Le Seigneur quitte l’auberge

1. Ensuite de quoi nous regagnâmes notre salle, et Mucius Me rendit grâce une fois de plus de tous les bienfaits qu’ils avaient reçus, lui et tout le village.

2. Je lui répondis : « Mon cher Mucius, Je te disais hier que tu étais ladre et peu aimable envers les Juifs, et que, s’il n’avait pas été si tard, Je Me serais bien passé d’entrer chez toi. A présent, Je vais encore te donner une explication qui sera pour toi à l’avenir une bonne ligne de conduite.

3. Voici : tu es né Grec, il est vrai, mais tu es Romain de cœur, aussi, efforce-toi dorénavant de ne suivre en esprit que Ma doctrine.

Car il n’y a pour Moi ni Romains, ni Grecs, ni Juifs, ni Perses, ni aucun autre peuple. Il n’y a que des hommes, et tous doivent avoir part au royaume de Dieu dans leurs cœurs, même sur cette terre.

Cependant, il fallait qu’un peuple soit élu pour que le salut vienne de lui, et cela ne pouvait être que le peuple juif, parce que ce n’est qu’ici que Moïse et les prophètes avaient préparé le bon sol. Mais cela ne lui donne aucun avantage sur les autres peuples, oh, que non !

S’il avait embrassé Ma doctrine et reconnu le vrai Messie que Je suis à jamais, alors, il aurait pu devenir le peuple le plus puissant et le plus noble de tous : car les conditions préalables existaient en lui grâce à ce sol cultivé au long des siècles. Mais puisque cela n’arrivera pas, qu’il soit dit là encore : “Les premiers seront les derniers.”

4. Mais, sachant cela, tu ne devras pas pour autant mépriser ce peuple, ou même le haïr, quand, bientôt, tu apprendras ce qu’ils M’auront fait. Considère-les comme des égarés qui ne savent pas ce qu’ils font, et, chaque fois que tu le pourras, efforce-toi de tout ton cœur de les ramener sur le bon chemin.

Aussi, ne favorise pas ceux de ton pays, mais sois juste envers tous, afin de ne pas avoir la réputation d’un homme rude. Peu accueillant et cupide !

5. Efforce-toi de M’imiter en tout, et cultive avant tout la patience. Car vois-tu, malgré les innombrables occasions où vous auriez vous-mêmes perdu patience depuis longtemps, Je reste patient. J’écoute paisiblement toutes les sottises des hommes.

Je cherche à les instruire d’une manière qui ne les repousse pas, et Je leur fais autant de bien que possible. Ainsi devez-vous tous agir, Mon cher Mucius, si vous voulez véritablement être Mes disciples !

6. Mais il était grand temps pour toi de rentrer en toi-même et de reconnaître la Vérité. Car tu avais été exhorté bien quelquefois à ouvrir ton cœur pour laisser entrer en toi l’esprit d’amour, de patience et de vérité, et il était déjà bien tard, sans quoi, comme Je te le disais hier, Je ne serais pas entré chez toi – et ce n’est qu’à présent que tu dois comprendre le Vrai sens de ces paroles.

7. Suis donc désormais Ma parole, et sois assuré que Ma bénédiction t’accompagnera toujours, toi et ta maison, sur le chemin de la vie, en sorte que tu deviennes un ferme soutien de Mon royaume ! »

8. Mucius fut si touché de ce discours qu’il ne pouvait plus prononcer un seul mot. Il voulut tomber à Mes pieds. Mais Je le relevai avec amour, lui donnai l’accolade et le bénis.

Alors, tout réconforté et profondément ému, il alla trouver Mes disciples, et chacun lui pressa la main avec beaucoup d’amitié, sans qu’une parole fût échangée : car, lorsque l’esprit est à l’œuvre au plus profond du cœur, la bouche n’est plus capable d’exprimer en mots ce que l’âme éprouve.

9. Alors, Venant à Moi, le marchand Phoikas Me dit : « Seigneur et Maître, consentirais-Tu à me donner un bon conseil sur ce que je dois faire ?

Je sais à présent non seulement qu’on peut trouver la vie auprès de Toi, mais que Tu es la vie même. Bien que je n’aie guère exprimé en paroles tout ce qui s’est passé en moi dans le peu de temps que j’ai passé ici, je sais que rien ne Te demeure caché, ô Seigneur, et que Tu as depuis longtemps lu dans mon cœur ce qu’il en était.

