1. (Le Seigneur 🙂 « Nous nous remîmes donc à manger et à boire, en respectant bien sûr la bonne mesure. Cyrénius s’entretint avec nous de toutes sortes de questions domestiques et architecturales, et les autres convives nous écoutaient, approuvant Joseph et Moi-même en toute chose.
2. Finalement, un général qui n’avait encore rien dit déclara : “Pour ce qui est de la construction, on devrait bien se soucier de savoir s’il ne serait pas possible de donner aux bateaux une disposition qui leur permît de mieux résister, en mer, aux assauts des tempêtes.
Ensuite, il faudrait que l’on puisse se passer du banc de nage sur les plus gros vaisseaux ; car si les rames sont placées trop haut sur le bord, il leur faut de plus grandes perches.
Elles sont donc difficiles à manier, nécessitent un grand nombre de rameurs vigoureux tout en n’exerçant qu’une faible poussée sur l’eau, et elles se brisent facilement lors des tempêtes.
Et quand les rames sont placées plus bas, comme sur les vaisseaux plus petits qui longent les rivages, l’eau entre par les ouvertures des rames dès que la houle forcit un peu, et il ne reste plus qu’à écoper constamment si l’on ne veut pas sombrer.
Troisièmement, enfin, nos grands vaisseaux ont le défaut, à cause des nombreux rameurs, d’offrir trop peu de place pour recevoir un nombre suffisant d’autres passagers, et pourtant, avec tous ces rameurs, on cesse d’avancer dès que le vent est tant soit peu contraire.
3. Cher et très sage jeune homme à la puissance merveilleuse, tu dois bien pouvoir nous donner là aussi un bon conseil ?
On dit que les anciens Phéniciens avaient des vaisseaux capables de naviguer rapidement et sûrement jusque très loin sur le grand Océan.
Et nous, Romains, nous devons nous contenter de suivre les rivages, n’osant nous aventurer en haute mer que par les jours de calme. Qu’en penses-tu ?”
4. Je dis : “Ah, ami, il sera bien difficile de te donner à ce sujet un vrai bon conseil ! Car à quoi te servira-t-il, si tu ne peux le mettre en pratique ?
5. Pour naviguer sûrement en mer, il faut avant tout une connaissance précise du ciel étoilé, ensuite la connaissance de la Terre et surtout de la conformation de la mer, avec sa taille et sa profondeur.
Or, vous êtes bien loin de posséder cette connaissance et ne pouvez la posséder, parce que vos prêtres ignorants s’y opposeraient de toutes leurs forces ; ainsi, des vaisseaux mieux conçus ne vous serviraient à rien, puisque vous ne pourriez pas en faire usage.
6. Les Phéniciens avaient certes des navires un peu plus maniables, mais la différence n’était pas si grande. Et, s’ils savaient mieux se servir des voiles par les vents favorables, ils évitaient eux aussi la haute mer et longeaient les rivages.
7. Si vous voulez améliorer votre navigation, apprenez plutôt des Indiens qui vivent sur les côtes : car ceux-là s’y entendent à naviguer à la voile, même s’ils sont encore loin de la perfection.
8. Mais si vous vous souciez seulement d’amener très vite votre âme à s’unir pleinement à l’esprit divin, l’esprit vous montrera encore bien mieux comment améliorer grandement votre navigation !
9. Au reste, vos navires sont tout à fait bons et maniables pour notre temps. Nos lointains descendants sauront construire avec un art merveilleux des navires qui les emmèneront sur toutes les mers à la vitesse des oiseaux ;
mais, loin de contribuer au bonheur matériel et surtout moral des hommes, cela l’amoindrira considérablement.
Aussi, tenez-vous à ce que vous avez ; car un trop grand progrès dans les choses terrestres constitue toujours une aggravation réelle et durable pour l’esprit, qui est la seule chose que les hommes devraient cultiver de toutes leurs forces vitales.
10. À quoi servirait-il à l’homme de pouvoir conquérir tous les trésors du monde, si son âme devait en souffrir grandement ?! Ne savez-vous donc pas encore combien est brève la vie de toute chair sur cette terre, et quel est son sort final ?
Peu importe dans l’au-delà que tu sois mort roi ou mendiant ! Celui qui avait beaucoup ici-bas devra se passer d’autant dans l’au-delà,
tandis que celui qui n’avait pas grand-chose, ou même rien, n’aura à se passer de rien ou de peu de chose, et il accédera d’autant plus facilement aux richesses intérieures vivantes de l’esprit, les seules véritables.
11. Les premiers pères de cette terre étaient des hommes fort heureux, parce qu’ils satisfaisaient à leurs besoins terrestres essentiels aussi simplement que possible.
Mais quand, par la suite, les hommes, surtout ceux qui vivaient dans les basses vallées, se sont mis à bâtir des villes, l’orgueil est entré en eux. Ils se sont amollis, sont devenus paresseux et sont bientôt tombés dans toutes sortes de vices, et par là dans toutes sortes de maux.
Quel bien cela leur a-t-il fait ? Ils ont cessé de voir Dieu en eux-mêmes et ont perdu toute force spirituelle de vie, si bien que beaucoup ont cessé de croire en une vie après la mort physique.
12. N’est-ce pas un échange terrible que de perdre pour ainsi dire toute vie spirituelle pour gagner un plus grand agrément de la vie matérielle ?
13. S’il y a un sage parmi vous, qu’il s’attache de nouveau à échanger une vie matérielle inutilement bonne et confortable contre la vraie vie spirituelle,
et ce sera infiniment mieux pour lui que les plus grandes inventions pour naviguer très sûrement et avec une grande rapidité sur toutes les mers. Ne lui faudra-t-il pas mourir un jour ? Que feront alors pour son âme toutes ses grandes découvertes ?!
14. Aussi, contentez-vous de ce que vous avez et n’y attachez aucune importance, mais cherchez avant tout comment suivre toujours plus les voies de l’esprit, et vous aurez fait là la plus grande découverte et la plus utile pour la grande traversée de ce monde terrestre vers l’autre, celui de l’esprit.
15. Consacrez toutes vos forces et tous vos moyens à atteindre ce qui dure à coup sûr éternellement : mais ne vous souciez des choses terrestres que dans la mesure où cela est raisonnablement nécessaire.
Il est tout naturel qu’un homme soit obligé de manger, de boire et de protéger son corps du froid ou d’une trop grande chaleur ;
mais celui qui fait davantage pour son corps que pour son âme et qui finit même par ne plus se soucier que de son corps sans rien faire pour le salut de son âme, pourtant destinée à vivre éternellement, celui-là est un fou aveugle et un parfait ignorant.
16. Si un homme pouvait, contre la volonté de Dieu, donner à son corps une vie éternelle – ce qui est impossible -, il pourrait ne se soucier que du bien de son corps ; mais puisqu’il n’en est pas ainsi, qu’il se soucie de ce qui peut et doit durer éternellement, parce que Dieu en a décidé ainsi !
17. Si vous avez bien compris cela, ne Me demandez plus comment améliorer considérablement vos vains objets terrestres ; car Je ne suis venu en ce monde qu’afin de vous montrer et de préparer pour vous les voies de la vie éternelle, afin que vous les suiviez plus sûrement et plus facilement !” » GEJ7 CH222 untitled (retour-du-christ.fr)
