(17 mars 1843)
1. Alors Hénoc regarda le Dragon droit dans les yeux et lui d’un ton mêlé de sérieux et de gentillesse : “Bien, pauvre créature que tu es, j’ai pris note des plaintes que tu as proférés contre Dieu, et je les ai parfaitement comprises !
2. S’il en est ainsi, tu es vraiment l’être le plus à plaindre de tout l’infini.
3. Car personne ne peut être plus misérable et malheureux que celui qui connaît ce qui est juste et bien et, ressentant le besoin impérieux de l’accomplir le plus sérieusement du monde, est aussitôt la proie du courroux de la Divinité,
Laquelle le force contre sa volonté et sa conviction à faire le mal, de sorte que cette Divinité injuste et sans amour se rendra coupable d’une nouvelle damnation encore pire que les autres.
4. Si les choses sont telles, dis-moi, comment cela se fait-il que le Seigneur soit aussi miséricordieux envers nous, au point que nous n’avons pu nous empêcher de reconnaître en Lui l’Amour éternel le plus pur et sans limites, et que par conséquent nous nous sommes mis à L’aimer plus que tout ?
D’autre part, comment est-il possible qu’Il nous ait affirmé ouvertement Lui-même qu’en Sa qualité de Père plein d’amour Il a déjà tout essayé et veut encore tout tenter pour briser ton éternelle obstination, afin de te regagner ?
5. Oui, dis-moi, comment est-il pensable que le Seigneur ait fait naître toute la Création visible uniquement à cause de toi, afin de t’amener à un complet retour sur toi-même au moyen de la dure épreuve de la mort matérielle et que tu ne veux pas retourner auprès du Père,
Lequel, à cause de Son amour sans limites, est obligé de fractionner la totalité de ta force en une multitude de vies humaines placées sur cette terre, ainsi que sur les innombrables autres mondes,
afin de t’ôter ton obstination de cette manière et de te ramener à Lui partagé à travers nous autres humains, vu que tu ne te déciderais jamais à lui revenir intégralement sans cela ? Dis-moi, oui dis-moi comment cela est possible, et je ferai ce que tu demandes de moi !”
6. Ici, le Dragon reprit la parole et dit : “O toi, créature anachronique ! Tu ne connais même pas la saveur de mille ans passés sur la terre et veux déjà mieux t’y entendre que moi en ce qui concerne Dieu, l’Éternel, alors que j’ai goûté à Ses revirements depuis des éternités déjà ! Vois à quel point tu es faible et insensé !
7. Je vais maintenant t’ouvrir tes très jeunes yeux, afin de te permettre d’apercevoir au moins une étincelle de la véritable identité du Dieu que tu t’imagines connaître ! Écoute donc
8. Je connais d’innombrables milliards de créations semblables à celle-ci ! Chacune d’elles a déjà existé un grand milliard d’années terrestres. (Notabene : un tel milliard est un chiffre où l’on ajoute à droite de l’unité neuf cents zéros, pour toi, pauvre petit, déjà en soi un chiffre impensable !).
9. Lorsqu’une telle période de création s’est écoulée et que Dieu S’est lassé de Ses créatures, Il laisse libre cours à Ses pensées, ce qui veut dire – bien entendu – qu’Il détruit toute la Création qui ne connaît pas de limites et que le vide illimité règne pendant plusieurs milliards d’années terrestres ;
et, à part Lui et moi, qui ai toujours pu résister puissamment à toute destruction, vu que je suis une partie tout à fait essentielle de la Divinité, – rien ne subsiste.
10. Lorsque la Divinité a établi une foi de plus le plan d’une nouvelle grande création pour une période d’une durée inimaginable pour toi,
Elle Se met aussitôt à l’œuvre ; et dès que cette nouvelle création a fait son temps et que la Divinité S’est fatiguée de Ses créatures, la destruction totale des choses s’en suit, lesquelles ne sont de toute façon rien d’autre que les pensées de Dieu fixées un certain temps ; alors, le néant s’établit à nouveau à la place de la splendeur précédente.
