Du mystère de la vie spirituelle intérieure

1. À ces paroles de Cyrénius, Zorel s’inclina profondément devant nous tous et retourna aussitôt vers Jean, qui l’accueillit derechef très aimablement et lui demanda comment les choses s’étaient passées.

2. Zorel dit : « Tout s’est très bien passé, comme tu peux le voir à ma tenue ; car lorsqu’on a une tunique bien fraîche, une toge et sur les épaules un manteau grec de mérinos bleu, on se trouve sans doute fort bien en ce monde !

Certes, pour ce qui est de la santé et du bien-être spirituels, il y a encore du pain sur la planche !

Si Dieu voulait que je puisse paraître vêtu de neuf en esprit comme je le suis aujourd’hui physiquement, il est certain que je me sentirais encore mieux ; mais il y faudra encore le temps !

3. Cependant, permets-moi encore, ami, cette question : vous êtes des hommes de chair et de sang comme moi, pourvus des mêmes sens ; pourtant, tu m’a donné des preuves de ta force spirituelle, qui dépasse de beaucoup tout ce que j’ai pu rencontrer jusqu’ici.

Je me demande donc comment tu y es parvenu. Qui t’a enseigné cela, à toi et à tes camarades ? Comment avez-vous trouvé cette voie ? »

4. Jean dit : « Il ne te servirait pas à grand-chose que je te l’explique ; mais si tu fais ce que je vais te dire, tu découvriras en toi-même cet enseignement, et l’esprit éveillé en toi, fortifié par l’esprit de Dieu, te conduira en toute vérité et en toute sagesse.

Si tu veux apprendre un art quelconque, il te faut aller voir un artiste qui te montre ses tours de main ; ensuite vient la pratique assidue qui te permet d’acquérir ces tours de main de telle sorte qu’ils égalent ceux du maître, et tu deviens alors un artiste comme ton maître.

5. Si tu veux apprendre à penser, tu devras aller chez un philosophe ; il te fera prendre conscience des causes et des effets, tu commenceras alors à penser et à conclure et tu diras : l’eau, étant un liquide, peut aisément être mise en mouvement ; en vertu de son poids, elle doit couler vers l’aval,

car, selon l’expérience commune acquise jusqu’ici, en vertu de la force d’attraction des profondeurs terrestres, tout ce qui a un poids s’est toujours précisément dirigé vers les profondeurs de la terre et doit continuer de le faire selon la volonté immuable du Créateur, ce qui est une loi obligée dans toute la nature.

6. Quand l’eau a atteint le plus profond de la mer, elle revient au calme en ce sens qu’elle cesse de s’écouler, mais elle n’en reste pas moins en soi un corps liquide ;

et dès qu’un vent de tempête souffle sur la vaste surface, il amène sur cette surface, qui sans cela serait tranquille, un mouvement houleux, et cette ondulation de l’eau ne représente là encore en elle-même que l’aspiration au repos de ce corps liquide.

Mais, précisément parce que rien n’aspire plus au repos que l’eau, c’est elle aussi que l’on peut faire sortir le plus aisément et le plus rapidement de son équilibre de repos.

7. Il s’ensuit cette conclusion : plus un corps est liquide, plus il contient en lui d’aspiration au repos ; et plus grande est l’aspiration au repos manifestée dans sa nature physique, plus il est facile de le mettre en mouvement.

Mais plus un corps élémentaire doit être facile à mettre en mouvement, plus il faut qu’il soit liquide. Tu vois par cet exemple comment on apprend à penser à l’école des philosophes, et comment on apprend à conclure de la cause à l’effet ainsi que l’inverse.

8. Seulement, toute pensée de cette nature se meut dans un cercle auquel elle ne trouve jamais d’issue, car il ne peut y en avoir.

C’est pourquoi une telle pensée est de peu ou d’aucune utilité à l’homme pour son être, sa volonté et sa pensée intérieurs et spirituels.

Cependant, si tu ne peux acquérir un art quelconque qu’auprès d’un artiste et une pensée rationnellement organisée qu’auprès d’un philosophe,

de même, tu ne peux apprendre la pensée intérieure spirituelle que d’un esprit, à savoir l’esprit de Dieu qui pénètre tout, tel qu’il existe en toi-même —

autrement dit, seul un esprit peut éveiller un esprit; car un esprit voit et reconnaît un autre esprit comme un œil en voit un autre et sait que c’est un œil et comment il est fait.

9. L’esprit est la vue intérieure de l’âme, et sa lumière pénètre tout, parce qu’il est la lumière la plus intérieure et donc la plus pure.

Tu vois maintenant par là comment se passe l’apprentissage des différentes sortes de sujets, et comment, pour tout ce que l’on veut apprendre, il faut toujours avoir le professeur le plus capable, si l’on ne veut pas demeurer un éternel maladroit ;

mais, même si l’on a trouvé le meilleur des professeurs, il reste très important de faire très exactement et avec beaucoup de zèle ce que le maître a ordonné ou conseillé.

10. Quand l’esprit s’éveillera en toi, tu percevras sa voix comme une pensée lumineuse dans ton cœur.

Tu dois écouter ces pensées et te régler sur elles pour tout ce qui concerne ton existence, procurant ainsi à ton propre esprit un espace d’action toujours plus grand ; de la sorte, ton esprit grandira en toi jusqu’à atteindre la taille d’un homme, et il imprégnera ton âme tout entière et avec elle tout ton être matériel.

 11. Lorsque tu en seras arrivé à ce point, tu seras tout aussi capable que chacun d’entre nous de voir et de connaître non seulement ce que les hommes de nature peuvent voir et percevoir par leurs sens,

mais aussi des choses inaccessibles aux hommes ordinaires, comme tu l’as constaté avec moi lorsque, sans t’avoir jamais vu ni connu, j’ai pu rapporter très exactement tout ce que tu avais fait sur cette terre, jusqu’aux choses que tu cachais le mieux.

12. Je t’ai seulement donné ici un petit avant-goût des faits, de façon à ce que tu comprennes et saches ce qu’il en est des choses de l’esprit. Mais cela n’est encore rien, ou bien peu de chose, pour ton salut ; tu dois maintenant apprendre ce qu’il te faut faire pour éveiller ton esprit.

Cependant, ce n’est pas à moi qu’il appartient de te l’expliquer, loin s’en faut, mais à un autre qui se trouve parmi nous, et dont l’être tout entier est pénétré de la façon la plus intense de l’esprit de Dieu.

C’est Lui qui te montrera le chemin de la vérité et qui, à travers ta chair, dira à ton esprit, car Il est Lui-même l’esprit des esprits : ” Éveille-toi à l’amour en Dieu et de là à celui de tes frères, au nom de Celui qui est et fut de toute éternité, et qui sera éternellement !” —

Dis-moi à présent ce qu’il te semble de tout ce que je viens de te dire ! » GEJ4 CH76  GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)

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