1 Je Me tourne alors vers le Dragon et lui dis: «Satan, combien de temps encore veux-tu tenter Dieu, ton Seigneur de toute éternité? Combien de temps vas-tu conserver ton orgueil incommensurable ? Que veux-tu obtenir, face à Ma Toute-Puissance qui pourrait te dissoudre et te détruire n’importe quand ? Et si elle ne le fait pas, elle peut te châtier éternellement de la plus sévère façon!
2 Tu sais que c’est ton dernier délai; tu peux encore t’élever – ou tomber à jamais! Que veux-tu faire ? Tu connais suffisamment Ma Volonté; s’il n’en était pas ainsi, tu n’aurais jamais commis de pêché. Vu que ma Volonté t’est connue, ainsi que la récompense et le châtiment qui y sont liés, dis-Moi: que vas-tu faire?
3 Vois, tout se dresse maintenant contre toi! Toutes les montagnes sont rabaissées et les vallées remplies. Toutes les couronnes et les trônes que tu édifias sur Terre vont être précipités dans la boue! Que feras-tu? Tu ne pourras jamais plus défier Ma Puissance et plus rien ne te sera permis. Alors parle, que veux-tu faire? Vas-tu te rebeller ou tomber?
4 Vois, là, à tes pieds, l’abîme sans fin – et regarde: Je suis ici, le Père de tous ceux qui M’aiment, et voici Ma Table! – Choisis maintenant et décide-toi vite! Qu’il en soit ainsi! »
5 Satan répond: «Seigneur, je Te connais, Toi et Ta Puissance infinie et éternelle, aussi bien que je connais mon affreuse impuissance.
Mais justement parce que je vois tout cela jusque dans ses plus grandes profondeurs en ressentant fortement ma propre incapacité, je considère comme un triomphe de mon orgueil de pouvoir Te défier, oui, de pouvoir Te défier à jamais!
Et je vois aussi qu’il ne reste aucun moyen à Ta Puissance pour me soumettre et me vaincre contre ma volonté – si ce n’est que par la destruction totale, ce que Tu ne pourrais jamais considérer comme une victoire sur moi!
Car une victoire spirituelle n’est jamais basée sur la totale destruction d’un adversaire infiniment plus faible, mais au contraire sur une sage persuasion, ce qui nécessite la plus grande liberté des deux partis.
6 Cette persuasion est toujours basée sur la libre acceptation de la partie contraire. Et cette partie contraire, c’est moi, qui n’accepterai jamais ce que Toi Tu veux, même si Tu as les plus justes motifs de le faire. Et même si je m’en rends compte, je n’en ferai rien, afin de Te montrer qu’il existe une autre volonté à part la Tienne, qui ne se soumettra jamais à Ta Toute-Puissance, aussi longtemps que Tu me laisseras exister!
7 Car vois-Tu, c’est facile d’être libre selon Ta Volonté! Mais connaître Ton éternelle Toute-Puissance et Ta colère et, dans ma propre faiblesse, renonçant à toutes les félicités, Te défier, Toi, le plus puissant des Esprits, tout en étant en proie à des tourments inouïs – vois, c’est plus grand que toutes les grandeurs que Ton œil qui voit à travers tout sera jamais capable d’apercevoir!
8 Et c’est là le motif de mon éternelle désobéissance envers toi. Si je vois dans cette désobéissance le plus grand triomphe de mon impuissance, c’est que, dans cette impuissance, je reste vainqueur de Ta Toute-Puissance, de Ta Sagesse et de Ton Amour, ainsi que de Ta colère, et que tu ne peux parvenir à me plier malgré toute Ta Puissance, Ta force, Ton Amour, Ta Sagesse, Ton jugement et Ta colère !
9 Etre un Michel n’est pas un art, être un Gabriel n’est pas difficile, un Uriel encore moins, être un séraphin ou un chérubin est un jeu d’enfant.
Mais être un Lucifer, le premier des grands Esprits après Toi, qui sait toute la félicité que procure Ton Amour infini, et connaît également les tortures croissantes liées à Ton jugement et malgré cela, méprisant aussi bien cette félicité que les tourments éternels, T’opposant ainsi un défi implacable et sans fin tout en ayant conscience de ma propre impuissance,
sans le moindre espoir de gagner jamais quelque chose, mais au contraire en sachant que je perds tout: vois, cette grandeur de volonté impuissante est infiniment plus élevée que toutes les grandeurs de Ta Divinité!
Et la conscience de tout cela me rend plus heureux dans mes plus grandes souffrances que Tu ne le fus jamais, Toi, avec tous Tes esprits et Tes anges !
C’est pourquoi, ne me demande plus jamais combien de temps je te défierai encore. Ma réponse restera toujours la même: éternellement, éternellement, éternellement! Dieu ne me fera jamais me plier devant Lui !»
10 Je dis: « O toi, esprit aveugle et obscur, combien grande est la mort que tu portes en toi pour oser Me défier ainsi!
Tu te complais dans ta folie et ne penses pas que toute liberté, qu’elle soit vraie ou fausse, comme celle qui te semble t’appartenir, doit se soumettre finalement à Ma Volonté. Qui M’a jamais conseillé et mis à nu Mes projets ?
Qui te dit que ce n’est pas Ma Volonté secrète qui fait que tu es tel que tu es? Sais-tu vraiment si Je ne t’ai pas destiné à tomber dès le début des temps ? L’œuvre du maître peut-elle dicter à celui-ci comment et pour quel but il doit la façonner ?
