1. Là-dessus, Hélène se réveilla de son doux et bienheureux sommeil d’amour et ne fut pas peu effrayée lorsqu’elle remarqua la grande agitation qui régnait sur la montagne ainsi que les flammes qui ravageaient la ville.
Mais Jarah lui prit aussitôt la main et lui expliqua en détail ce qu’il en était, sur quoi Hélène, bientôt tranquillisée, dit : « Il y a une bonne heure déjà, j’ai eu le sentiment qu’il était presque inévitable que cette ville connût un tel sort après la disparition subite du faux soleil ; et voici que mon vague pressentiment se réalise sous nos yeux !
Ô Seigneur, Tu avais assurément prévu cela aussi avec le faux soleil, et c’est maintenant seulement que se révèle la véritable raison pour laquelle Tu l’as fait briller ! »
2. Je dis : « Oui, oui, Ma chère petite enfant, il se pourrait bien qu’il en soit ainsi ! Lorsque J’allume une lumière au firmament, il y a toujours à cela une foule de bonnes raisons, et il ne s’agit pas seulement d’éclairer, ce qui, en vérité, n’est qu’un objectif secondaire et tout à fait subalterne.
3. Regarde la lumière du soleil : s’il ne faisait qu’éclairer, il est certain que ce ne serait là qu’une fonction subalterne : mais observe la nature extérieure de toutes les créatures libres et captives de la terre, et tu y découvriras des effets de la lumière et de la chaleur du soleil dont les naturalistes de cette terre n’ont encore jamais eu la moindre idée !
Et tout cela par la vertu de la lumière solaire !
4. À elle seule, celte terre pourrait te montrer tant de merveilles diverses résultant de la lumière solaire que des milliers d’années ne te suffiraient pas pour les parcourir des yeux, encore moins pour les dénombrer !
5. Mais autour de ce soleil, dont la lumière suscite déjà sur cette terre de si grandes merveilles, tournent bien d’autres terres encore plus grandes que celle-ci, et sur lesquelles la même lumière suscite de tout autres merveilles inconcevables sur cette terre, toutes différentes sur chacun des corps célestes éclairés par ce soleil et n’existant sur aucun autre !
Et tout cela, vois-tu, est l’effet d’une seule et même lumière !
6. Ainsi, tu peux bien admettre en toute certitude que ce n’est pas non plus à seule fin d’éclairer un peu plus longtemps que J’ai fait briller ce faux soleil ! — Que penses-tu de cela, Ma très aimable fille ? »
7. Hélène dit : « Ô Seigneur, Toi le seul grand, Toi l’unique très saint, c’est bien là que cesse définitivement toute pensée humaine ! Car Tu es trop infiniment grand et sage pour que quiconque puisse sonder le profond mystère de Ta toutepuissance ! 8. Il est déjà infiniment grand que je puisse T’aimer par-dessus tout et être bienheureuse dans un tel amour, dont mon cœur ne sera certes jamais pleinement digne !
Mais vouloir sonder davantage Ton être divin et sacré serait à mon sens la plus grande folie pour un cœur humain ! Voilà, Seigneur, quelle est ma pensée !
9. Il faut certes T’aimer par-dessus tout, et je tiens déjà cela pour la plus grande félicité possible ; mais nul esprit ne pourra jamais Te sonder ! »
10. Sur ces paroles de la belle Hélène, encore tout imprégnées de son grand amour pour Moi, le vieux Marc arrive et dit : « Seigneur, avec ce feu, les nombreux beaux poissons que j’ai dû remettre comme dîme aux prêtres juifs seront sans doute eux aussi proprement cuits et grillés !? Tu sais bien, ô Seigneur, que je suis de tout mon cœur aussi hospitalier envers chacun que mes forces me le permettent.
En vérité, chaque fois que j’ai pu donner quelque chose à quelqu’un, je crois que j’ai éprouvé une plus grande joie en tant que donateur que celui à qui je donnais ; mais de payer cette dîme aux Pharisiens, j’enrageais au plus profond de l’âme ! Et il me semble à présent que la plupart des demeures des prêtres juifs sont la proie des plus belles flammes !
C’est un bon jour de paie pour ces fainéants et ces imposteurs dépourvus de tout scrupule ! J’aime encore mieux cela que si l’on m’avait offert dix des plus belles maisons de la ville !
En vérité, je n’ai jamais été homme à me réjouir du malheur d’autrui ; mais cette fois — pardonnemoi, ô Seigneur —, je m’en réjouis pleinement !
11. Car donner à qui est dans le besoin est une grande joie pour un cœur humain bon, et c’est un devoir humain sacré que de donner à un travailleur le salaire qu’il a mérité, et au-delà. C’est aussi une obligation sacrée de tout citoyen honnête que de payer au souverain du pays l’impôt justement mesuré ;
car au souverain reviennent des soucis et des dépenses considérables pour garantir l’ordre et la sécurité dans son pays, et l’amour du prochain doit obliger ses sujets à faire de bon gré tout ce que le prince exige de ses sujets, l’ayant reconnu comme salutaire pour l’État tout entier.
12. Il peut certes exister aussi parmi les souverains des tyrans égoïstes qui saignent à blanc le peuple ; mais au tyran succède ordinairement un bon prince, et le peuple se rétablit bientôt.
13. Mais la prêtrise, elle, est toujours pareille à elle-même ; tel un vampire, elle tyrannise le peuple pendant un millénaire, l’impose souvent d’une manière incroyablement outrageuse et ne lui donne en échange rien d’autre que la pire duplicité, cela de toutes les manières possibles et imaginables !
Oui, en ce cas, il faut bien qu’un homme d’honneur loue et glorifie le Seigneur le jour où Il fait subir Son jugement à ces septuples ennemis et abuseurs de l’humanité !
Aussi est-ce un véritable baume à mon cœur lorsque je vois les belles demeures et les synagogues, surtout celles des Pharisiens juifs, disparaître sous les plus belles flammes, et cela juste à la veille du sabbat !
Car demain est un jour de sabbat, et ces gaillards n’auront le droit ni de quêter, ni de faire quoi que ce soit d’autre ; oh, ces brigands insatiables méritaient depuis longtemps une telle leçon ! »
14. Je dis : « Mais comment sais-tu donc que cet embrasement de la ville est précisément dirigé contre les Pharisiens, ainsi que les prêtres païens ? »
15. « Oh, dit Marc, j’étais il y a un instant dans la maison, où je faisais des préparatifs pour les pauvres dont j’aurai sans doute la visite demain, et c’est alors que sont arrivés trois jeunes Grecs, à qui j’ai fait donner du pain et du vin, et qui m’ont conté brièvement ce qui se passait en ville ;
et j’aurais voulu pouvoir payer d’une grosse perle chacune de leurs paroles, tant j’en avais de joie ! C’est le faux soleil qui a produit ce bel effet ! »
16. Je dis : « Demain, tu devras pourtant payer cette joie ; car bon nombre de Pharisiens viendront manger à ta table.»
17. Marc dit : « Pour cette joie, je régalerai bien volontiers ces gaillards huit jours durant, et peut-être, par la même occasion, l’un ou l’autre deviendra-t-il un être humain — car à Toi, ô Seigneur, toutes choses sont possibles ! »
GEJ3 CH116 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)