Jean s’inquiète de la sagacité d’Hiram

1. Tandis que les deux pêcheurs préparaient notre repas du soir avec leurs femmes et leurs enfants, Judas l’Iscariote, qui était devenu fort timide, se décida à demander qui ramènerait le bateau au vieux Marc, si nous n’en avions plus besoin.

2. Je dis : « II y a mieux à faire que de te soucier de ces vétilles terrestres ; Celui qui a miraculeusement construit ce bateau pour Marc saura bien aussi le lui renvoyer ! Mais tu ne peux t’inquiéter que des choses de ce monde, et jamais de celles de l’esprit !

Que te donne donc le monde, et qu’aurais-tu de plus si tu gagnais le monde, mais que ton âme en souffrît les plus grands dommages ? Que pourras-tu donner alors pour racheter ton âme corrompue ?!

3. Regarde ces pauvres pêcheurs : ce sont les hommes les plus frugaux, et pourtant les plus aimables qui soient !

Ils n’attendent aucune récompense pour leur vie après la mort de leurs corps, et pourtant, ils ont en horreur le monde avec ses trésors éphémères, et c’est pourquoi ils se sont retirés, loin de tout, dans ce coin parmi les plus désolés et les plus arides de la terre.

C’est la première fois qu’on leur parle de choses hautement spirituelles, et ils sont déjà pleins de contentement — eux qui sont pourtant à demi païens ; et toi qui es un vrai Juif et qui appartiens comme Moi au tronc de Juda, les choses spirituelles te font si peu d’effet, souvent même aucun ! Dis-Moi donc très franchement pour quelle raison, en vérité, tu Me suis de lieu en lieu ! »

4. Judas répond avec quelque embarras : « Eh bien quoi, voici déjà que rien ne va plus, parce que j’ai demandé ce qu’il adviendrait du bateau ? Je n’avais pourtant aucune intention malhonnête ! Mais si c’était une faute, pardonne-la-moi ! »

5. Je dis : « Oui, oui, il faudra encore beaucoup te pardonner ! Prends garde que le monde ne finisse par devenir ton maître ! »

6. Là-dessus, Thomas voulut glisser lui aussi quelques mots à l’oreille de l’Iscariote ; mais Je regardai Thomas, et il prit patience et se tut.

7. Alors, Jean, Mon bien-aimé, s’avança vers Moi et Me dit : « Seigneur, en avons-nous à peu près terminé avec ces gens ?

Car s’ils devaient nous attaquer encore plus durement, je préférerais Te prier de bien vouloir leur tenir tête Toi-même ; car j’éprouve trop d’angoisse à l’idée que mon cœur puisse ne pas saisir correctement et assez rapidement ce qui viendrait de Toi, et si je disais alors à la place quelque chose de mon cru, ces esprits subtils auraient tôt fait de me retourner sur le feu ! Car ils sont aussi attentifs à chaque parole et à chaque expression du visage qu’un renard guettant sa proie ! Une seule parole de travers, et il n’y aurait plus rien à faire avec eux !

8. Philopold, de Cana près de Kis, était un peu du même genre ; mais avec lui, on pouvait tout de même parler. Avec ceux-ci, c’est bien plus difficile, parce qu’ils ont vraiment une très grande expérience, et avec cela une sagacité comme je n’en ai encore jamais rencontré !

Mathaël aussi était d’une intelligence peu commune ; mais il aurait eu fort à faire avec cet Hiram ! C’est pourquoi, ô Seigneur, je Te demande encore une fois de bien vouloir l’affronter Toi-même, si un nouvel assaut plus dur encore devait se produire. »

9. Je dis : « Ce ne sera plus guère utile à présent, Mon cher Jean !

Hiram avancera encore à propos du Messie des arguments qui t’embarrasseront quelque peu ; mais, à nous deux, nous le remettrons vite sur le droit chemin.

À présent, va dans la hutte et fais-leur du feu ; car, depuis qu’ils nous ont quittés, ils s’efforcent en vain d’allumer leur feu en frottant un bâton sur une pierre. »

10. Jean entra aussitôt dans la hutte et dit : « Chers amis, il me semble que vous éprouvez quelque difficulté avec votre feu aujourd’hui ; car il y a déjà un moment que j’observe la hutte sans apercevoir aucune fumée, aussi mon ami m’a-t-il dit : “Va faire du feu pour ces bonnes gens qui ont bien du souci !” Me voici donc prêt à vous aider. »

11. Hiram et Aziona dirent : « Tu seras donc fort bienvenu ! Car nos meilleures pierres à feu ne donnent rien, et le bois à frotter a pris l’humidité dans la hutte, aussi avons-nous bien du mal à allumer le feu. Et nos voisins n’y parviennent pas mieux ! »

12. Jean dit : « Disposez le bois sur le foyer, et vous aurez bientôt du feu ! »

13. Ils disposèrent le bois sur le foyer, et Aziona dit : « Eh bien, cher ami, voilà qui est fait ! En vérité, je suis curieux de voir de quelle nouvelle manière tu t’y prendras pour allumer ce feu ! »  GEJ5 CH190  untitled (retour-du-christ.fr)

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