11 Un fondeur de métal façonne ses grands creusets avec une masse résistant au feu. Les creusets sont alors plongés dans un feu puissant et le métal incandescent. Et lorsqu’il est porté à une température suffisamment élevée, il devient liquide et le contremaître le fait couler dans différentes formes utiles.
Lorsque le métal a coulé, on cesse de chauffer les formes pour qu’elles refroidissent. Le creuset reste alors dans la braise, pour qu’on puisse y fondre d’autres métaux. On ne le refroidit pas avant qu’il ne soit devenu inutilisable et on le jette alors à tout jamais en tant que matière brûlée qui ne peut plus servir.
12 Ne suis-Je pas le contremaître de toutes les œuvres qui existent ? Si c’en est ainsi et que Je Me fais des outils tels que J’en ai besoin et que Je les veux – dis-Moi, peux-tu encore Me défier ? Peux-tu appeler cela du défi si tu es comme tu l’es et ne peux être différent de ce que Je veux finalement que tu sois ?
13 Je ne suis pas un dur fondeur de métal, mais un Maître plein d’Amour, et Je veux même retirer Mes creusets de leur braise ardente s’ils le désirent et veulent se soumettre à Mon ordre ; car celui-ci a uniquement pour but la liberté de Mes créatures.
S’ils ne le veulent pas et que cela leur plaise davantage de rester à jamais Mes creusets, cela Me convient aussi ; ainsi, Je n’ai pas à M’en confectionner de nouveaux. S’ils restent des creusets, ils sont alors ce qu’ils doivent être et ne peuvent être ce qu’ils aimeraient être. Car un outil ne peut être différent de ce que Je veux qu’il soit.
14 C’est pourquoi, en ce qui concerne ton prétendu défi qui te réjouit tant, il n’est qu’une chimère qui provient de ton grand aveuglement.
Car aussi peu un pot peut-il dire au potier qui le tourne et le forme : « Je suis comme je le veux » – aussi peu peux-tu Me dire que tu es comme tu le veux – alors que tu dois être uniquement comme Je veux que tu sois ! Moi, l’Amour éternel même, Je te donne, à part ton jugement, toute la liberté nécessaire pour te permettre de ressentir la misère de ton état, de la comprendre et de la changer si tu le désires.
Si tu ne le veux pas, reste ce que tu es – toutefois non parce que tu le veux, mais parce que Moi Je le veux.
15 Si tu veux améliorer ton sort, je mettrai à ta place un autre outil qui remplira tes fonctions de Me servir. – Parle maintenant comme tu le désires ! Cela M’est tout à fait égal si tu restes ce que tu es – ou bien, comme Je te l’ai dit, si Je te remplace par un autre outil. »
16 Ces paroles plongent Satan dans la plus profonde stupéfaction et il ne sait que dire.
17 Mais ses nombreux adeptes crient : « O Seigneur, s’il en est ainsi, oh, délivre-nous de nos anciens tourments et remplace-nous par des outils nouveaux et utilisables !
Car nous avons suffisamment goûté à la misère et sommes devenus bien délabrés par le feu. C’est pourquoi, aie pitié de nous et forme-nous, ô Seigneur, selon Ta bonté et Ton Amour ! »
18 Lorsque Satan entend parler ainsi ses adeptes, il se met en colère et hurle : « Ne voulez-vous pas partager ma grandeur ? Sachez que je ne vais pas rester ce que Dieu veut que je sois, mais ce que je veux être moi-même. Dites-moi que vous m’approuvez !»
19 Ses adeptes crient : « Insensé, comment veux-tu vouloir ce que Dieu ne veut pas ? Ta libre volonté n’est-elle pas celle de Dieu ? Tu peux vouloir ce que tu veux : ce que tu veux ne provient pas de toi, mais de la volonté de Dieu en toi, et Il restera toujours et éternellement ton juge invincible !
Agis selon ton jugement ; quant à nous, nous nous sommes rendus à la miséricorde de Dieu et restons ses captifs à tout jamais. C’est pourquoi nous sommes maintenant soumis à un jugement plus doux. »
20 Je dis : « Relevez-vous, pauvres misérables, et devenez libres ! Mais toi là-bas, reste ce que tu veux être ! Que tu fasses ceci ou cela ne dépend pas de ta volonté, mais de la Mienne qui suis Dieu. – Que la volonté que tu as en toi soit soumise à Mon jugement !
21 Je t’accorde encore, en plus de la grande leçon que tu viens de recevoir, un court délai où tu auras l’occasion de réfléchir à ce que tu es et à ton comportement.
Si tu veux améliorer ton sort, il en sera fait selon ton désir. Si tu ne le veux pas, tu resteras ce que tu es aussi longtemps que le dernier prisonnier de toute création qui existe actuellement n’aura pas subi la métamorphose de la chair ! – Ce qui t’arrivera alors, Moi seul le sait et personne d’autre dans tout l’infini ! »
22 A ces mots, Satan pousse un grand cri et sort précipitamment par la porte. Alors ses adeptes s’arrachent leur carapace de dragon et mille âmes d’apparence des plus misérables se tiennent toutes nues devant nous et prient qu’on les guérisse et les soulage de leurs grandes souffrances.
23 J’appelle à nouveau notre Martin, ainsi que Borem et Chorel et leur dis de mener ces malheureux dans le bain rafraîchissant. Ils exécutent immédiatement ce que Je leur ai ordonné et ces misérables trouvent ainsi un adoucissement à leurs tourments. EM CH119 EM.pdf (retour-du-christ.fr)
