L’âme du somnambule se purifie

1. Là-dessus, Zorel se met à gémir dans son sommeil, et certains croient qu’il se réveille. 2. Mais Je leur dis à tous : « Il n’en est rien ! Ce n’était là que la première étape de son sommeil ; il va encore dormir plus d’une heure et se mettra bientôt à parler dans un autre état plus élevé de sa conscience.

Dans ce premier état, l’âme se défaisait de toutes les passions de son corps et de ses sens terrestres, qu’elle voyait comme de véritables maladies sur sa forme corporelle d’âme et contre lesquelles elle devait être prise du plus profond dégoût.

Mais contre ces maux de l’âme, le seul remède est d’abord de les reconnaître, puis de les prendre profondément en horreur, enfin d’avoir la ferme volonté de s’en débarrasser entièrement au plus tôt. Une fois que la volonté est là, la guérison progresse sans peine.

3. Mais soyez attentifs, il va bientôt se remettre à parler ! S’il te pose une nouvelle question, ami Zinka, réponds-lui, mais seulement en pensée, et il t’entendra et te comprendra fort bien ! »

4. À peine avais-Je donné cette consigne à Zinka que Zorel se remit à parler, disant : « Tiens ! Je pleurais sur ma grande misère, et de mes larmes est né un étang semblable à la fontaine de Siloé à Jérusalem !

Et je me baigne à présent dans cet étang, et voici que l’eau de cet étang guérit les multiples blessures, ulcères et bubons du corps de mon âme !

Ah, ah, c’est un vrai bain de santé ! Je vois bien encore les cicatrices, mais les blessures, les bubons et les ulcères ont disparu du corps de mon âme pourtant si malade.

Mais comment est-il possible qu’un étang entier soit né apparemment de mes larmes ?

5. L’étang est environné d’un paysage vraiment magnifique ; c’est le pays de la consolation et du doux espoir. Il me vient même le sentiment que je pourrais espérer une complète guérison. —

Ah, ce pays est si plaisant que je voudrais y rester toujours ! L’eau de mon étang est très claire à présent, mais tout à l’heure, elle était trouble ; et plus elle devient claire, plus son effet sur moi est bienfaisant !

6. Ah, maintenant je sens aussi que quelque chose commence à remuer en moi, comme une forte volonté, et derrière cette forte volonté, je perçois comme l’impulsion d’une parole,

et cela dit nettement : Je veux, je dois — je dois, parce que je veux ! Qui peut empêcher en moi ce que je veux ? Je suis libre dans ma volonté ; j’ai le droit de ne pas vouloir ce que je dois, mais ce que je veux, je le veux par moi-même ! Ce qui est vrai et bon, je le veux parce que je veux le vouloir moi-même, et nul ne peut m’y contraindre !

7. Je connais maintenant la vérité ; c’est une lumière divine qui vient du ciel ! Tous nos dieux ne sont que des ombres ; ils ne sont rien, ils n’existent pas.

Celui qui y croit est pire qu’un vrai fou ; car aucun vrai fou ne croit à des dieux aussi vains. Je ne vois les dieux nulle part, mais je vois bien la lumière divine et entends bien la parole divine. Cependant, je ne peux voir Dieu Lui-même, car Il est trop saint pour moi.

8. Mais l’étang est devenu aussi grand qu’un lac autour de moi ! Ce lac n’est pas trop profond ; l’eau me vient à peine à la taille. Et elle est limpide, incroyablement limpide ; mais il n’y a pas de poissons dedans !

Oui, mais les petits poissons n’y viendront jamais ; car ils naissent du souffle de Dieu, qui est un souffle véritablement tout-puissant, alors que je ne suis qu’une âme humaine très faible, dont le souffle ne peut engendrer les petits poissons de Dieu.

9. Oh, pour cela, il en faut bien plus, il faut être vraiment tout-puissant si l’on veut créer par son souffle des petits poissons ! Un homme n’y parviendra jamais, car l’être humain est bien trop faible pour cela !

Non que cela lui soit absolument impossible, mais il faudrait alors qu’il soit empli de la volonté divine et de l’esprit divin.

Pour l’homme juste, cela n’a rien d’impossible ; mais comme je ne suis pas un homme juste, cela m’est malgré tout parfaitement impossible !

10. Mais l’eau est maintenant très pure, et le fond lui-même n’est qu’herbe verte très belle ; oui, c’est vraiment merveille que de voir sous l’eau une herbe si belle et si abondante !

Et voici que l’herbe pousse à vue d’œil et commence à prendre la place de l’eau ! Oui, oui, l’espérance devient plus forte que la connaissance et la crainte qui l’accompagne !

11. Ah, ah, à présent je vois un homme sur la rive, qui est assez éloignée, et il me fait signe ! J’aimerais aller vers lui, mais je ne connais pas la profondeur du lac en tous ses points ! S’il se trouvait en chemin des endroits très profonds, je pourrais être englouti et c’en serait fait de moi !

12. Mais une voix retentit, sortant de l’eau : “Je suis de la même profondeur d’un bout à l’autre. Tu peux me traverser sans crainte ; va vers celui qui t’appelle, il te conduira et te guidera !” C’est vraiment étrange : ici, même l’eau et l’herbe parlent ! Non, cela ne s’est jamais vu !

13. Je me dirige à présent vers l’ami sur la rive. Il faut bien que ce soit un ami, sans quoi il ne m’aurait pas fait signe ! Ce n’est pas toi, Zinka, mais un autre ! Je te vois d’ailleurs à présent derrière lui, mais ta bienveillance est bien loin d’égaler la sienne !

Qui cela peut-il donc être? Mais j’ai grand-honte devant lui, car je suis tout nu. Il est vrai que mon corps a désormais fort bonne mine ; je n’y découvre presque plus aucune trace de maladie. Oh, si j’avais seulement une chemise !

 Mais je suis aussi nu qu’au bain. Pourtant, il faut que j’y aille ; je suis puissamment attiré par ses signes ! J’y vais à présent — et voici que j’avance sans aucune peine ! »

GEJ4 CH49 GEJ4.pdf (retour-du-christ.fr)

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