1. Cyrénius dit : « Seigneur, ne serait-il pas également possible, dans le second cas, lorsqu’il ne se trouverait pas d’homme suffisamment fort spirituellement pour que sa parole et sa volonté fassent céder les esprits possédant la chair d’un homme, de recourir à des remèdes naturels,
ne serait-ce qu’afin que cet homme puisse ensuite être délivré de son mal par la parole et la volonté d’un homme d’une force spirituelle moindre ? »
2. Je dis : « Le premier remède du domaine de la nature est le jeûne. Que l’on ne donne à un tel homme, une seule fois par jour, qu’un morceau de pain de seigle d’une demi-livre environ ainsi qu’une simple cruche d’eau ;
entretemps, on peut aussi lui donner, tous les deux jours, un peu de jus d’aloès, mêlé, selon la nature de la possession, d’une à deux gouttes de suc de jusquiame, et ce secours naturel sera d’un bon effet ;
toutefois, cela ne suffira pas à le guérir complètement, sans la prière et l’imposition des mains en Mon nom.
3. Quoi qu’il en soit, dans de tels cas, le juge doit toujours considérer en son cœur qu’il n’a devant lui en ce criminel qu’un être humain gravement égaré, et non un diable accompli.
4. Mais si un homme s’obstine dans le dévoiement et qu’il ne soit pour autant ni inculte, ni possédé, on peut dès lors entreprendre de le châtier sévèrement.
5. Si un tel homme s’amende et, les comprenant, se met à prendre en horreur ses péchés, il faut alors le traiter avec davantage d’amour ;
mais si cet homme ne s’amende pas du tout et continue visiblement de se complaire dans sa débauche — ce qu’un tel bouc en rut ne peut jamais dissimuler complètement —,
on peut, s’il est par ailleurs un homme de quelque éducation, soit l’expulser de la communauté vers quelque région lointaine et déserte, où son grand dénuement le ramènera à la raison ; s’il s’amende alors, il s’en trouvera bien — sinon, le désert le consumera.
6. Mais si un homme a peu d’éducation et que tant les châtiments que le jeûne demeurent sans effet sur lui, il peut alors être castré par un médecin expérimenté, et son âme pourra en être sauvée.
Il existe même certains hommes qui se sont mutilés eux-mêmes pour l’amour du royaume de Dieu. De même — mais uniquement dans le cas mentionné —, certains peuvent être mutilés à la suite d’un jugement de la communauté, pour cette même raison ; car dans ce cas, il vaut mieux parvenir mutilé au royaume de Dieu qu’intact en enfer !
À présent, tu sauras quelles sentences prononcer dans toutes les affaires qui résultent de la concupiscence. J’ajoute seulement ceci : à l’avenir et en tout temps, il faudra juger de tels cas en vous conformant uniquement à ce que Je viens de vous dire.
7. Pour de tels crimes, Moïse a ordonné la lapidation et la mort par le feu ; mais cela ne doit être fait que dans des cas extraordinaires, et pour l’exemple, contre des pécheurs extrêmement endurcis. Je n’abroge pas Moïse,
mais Je vous conseille seulement de procéder en tout avec douceur tant que la plus extrême rigueur n’est pas rendue nécessaire par une trop grande dépravation.
8. Soyez des juges cléments et justes par un véritable amour du prochain, et vous serez vous aussi jugés avec douceur et clémence dans l’au-delà ; car comme vous aurez mesuré, il vous sera mesuré en retour.
9. Si vous êtes miséricordieux, vous trouverez aussi miséricorde ; mais si vous êtes sévères et impitoyables dans vos jugements et vos condamnations, vous rencontrerez vous aussi un jour des juges sévères et impitoyables.
10. Dans de tels jugements, songez que l’âme et l’esprit de l’homme sont dociles et pleins de bonne volonté, mais que la chair est et demeure faible, et qu’il n’est personne qui puisse se vanter de la force de sa chair.
11. Or, nul ne peut encore être au sens propre né à nouveau en esprit ; car les hommes ne parviendront à la vraie et complète régénération spirituelle que lorsque le Fils de l’homme aura pleinement accompli la tâche qu’il a assumée. 12. Ainsi, retenez cela et conformez-vous-y ! » GEJ3 CH70 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)


