animaux d’une planète en formation*, et c’est la réunion de leurs âmes qui constitue ensuite les animaux plus grands.


22. Agricole : « Mais, Seigneur et Maître, pourquoi donc n’avons-nous pas vu d’âmes humaines défuntes de cette terre ? »


23. Je dis : « Pour deux raisons. D’abord, Je n’ai ouvert votre vision intérieure que dans une mesure qui vous permettait de voir des esprits naturels déjà très matérialisés, ce qui correspond au premier degré de la vision intérieure, que beaucoup d’hommes simples possèdent naturellement.
Mais les âmes humaines, surtout les plus accomplies, ne sont pas visibles à ce niveau de vision intérieure, qui relève encore davantage de la vision matérielle que de la vision purement spirituelle.


24. Ensuite, pour ce qui est des âmes impures qu’il vous aurait été possible de voir par cette vision que Je vous ai accordée pour quelques instants, vous ne les avez pas vues parce qu’il ne s’en trouvait aucune en ce lieu ; car de telles âmes sentent les lieux où Je Me trouve pleinement et en personne, et elles les évitent soigneusement. –

Telles sont les deux raisons pour lesquelles vous n’avez pu voir cette fois aucune âme défunte ! »


25. Se déclarant satisfaits de cette explication, les Romains ne Me posèrent dès lors plus de questions sur ces sortes de choses. GEJ8 C44

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