A présent, je suis fermement décidé à ne plus laisser s’enfuir le salut que j’ai trouvé, et à ne vivre désormais que selon ce qui est juste à Tes yeux. Pendant les instants où j’ai été transporté loin de la Terre, j’ai pu apercevoir clairement qui Tu es en Vérité.

Et l’ange qui m’a emporté vers son monde solaire m’a montré avec la plus grande clarté où il fallait chercher Dieu, et que la divinité résidait en Toi tout entière.

Lorsqu’on est ainsi tout pénétré de la vérité, n’est-il pas naturel que l’on n’ait d’autre désir que d’accomplir Ta volonté, ô Père éternel, et de régler sa vie autant que possible sur Ton bon plaisir ? »

10. Je dis à Phoikas : « Ces sentiments Me réjouissent d’autant plus que, jusqu’ici, tous tes efforts ne tendaient qu’à amasser des richesses terrestres – et tu n’en manques pas aujourd’hui.

Mais puisque ton ancienne activité, à présent que l’esprit s’est éveillé en toi, te paraît vaine et rebutante – et il ne saurait en être autrement, puisqu’elle provient entièrement de la matière – rien ne t’empêche d’y renoncer tout à fait.

11. Je crois donc que tu pourrais trouver ici, chez Mucius, une maison accueillante, d’autant que, n’ayant ni enfants, ni famille, nul ne t’empêche de vivre à ta guise, et, avec les nombreux étrangers qui passent par ce village, vous pourriez faire tous deux beaucoup de bien.

Car les richesses que tu as amassées, même par un travail honnête, ne te feront vraiment du bien que lorsque tu les emploieras à secourir les pauvres et les nécessiteux, et tu en auras bien assez d’occasions ici.

Ces derniers temps, tu as souvent éprouvé le désir de te retirer, mais tu redoutais l’oisiveté et l’ennui qui s’ensuit. Mais il y a pour toi ici matière à une activité ou ni le travail, ni Ma bénédiction ne te feront défaut. – Que penses-tu donc de Ma proposition ?

12. Phoikas : « O Seigneur, elle répond très exactement aux pensées que j’avais déjà, sans oser les formuler, parce que je ne savais pas si elles plairaient à Mucius.

Mais à présent que Tu le dis Toi-même, je sais que cela lui conviendra aussi, puisque c’est donc Ta volonté que nous travaillions ensemble, et je suis assuré de trouver en lui un bon ami. »

13. Mucius s’empressa de confirmer cela, et ses yeux brillaient de la joie de pouvoir faire quelque chose qui répondit à Mes vœux.

Tous deux furent donc aussitôt d’accord, et le marchand, M’ayant entendu dire que Je repartirais le jour même, Me demanda si Je voulais faire usage de ses bêtes de somme, car il n’était pas pressé d’expédier ses marchandises, et elles pouvaient tout aussi bien rester là.

Cependant. Je lui répondis que Je ne prendrais pas la grand-route qui va à Jérusalem par Jéricho.

Mais que Je remonterais, plus au nord, la vallée du Jourdain, où ses bêtes ne pourraient nous suivre. Il pouvait donc partir sans plus tarder pour Jérusalem afin de mettre ses affaires en ordre, et faire ensuite le nécessaire pour son nouvel établissement.

14. Il Me demanda encore ce qu’il devait dire à ses compagnons lorsqu’ils rentreraient de Pétra, ce qui ne tarderait guère. Je lui dis de ne pas s’en soucier, car ils n’étaient certes pas malhonnêtes, mais leurs pensées étaient encore bien trop tournées vers le profit matériel pour qu’ils fussent déjà prêts à recevoir Mon esprit et Ma doctrine.

Ils le considéreraient comme un original, mais il s’en accommoderait sans peine, car cela ne lui porterait pas préjudice ; par la suite, lorsqu’ils voyageraient au loin, ils lui rendraient souvent visite, et un jour viendrait où il pourrait les instruire.

15. Satisfait de cette réponse, Phoikas donna aussitôt à ses gens les ordres nécessaires pour le départ. Car il ne voulait plus perdre un instant pour accomplir Ma volonté.

16. Tout étant ainsi arrangé, l’heure était venue de prendre congé. Quand Je les eus tous bénis une dernière fois, l’aubergiste, les siens, les voisins et Phoikas nous firent leurs adieux au milieu des actions de grâce, et nous partîmes sur la grand-route jusqu’au gué du Jourdain.  GEJ11 CH14  GEJ11 (retour-du-christ.fr)

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