Le Seigneur arrive avec Ses disciples dans le village de pêcheurs près de Césarée

1. La grande baie, que les pêcheurs appelaient aussi “Lac blanc”, était à plus de deux lieues en aval de ce qui était désormais les thermes de Marc ; nous entrâmes dans cette baie, qui était la partie la moins profonde du lac,

raison pour laquelle les grands vaisseaux n’y allaient guère, car il fallait bien connaître les routes d’eau profonde pour ne pas rester en panne sur quelque banc de sable.

Pourtant, notre bateau avança dans la baie sans s’échouer nulle part, ce dont les douze apôtres eux-mêmes s’étonnèrent fort, car personne ne ramait ni ne gouvernait.

Le vaisseau était donc conduit par une force invisible, et, de l’aveu de tous les apôtres, qui s’y connaissaient, fort bien mené.

2. Aussi n’était-il pas encore midi quand nous arrivâmes au lieu de notre nouvelle destination ; là, nous nous adressâmes à un pauvre pêcheur qui nous reçut cordialement.

Le village n’avait pas de nom propre, on l’appelait simplement “le village de pêcheurs près de Césarée”. De nombreux pêcheurs et leurs femmes ne tardèrent pas à s’approcher de nous, et ils nous demandèrent ce qui nous amenait ici et ce que nous pensions faire dans ce village si pauvre.

3. Mais Je les apaisai en disant : « Vous le saurez bientôt ! Mais auparavant, ditesMoi si, tous les treize, nous pouvons demeurer quelques jours ici en toute tranquillité. »

4. Notre hôte répondit : « Pour moi, je n’y vois aucun inconvénient ! Mais je dois d’abord vous faire observer, chers amis, qu’en dépit de ma bonne volonté, je n’ai pas de quoi vous nourrir ne fût-ce que sommairement ; car ma situation est bien misérable, surtout depuis l’incendie de Césarée !

Nous avons cessé de vendre le peu de poissons que nous y vendions chaque jour, et il n’y a rien à gagner chez nous, pauvres habitants de ce petit village.

Aussi sommes-nous réduits à la mendicité, tous autant que nous sommes, et n’avons-nous rien d’autre à manger que nos poissons. Nous ne pouvons donc vous offrir que des poissons tels que nous les préparons et les mangeons nous-mêmes. Et nous les mangeons fort simplement : bouillis, sans pain ni sel ni aucune autre épice.

Car, à vrai dire, l’incendie de Césarée a fait de nous des mendiants plus encore que les Césaréens eux-mêmes, et nous n’avons pas même assez d’argent pour acheter du sel !

Ah, notre situation est vraiment des plus pitoyables ; mais si vous voulez crier famine pendant quelques jours avec moi et les miens, soyez les bienvenus !

5. Mais ayez tout de même la bonté de me dire ce qui vous amène dans cette baie où les étrangers ne viennent pour ainsi dire jamais, et où les grands bateaux naviguent difficilement.

Sûrement pas une tempête, car elles non plus n’entrent pas dans ce coin entouré de hautes montagnes. Seriez-vous par hasard des fugitifs cherchant asile en ce lieu jusqu’à ce que quelque danger soit passé ?

Mais tout cela m’est bien égal, et si je peux vous rendre service, ce sera avec la plus grande joie ! Mes questions sont sans doute un peu audacieuses, mais il faut me les pardonner, chers amis !

Je suis curieux de nature et aime bien savoir qui sont ceux que j’héberge. Vous n’êtes pas pauvres, comme en témoigne à l’évidence ce gros bateau presque neuf, qui a bien dû coûter près de cent deniers d’argent.

C’est assurément pour nous une chose fort rare et surprenante que des étrangers se fourvoient jusqu’ici ; et chaque fois qu’un tel bonheur nous est échu, nous avons toujours eu quelque ennui avec les visiteurs de cette pauvre contrée reculée.

Aussi, puisque aussi bien je suis le chef de ce village de mendiants, veuillez me dire sans tarder, mais surtout sans mentir, ce que je désire savoir de vous avant toute chose ! »

6. Je dis : « Eh bien, si la curiosité te dévore à ce point, sache d’abord que nous sommes Galiléens comme toi, et aussi que personne ne nous a poursuivis jusqu’ici, mais que nous y sommes venus de notre propre volonté,

afin, premièrement, de visiter cette contrée remarquable et de faire l’ascension de l’une de ses hautes montagnes, ensuite, si possible, de vous secourir dans votre grande misère, que Je connais fort bien ! — Es-tu satisfait à présent ? »

7. Le chef dit : « Parfaitement, car, puisqu’il est clair que vous êtes des Galiléens, ce que nul ne voudra contester, on peut se fier pleinement à vos dires, ce qui n’est bien sûr pas le cas avec les Grecs et les Romains, qui parlent presque toujours autrement qu’ils ne pensent — chez nous, cela s’appelle “mentir”.

Reposez-vous à l’ombre de mon unique arbre, et, pendant ce temps, j’irai voir dans ma hutte si je trouve moyen de préparer un déjeuner si considérable ! » GEJ5 CH172  untitled (retour-du-christ.fr)

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