1. Voilà un coup monté par ces Juifs généralement stupides, – dirent les Grecs surpris -. Ils ont fait venir ce miraculeux Jésus pour nous intimider ! Mais nous sommes sur un terrain solide !
2. Je fus Moi-même indigné de la dureté de ces Grecs et Je dis à cet interlocuteur inflexible qui cherchait à détourner les Grecs de la bonne intention qu’ils avaient à prendre :
« Écoute, homme au cœur endurci, veille à ce que le sol ne vacille pas sous tes pieds, toi qui crois te tenir debout !
Que de gens ont crié d’une voix héroïque : – Que la terre s’écroule, ses débris nous emporteront dans l’espace sans nous épouvanter !
Mais dès que la terre tremble imperceptiblement, ces grands fanfarons sont les premiers à courir à toutes jambes dans tous les sens, moins par crainte d’être ensevelis sous les décombres que par peur d’être envoyés sur une motte de terre en une cavalcade infinie à travers l’espace !
3. Je te le dis, espèce de grand fanfaron de Grec, toi qui te nommes Philopold, la mouche qui se permet l’impertinence de s’affairer sur ton nez y est plus en sûreté que tu ne l’es sur cette terre, car si ton nez fait naufrage, la mouche a l’air comme autre base pour se poser ! Mais où est ton autre base si le sol chancelle sous tes pieds ? »
4. Au ton ironique de Mes paroles piquantes, le Grec Philipold qui aimait plaisanter comme tous ceux de sa famille, s’emporta en disant : « Que c’est étrange, voilà un Juif farceur ! Certes le premier, mais sans doute le dernier dans tout Israël !
Ami, quand un Grec parle de courage, il sait ce qu’il dit. Un Grec sait fuir la vie et chercher la mort. L’histoire ne parle que de courage grec et n’ignore pas l’inconcevable pusillanimité des Juifs !
Que la terre tremble et que tous ses dragons se déchaînent et tu verras si Philopold change de mine ! »
5. Je dis : « Cesse tes fanfaronnades et fais ce que Je vous ai ordonné si tu ne veux pas Me forcer à mettre ton courage durement à l’épreuve !
Le Dieu des Juifs ne permet pas de se moquer de choses aussi sérieuses. La grande patience de Dieu a parfois, elle aussi, ses limites !
6. Mais si tu insistes avec tes partisans, il faudra que tu te persuades qu’un Dieu en colère ne Se laisse pas facilement adoucir et ne remet pas au lendemain la punition d’un vulgaire pécheur ! »
7. Philopold dit : « Voilà bien qui est Juif ! Les Juifs ont eu des prophètes qui n’ont ouvert la bouche que pour proférer des menaces généralement prononcées en l’air, car la nature de la terre a toujours été plus solide que la bouche d’un prophète juif !
Les Grecs sont stoïques en général, et un véritable stoïcien ne craint rien ! Et quant à moi, je suis un stoïcien fermement convaincu ! »
8. Le jeune Matthieu, l’apôtre, ancien péager de Sibarah, Me dit alors à voix basse : « Seigneur, je le connais bien, c’est un homme entêté et colérique.
A mon poste de péage, il soulevait toujours des difficultés incroyables chaque fois qu’il passait avec ses marchandises. Je lui garde encore rancune et j’aurais bien envie de le mettre à l’épreuve ! »
9. Je dis : « Laisse donc cela ! J’ai déjà en vue une petite épreuve qui ne va pas manquer de lui arriver ! »
10. Matthieu se retire aussitôt, mais Philopold reconnaît son douanier de Sibarah et lui dit : « Hum, hum, gardien de péage avare et draconien ! Comment se fait-il que tu sois aussi ici ?
Que devient ton péage quant ton œil de lynx n’y est plus pour épier tout le monde ? Tu n’as pas besoin de monter contre moi ce sauveur miraculeux ; il sait bien Lui-même ce qu’il a à faire si je suis trop raide avec lui !
Mais vous aurez durement à faire avec moi, car un stoïcien n’est ni une corde, ni une ficelle à tordre à volonté !
11. Regardez, cette merveilleuse guérison des malades a quasiment abasourdi tous les habitants de Cana, sauf moi, parce que je suis un authentique stoïcien pour qui toute la Création ne vaut pas une chiquenaude et ma misérable vie encore moins.
De quoi voulez-vous donc me punir ? De mort ? Je vous le dis, que m’importe ! Je la souhaite autant que la destruction éternelle car, pour cette vie révoltante, je n’ai pas la moindre reconnaissance envers quelque dieu que ce soit !
Devrait-on remercier quelqu’un pour le plus odieux de tous les dons ? Je pense que, pour un Dieu Tout-Puissant, il n’est pas difficile de donner la vie à un être humain !
Qui pourrait en empêcher Dieu ? Avant d’être créé l’homme n’a pas à dire s’il veut vivre ou non, pas plus que la création d’un autre être ne le regarde !
Ce n’est rien pour un Dieu de créer, alors que c’est quelque chose pour celui qui a été créé sans l’avoir jamais souhaité ! Y a-t-il rien de plus terrible que d’être né sans l’avoir jamais voulu ?
12. Donnez-moi à manger et à boire sans que je ne fasse rien et je serai satisfait de cette existence terrestre.
Mais devoir durement peiner pour conserver cette existence, devoir souffrir comme un loup pourchassé et devoir, par-dessus le marché, remercier un Dieu et obéir à des commandements qui ne satisfont que l’égoïsme divin, non merci à tous les dieux et demi-dieux, qu’ils soient Grecs ou Juifs ! »
13. Matthieu dit : « Il suffit de quelques hommes de ta sorte sur cette terre et Satan aura son école pour y prendre lui-même des leçons pendant un siècle !
Seigneur, que faut-il en faire ? S’il est réellement comme il le dit, tous les anges ne pourront avoir raison de lui ! » GEJ1 CH212 GEJ 1 (retour-du-christ.fr)