11. Tu peux déjà t’apercevoir sur terre que Dieu a inclu de tels agissements dans Son plan originel qui révèle Sa puissance et Sa force de maintien, vu que les choses alternent constamment de la naissance à la subsistance, puis font place à la disparition.
Aujourd’hui, tu contemples l’épanouissement merveilleux d’une fleur, le lendemain déjà, elle meurt et disparaît à jamais ; et il en va éternellement de même pour tout ce qui existe, qu’il s’agisse de ce qui est grand ou petit ! J’en suis certes un témoin des plus anciens et indestructibles !
12. Par conséquent, si tu crois à une Vie éternelle, tu te trouves profondément dans l’erreur ; car rien ni personne ne possède une stabilité éternelle, donc indestructible à part Dieu et moi : Dieu, parce qu’Il est éternel en Lui-même dans Son Être originel et essentiel,
et moi, parce que je ne suis pas une pensée comme toi et toute la création qui vient de Lui, mais une part indestructible, fondamentale et séparée de la Divinité même !
13. Puisque tu te demandes comment il est possible que malgré tous les efforts de Dieu je ne veuille pas retourner à Lui, alors qu’Il S’est révélé à toi en tant qu’amour le plus pur, je te réponds que la raison en est des plus limpides et ne se trouve pas ailleurs que dans le fait que je connais Dieu dans Son essence, – ce qui te sera éternellement impossible, vu que tout d’abord tu es incapable de saisir la signification de l’éternité en tant que phénomène qui ne dure qu’un jour (éphéméride) et tout aussi peu ce qu’elle sera plus tard !
14. A vrai dire, au moyen de ta force actuelle, laquelle est également une très petite part de l’Être divin, tu pourrais te séparer entièrement de Dieu tout comme moi et obtenir une existence éternelle, si tu savais t’y prendre ;
mais si tu le faisais, la puissance infinie de la Divinité te traiterait aussi affreusement mal qu’Elle le fait avec moi, et tu y gagnerais fort peu, vu qu’il est préférable de ne pas exister plutôt que d’être comme je suis !
15. Mais vu que j’en ai sérieusement assez de cette éternelle versatilité de la Divinité, j’ai envisagé deux possibilités : soit de destituer Dieu de Sa puissance et de me l’approprier,
afin de mettre au point un ordre d’existence véritablement éternel pour toutes les créatures ; ou alors, si je n’y réussissais pas, je veux me tuer moi-même pour l’éternité, en vue de mettre un terme définitif à l’existence de la Divinité même !
16. Combien de fois déjà n’ai-je pas prié la Divinité d’établir un ordre d’existence ferme et éternel dans la Création ; mais tous mes efforts restèrent absolument vains !
17. J’ai voulu régresser ma lumière ; mais la Divinité m’a rendu captif à travers d’autres êtres créés pour une vie éphémère.
Toutefois, puisqu’Elle ne réussit pas à me vaincre, Elle me laissa une existence misérable, vu que mon entité première, qui était illimitée, s’est rétrécie jusqu’à prendre cette forme.
18. Ce n’est que maintenant que la Divinité S’aperçoit à ma lumière que je Lui suis devenu bien plus dangereux que dans mon ancienne entité universelle ; c’est pourquoi Elle S’efforce de me capturer !
19. Mais vous pouvez être certains, toi et ton Dieu d’amour, qu’Elle n’y parviendra jamais ! Je préfère me tuer et tuer la Divinité plutôt que de me laisser prendre et Lui permettre d’obtenir un espace encore plus vaste pour Ses créations qu’Elle détruira ensuite tout selon son humeur !
20. Mais cette fois-ci, je suis fermement décidé à Lui jouer un tour qui mettra un terme définitif à Ses inconstances ! En vérité, maintenant, je vais montrer à Dieu ma puissance et Le châtier comme un vieux criminel ! – Toi, Hénoc, comprends ces paroles ! Amen.”
21. Ici, le Dragon disparut subitement. MD2 CH274 MD2.pdf (retour-du-christ.fr)

