Des transitions dans le monde des esprits de la nature

1. À l’instant où Raphaël propose à Rocle ainsi qu’à ses compagnons de le questionner à nouveau s’ils avaient encore quelque chose sur le cœur, leur faisant ainsi une nouvelle concession, un vent violent s’élève soudain de la mer et, sur le rivage, essaie d’abord sa force sur les précieuses tentes d’Ouran, qui demeurait encore parmi nous.

En même temps, on entend les cris d’une multitude de grues qui volent en tous sens dans la plus grande confusion.

2. Dans le nouveau port, les nouveaux bateaux aussi se mettent à craquer violemment ; car, bien que le temps demeure par ailleurs fort clément, le vent souffle de plus en plus violemment, au point que Cvrénius Me dit :

« Seigneur, la tempête forcit de minute en minute, et, si cela continue, nous serons bientôt contraints nous aussi de changer de place ! Car lorsque les grues volent ainsi en désordre, cela ne présage rien de bon !

Quelque chose a dû fort effrayer ces animaux, sans quoi ils n’auraient pas quitté le lieu de leur repos nocturne ! Ah, ce sera bientôt à n’y plus tenir ! Le vent est de plus en plus violent, et sa fraîcheur commence aussi à se faire sentir ! Ne devrions-nous pas rejoindre les salles de la nouvelle maison ? »

3. Je dis : « Tant que Je serai avec vous, vous n’aurez pas à redouter le vent ni sa fraîcheur, ni les cris d’aucun animal !

Il existe dans l’air, de même que dans la terre et dans l’eau, une multitude d’esprits naturels immatures ; à certains moments ou périodes, ceux-ci manifestent une activité particulière qui les rend capables d’accéder à une sphère d’activité nouvelle et supérieure.

 4. Ces périodes de transition des esprits de la nature ont toujours un aspect quelque peu violent ; mais tout cela est aussi nécessaire à la conservation et à la reproduction de l’ensemble qu’il t’est nécessaire de respirer pour que ton corps physique continue de vivre.

Quand tu as marché vite et que tu as donc porté à une grande agitation les esprits de ta chair et de ton sang, ces esprits se rassemblent et accèdent à un niveau d’existence supérieur ;

mais cela vide en quelque sorte les niveaux d’activité inférieure de leurs ouvriers, et si ceux-ci n’étaient à l’instant remplacés par d’autres, tu sombrerais aussitôt dans une quasi-inconscience, et la rapide progression de l’état d’inactivité dans les étages inférieurs de la vie physique priverait bientôt ton corps de toute vie.

5. La lumière et la chaleur du jour font passer à des niveaux d’existence supérieurs des myriades sans nombre d’esprits naturels libérés par la matière dans le règne végétal ou animal, et, lorsqu’il a fait très chaud, souvent davantage qu’il ne pouvait s’en libérer parmi les esprits naturels des étages inférieurs de la matière grossière !

L’on remarque vite comme tout devient alors paresseux et sans joie, et comme les plantes se fanent et souvent meurent tout à fait. La raison en est le passage à un échelon supérieur de la vie d’un plus grand nombre d’esprits vitaux naturels qu’il ne s’en est trouvé pour monter de plus bas les remplacer dans leur activité.

6. Cela se passe un peu comme dans un fleuve, qui n’est pas autre chose que la réunion des milliers de petites sources qui coulent en lui. Ainsi, si tu pouvais tarir les cinq cent mille sources de l’Euphrate, tu verrais bientôt son lit vide, et en peu de temps parfaitement sec.

Car il est bien vrai qu’un clou chasse l’autre, et ce n’est que dans l’homme accompli que tous les esprits vitaux naturels venus d’en bas atteignent leur destination finale, du moins en ce qui concerne l’âme et l’esprit de l’homme ; car la chair, elle, est et demeure longtemps encore matière, et, à sa fin, elle se désintègre en toutes sortes de formes de vie qui recommencent à monter vers le point qui leur a été assigné comme but.

7. Si tu retiens bien cela et y réfléchis un peu, tu ne t’étonneras plus du tout de ce que le vent souffle si violemment à présent, ni d’entendre crier les grues, qui, étant d’une intelligence supérieure parmi les oiseaux, sont les premières à remarquer que trop peu d’esprits vitaux montent vers elles des échelons les plus bas de la nature.

8. La très grande chaleur de ce jour a poussé vers le haut de très nombreux esprits vitaux naturels, et c’est pourquoi un grand manque se fait généralement sentir d’en bas, précisément en cette région de la terre ;

en revanche, dans les régions terrestres du nord-ouest, un surplus considérable d’esprits naturels s’est libéré de la matière la plus inférieure pendant la journée d’aujourd’hui, mais aussi celles d’hier et d’avant-hier.

Ne pouvant s’attendre à trouver refuge sur les lieux de leur apparition et de leur libération, ces esprits s’en vont ou débordent vers les régions où leur manque se fait le plus sentir.

Les oiseaux migrateurs, notamment les grues, sont à cet égard extraordinairement sensibles et réceptifs.

Parmi tous les animaux, ils sont les premiers à percevoir tant l’excès que le manque desdits esprits naturels inférieurs.

Ils commencent à s’agiter, puis s’envolent, et chacun va chercher les couches de l’air où il trouve un surplus de ce qui lui manque, qu’il s’assimile alors en inspirant avec force, tout en annonçant par ses cris qu’il a trouvé ce qui manquait ; ces cris des grues sont donc autant le signe de leur contentement que, bien sûr, de leur malaise.

9. Le vent qui souffle à présent du nord-ouest est entièrement saturé de ces premiers esprits naturels inférieurs qui font tellement défaut ici, et que les apothicaires nomment oxygène.

Sa fraîcheur ne peut donc faire de mal à personne, parce qu’elle ne peut avoir qu’une action vivifiante, fortifiant et rafraîchissant agréablement nos membres amollis. Mais dans une heure, ce vent sera tombé, et vous vous sentirez tous frais et dispos et trouverez à votre goût le pain et le vin. » GEJ5 CH85 untitled (retour-du-christ.fr)

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