Règles de conduite pour les gens mariés et les juges

1. Cyrénius dit : « Oui, Seigneur et Maître venu d’en haut ! Il y aurait bien encore quelque chose pourtant, et si Tu peux ajouter un petit mot là-dessus, nous aurons épuisé tout ce qui concerne la question du mariage.

2. Voici : supposons qu’un homme dont la vie est par ailleurs à tous égards bien réglée ait une femme d’une nature très charnelle et sensuelle — et, dans la réalité, il n’existe que trop de ces femmes insatiables.

Cette femme luxurieuse demande à son mari de satisfaire et d’apaiser sa chair jusqu’à plusieurs fois par jour.

Certes, l’homme dit à sa femme : “Tu as conçu, et tu as besoin désormais de tranquillité pour le temps fixé par Dieu, afin de ne pas nuire à ton état béni et de ne pas t’attirer de souffrances inutiles par la satisfaction infructueuse de ta chair.”

3. Mais la femme sensuelle ne veut rien savoir de cette sage leçon et exige avec véhémence de l’homme qu’il accède à son désir.

Si l’homme accomplît la volonté de sa femme, il est évident qu’il se livre avec elle à la débauche et qu’il commet ainsi, selon Ta parole, un péché contre l’ordre divin ;

mais s’il lui résiste, il pèche contre la volonté de sa femme et la contraint à toutes sortes de satisfactions contre-nature ou à l’adultère et à la fornication avec d’autres hommes.

4. De même, il y a aussi des hommes qui sont comme des boucs en rut et qui ne laissent aucune paix à leur pauvre épouse vertueuse, souvent même à quelques heures de sa délivrance.

Cela donne souvent lieu à des plaintes publiques ; quelle sentence un juge avisé doit-il alors prononcer qui ait force de loi et qui soit valable devant Dieu et devant tous les gens de bien ?

5. Si l’homme rangé ou la femme vertueuse demandent la séparation pour l’amour de l’ordonnance et du royaume de Dieu, celle-ci doit-elle ou non leur être accordée ? »

6. Je dis : « Oui, en ce cas, une séparation peut être accordée à la demande de l’une ou de l’autre partie, mais une séparation qui, sans être totale, doit toutefois être plus que la simple séparation de corps et de biens et inclure la cessation de l’obligation mutuelle d’assistance et du droit d’héritage,

deux choses qui, pour un motif de séparation moindre, ne cessent que lorsque l’une des parties s’est, sans motif valable, complètement éloignée pendant plus de trois ans de l’autre dont elle n’était séparée que de corps et de biens et ne s’est plus souciée de la partie délaissée, ne suivant que son bon plaisir.

7. Mais la séparation qui, dans le cas que tu as exposé, résulterait de la demande de la bonne partie ( la partie vertueuse ) , éteint du même coup tout recours ultérieur en justice, de quelque nature qu’il soit.

8. Cependant, il faut prendre grand soin de n’accorder la séparation que si elle a été demandée par la bonne partie et que la mauvaise y consente ; car si celle-ci n’y consent pas et qu’elle promet en retour de s’amender, on ne doit pas alors accorder la séparation à la bonne partie, mais seulement prendre note de sa demande et l’exhorter à la patience.

9. Mais si des époux séparés dans un tel cas veulent se réunir d’un commun accord, ils n’ont pas à contracter de nouveaux liens,

mais, selon la volonté des deux parties, l’ancien lien reprend pleinement effet, et un divorce qui serait alors demandé pour la seconde fois ne pourrait plus les séparer, si ce n’est au besoin de corps et de biens.

10. Et si un homme, ayant une épouse très concupiscente, accède au désir de sa femme, si sa force le lui permet, avec la tempérance au cœur, il ne commet pas en cela un très grand péché contre l’ordonnance divine ; car la nature d’une telle femme est semblable à un sol desséché que le jardinier doit souvent arroser au plus fort de l’été s’il veut conserver ses plantes.

Mais quand viendra l’automne humide, chaque sol aura l’humidité qu’il lui faut.

En ce cas, cependant, l’homme tempérant doit aussi façonner et former avec zèle l’esprit de son épouse, et cela portera ses fruits.

11. Car la patience vaut toujours mieux que la meilleure des justices.

12. Cependant, une femme vertueuse est plus en droit de souhaiter une séparation à cause de la trop grande lubricité de son mari qu’un mari à cause de la lubricité de sa femme ;

car lorsque la femme a conçu, elle a besoin d’être laissée en paix pendant le temps ordonné par Dieu pour la nature de la femme.

Mais il n’a pas été ordonné de temps pour l’homme, et il a moins besoin de laisser en repos sa nature que la femme enceinte ; c’est pourquoi, dans un tribunal, il faut entendre la femme enceinte avant l’homme tempérant.

13. Chez un homme, il faut encore bien considérer quelle vie il a menée avant le mariage, et si ce n’est pas par hasard une jeunesse déréglée qui l’a rendu froid et incapable par ses nombreux péchés.

Mais chez une femme très lascive, la question tombe presque d’elle-même. Car si, jeune fille, elle s’est livrée pour l’amour du gain à une vie de débauche, sa nature en a déjà été fort émoussée,

et si elle devient par la suite l’épouse régulière d’un homme, elle se montrera très froide dans ses désirs ; mais si une femme au sang chaud a été maintenue dans la chasteté lorsqu’elle était vierge,

la faute n’est assurément pas à chercher dans son état de célibataire, mais seulement dans la nature de la femme, et dans ce cas, le tribunal n’a pas grand-chose à dire.

14. Contre la force de la nature, toute sentence judiciaire, si sage soit-elle, n’est qu’une noix creuse, aussi, dans le cas d’une femme au sang chaud,

faut-il avoir recours à des moyens appropriés du domaine de la nature et en même temps instruire l’âme de cette femme d’une manière appropriée, et elle pourra alors s’améliorer. —

Voici donc comment il faut se comporter en ce cas. Mais si tu as encore quelque doute, formule-le ! » GEJ3 CH71 Chapitre premier (retour-du-christ.fr)

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